Bandé à la cuisse, Djokovic impose sa science du combat à Alcaraz et file en demi-finale

Novak Djokovic a éliminé Carlos Alcaraz en quart de finale de l’Open d’Australie, en affichant une maîtrise exceptionnelle tandis qu’il s’est fait bander la cuisse en fin de premier set (4-6, 6-4, 6-3, 6-4)

Novak Djokovic, Open d'Australie 2025 Novak Djokovic, Open d’Australie 2025 | © Julien Nouet / Tennis Majors
Australian Open •Quarts de finale • completed
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Novak Djokovic a retrouvé son niveau, sa motivation et même son physique. Celui qui, même abîmé, lui permet de se sortir de toutes les situations sur la Rod Laver Arena, là où il a gagné dix fois les Internationaux d’Australie entre 2008 et 2023.

La tête de série n°7 de 37 ans a écarté Carlos Alcaraz, son cadet de seize ans, l’homme qui l’a privé de deux Wimbledon, au terme d’un quart de finale de l’Open d’Australie mémorable de 3h37 (4-6, 6-4, 6-3, 6-4). Mémorable par le niveau de jeu exceptionnel atteint au quatrième set. Et par un scénario une nouvelle fois invraisemblable car le Serbe s’est fait bander la cuisse gauche à 5-4 au premier set.

« J’aurais bien aimé que ce soit une finale, franchement » a dit Djokovic au micro de Jim Courier. « C’est un des matches les plus épiques que j’ai joués, sur ce court ou sur n’importe lequel, merci d’être resté jusqu’à 1 heure du matin ». Alexander Zverev sera l’adversaire du Serbe en demi-finale, vendredi, si celui-ci est en situation de jouer. « Récupérer est la seule chose à laquelle je peux penser maintenant. »

Djokovic a failli abandonner

« Je ne sais pas si j’aurais continué à jouer si j’avais perdu le deuxième set », a ajouté Djokovic pour confirmer une impression visuelle qui était très forte à ce moment. « Mais je me suis senti de mieux en mieux car les médicaments ont fait de l’effet. Je ne sais pas ce que la réalité va me révéler demain matin, mais à ce stade je suis content d’avoir gagné et je savoure. »

Ce résultat est un échec objectif pour Carlos Alcaraz. Non seulement l’Open d’Australie est le seul majeur qu’il n’a jamais remporté, mais c’est aussi celui dont il n’a jamais atteint le dernier carré. Il n’a par ailleurs toujours pas battu Djokovic sur dur, un an et demi après leur finale de Cincinnati.

Alcaraz, malgré un début timide, avait les cartes en main pour remporter cette partie. A 5-4 en sa faveur au premier, sur un jeu qui l’a vu breaker Djokovic avant de conclure le set sur un jeu blanc, le Serbe a grimacé suite à une extension et s’est éclipsé dans les couloirs pour se faire poser un bandage.

Saisi à vif, Alcaraz n’a trouvé aucune approche tactique capable de lui faire prendre l’ascendant, malgré quelques jolis amortis. Mené 3-0 d’entrée, il a recollé à 3-3 mais s’est montré trop frileux ou trop maladroit pour s’envoler alors que Djokovic semblait à deux doigts de l’abandon. Mieux, le Serbe cueillait blanc le service d’Alcaraz à 5-4 en sa faveur pour égaliser à un set partout à un moment où il était probablement le seul à y croire.

S’est alors engagé un bras de fer où refus mutuel de la défaite, longueur de balle stratosphérique, prise de balle très tôt ont fait planer la perspective d’un interminable marathon de cinq sets entre deux hommes taillés pour gagner ces matches – ou pour les perdre le plus tard possible, comme à Wimbledon 2023 ou à Cincinnati cette même année. Alors que plus aucun jeu de service n’était gagné facilement, Alcaraz restait pourtant le plus vulnérable des deux au moins sur deux aspects.

Le premier : il n’a jamais semblé capable d’opposer son meilleur tennis à Djokovic autrement que dos au mur, placé face à l’imminence de la défaite. Le deuxième : la deuxième balle de service. La sienne, trop vulnérable contre un relanceur comme Djokovic (33% de points gagnés sur sa seconde). Celle de Djokovic, sur laquelle il a offert beaucoup de trop de points-clefs (58% de points gagnés par Djokovic). C’est assurément un détail sur lequel Juan Carlos Ferrero va devoir le reprendre, tant il est incompatible avec le niveau d’ambition de l’Espagnol.

Djokovic fut d’abord le plus fort en fin de troisième manche, tandis qu’Alcaraz poussait pour refaire son break de retard. La balle de set a enflammé les réseaux sociaux, même si elle porte en elle l’empreinte des doutes d’Alcaraz, qui ne s’est pas saisi d’une occasion de smash qui lui tendait les bras.

Agacé – il semble même avoir « imité » le pas claudiquant de Djokovic au changement de côté comme pour moquer sa blessure présumée – Alcaraz a perdu son service d’entrée de quatrième set. Ce serait la seule manche où il se montrerait incapable de prendre le service du Serbe, malgré deux balles de debreak à 4-3.

Djokovic a remporté la partie à sa première balle de match, comme il avait remporté les deux sets précédents à sa première balle de set. Un an après sa déroute en demi-finale contre Jannik Sinner, six mois après la finale des Jeux Olympiques où il avait déjà battu l’Espagnol sans être le favori sur le papier, il éloigne une nouvelle fois le spectre du vieillissement fatal face à la jeune garde.

Son état physique sera évidemment une clef de sa demi-finale contre Zverev. « J’ai un deal avec lui : aussi longtemps que je jouerai, il me laissera gagner des Grands Chelems », a osé Djokovic au micro de Jim Courier. Comme conscient que ce match contre un cadet se jouerait autant avec la tête qu’avec la raquette. Et à ce jeu là, Djokovic est toujours sans égal.

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