Nadal décroche un 21e Grand Chelem après une remontée monumentale contre Medvedev à l’Open d’Australie !
Mené 6-2, 7-6, 3-2, 0-40, sans solution face à un Daniil Medvedev impressionnant, Rafael Nadal a opéré une spectaculaire remontée pour s’imposer en cinq sets (2-6, 7-6, 6-4, 6-4, 7-5 en 5h24) au terme d’une finale légendaire, ce dimanche à Melbourne. Il devient le premier joueur à décrocher ce mythique vingt-et-unième titre du Grand Chelem, devant Roger Federer et Novak Djokovic.
Open d’Australie 2022 | Tableau | Programme | Medvedev-Nadal (finale)
Pour rentrer définitivement dans la légende, il fallait une finale légendaire. Elle l’a été, à peu près à tous les sens du terme. Et après 5h24 d’un combat titanesque, renversant, parfois dingue, Rafael Nadal, pourtant au bord du gouffre dans le troisième set, a mis tout son cœur sur le court pour renverser la situation et faire plier physiquement Daniil Medvedev 2-6, 6-7, 6-4, 6-4, 7-5 ce dimanche à Melbourne. L’Espagnol remporte ainsi son vingt-unième titre du Grand Chelem après lequel courent encore ses rivaux du Big Three, Novak Djokovic et Roger Federer.
Il s’en est fallu de peu, pourtant, que Medvedev prive l’Espagnol de ce record comme il en avait privé Novak Djokovic en finale du dernier US Open. Mais le Russe, impérial et impressionnant pendant deux sets et demi jusqu’à mener 6-2, 7-6, 3-2, 0-40 sur le service adverse, n’a pas réussi à asséner le coup de grâce à un adversaire qui a su maintenir la tête hors de l’eau en puisant dans ses extraordinaires qualités de combattant, doublées d’une extrême ingéniosité tactique.
Nadal a tenu, tenu et à force de tenir, il a fini par renverser le cours de l’histoire et faire plier son adversaire qui, de manière surprenante, a semblé le moins frais des deux physiquement à partir du quatrième set, mais qui a pourtant admirablement combattu jusqu’au bout, débreakant sur le fil alors que l’Espagnol servait une première fois pour le match à 5-4 au cinquième set. Bel effort. Mais vain…
A 35 ans et 241 jours, Rafael Nadal devient en outre le troisième vainqueur le plus âgé de l’histoire du tournoi, après Ken Rosewall (37 ans et 62 jours en 1972) et Roger Federer (36 ans et 173 jours en 2018). Et le deuxième joueur de l’ère Open, après Novak Djokovic, à compter au moins deux fois tous les titres du Grand Chelem à son palmarès, un exploit réalisé par ailleurs par Rod Laver et Roy Emerson.
Comment l’a-t-il gagnée, Rafael Nadal, cette finale ? Un fascinant exploit de plus à accrocher à sa légende. Pour tout dire, il l’avait quasiment perdue lorsque Medvedev, impressionnant de justesse et de solidité, s’était détaché deux sets rien, 3-2 et 0-40 au troisième set. A ce stade, l’Espagnol semblait avoir tout donné, tout essayé pour percer la muraille russe.
Se croyant peut-être – à tort – moins fort physiquement sur la durée et dans la filière des rallyes du fond de court, il avait déployé des trésors d’ingéniosité et de créativité sur le court. Jamais peut-être, d’ailleurs, on ne l’avait vu autant varier le jeu, multipliant les amorties, les montées à contre-temps et les petits “chip’” casse-pattes.
Avec tous ces petits trucs et astuces, il avait réussi à mener 4-1 dans le deuxième avant d’obtenir une balle de set à 5-3 sur son service, dans un jeu marathon perturbé par l’intrusion sur le court d’un militant pour la cause des réfugiés en Australie. Mais Medvedev n’avait pas cillé, revenant au score avant d’enfoncer le clou au tie break en assénant, à 5-5, deux fantastiques passings de revers pour se détacher deux sets à rien. C’était plié, pensait-on. A tort.
Dans le troisième set, Medvedev paraissait avoir pris le dessus, physiquement et mentalement. Mais à 3-2, 0-40, donc, il “omit” d’asséner le coup de grâce, peut-être un peu par négligence, beaucoup aussi à cause de la résilience adverse. Quoi qu’il en soit, il allait s’en mordre les doigts.
Medvedev battu tactiquement… ou physiquement ?
Car à partir de là, la dynamique du match changea, pratiquement d’un coup. Nadal tint son service et breaka à 4-4 d’un joli passing de revers, avant de sceller le troisième set sur son service. Ensuite, Medvedev, que l’on vit se faire masser la cuisse à différents changements de côté, accusa le coup physiquement, en même temps qu’il s’était peut-être un peu laissé prendre par la toile adverse.
Au lieu de se réfugier derrière un plan de jeu simple, le Russe s’emberlificota dans des schémas de jeu un peu compliqués. On le vit par moments se tromper dans ses choix – chose rare chez lui. Ses coups en douce se firent moins subtils, ses accélérations moins précises. Et surtout, chose que peu de monde avait anticipé : au fil du match, il semblait moins fort physiquement que son “vieil adversaire”.
Il combattit pourtant superbement, jusqu’au bout. Effaça un break de retard au quatrième set. Puis un autre, surtout, à la fin du cinquième set, alors que Nadal servait pour le match à 5-4 et menait 30-0 dans ce jeu. Mais en vain. Il craqua de nouveau à 5-5 sur un coup droit trop long. Et derrière, servant avec des balles neuves, Nadal conclut d’un jeu blanc.
Comme il l’a fait si souvent dans sa carrière, l’Espagnol est allé chercher son Graal au filet, parachevant son œuvre d’une volée de revers gagnante. Le tout après 5h24 de match, soit la deuxième plus longue finale de Grand Chelem de l’histoire, après celle qu’il avait perdue sur ce même court face à Novak Djokovic, en 2012. Il y a dix ans, déjà.
Voilà donc pour la première fois de sa prodigieuse carrière Rafael Nadal en tête au palmarès du plus grand nombre de titres majeurs remportés dans l’histoire du tennis. Son 90e titre au total. Certainement l’un des plus beaux, dans un endroit où il a pourtant essuyé si souvent des déconvenues par le passé. Mais où s’arrêtera-t-il ?