A l’issue un match à rebondissements, Zverev s’offre Alcaraz et prive l’Open d’Australie d’un dernier carré magique
Face à un Carlos Alcaraz d’abord fantomatique puis ultra-résilient, Alexander Zverev a fini par s’imposer en quatre sets (6-1, 6-3, 6-7 [2], 6-4) ce mercredi pour rejoindre Daniil Medvedev en demi-finales de l’Open d’Australie. C’est son premier succès face à un top 5 en Grand Chelem.
On a cru que ses mauvais démons, son infortune chronique et une certaine fébrilité dans les plus grandes occasions allaient finir par le rattraper. Mais non, pas cette fois. Alexander Zverev, au moment où le match qu’il avait longtemps survolé risquait de lui échapper, a su se reprendre magistralement pour enfoncer le dernier clou sur le cercueil de Carlos Alcaraz, finalement battu 6-1, 6-3, 6-7(2), 6-4 en 3h05, ce mercredi à l’Open d’Australie.
L’Allemand, tête de série numéro 6, se qualifie ainsi pour sa deuxième demi-finale à Melbourne – il s’était incliné face à Dominic Thiem en 2020 – où il affrontera Daniil Medvedev pour un nouveau grand classique entre les deux hommes. Au passage, il prive ainsi le Grand Chelem australien d’un dernier carré magique avec la présence des quatre meilleurs joueurs du monde. Mais difficile de parler d’un intrus pour autant…
Alcaraz, le numéro 2 mondial, sera donc le grand absent de ces demi-finales et si Zverev mérite amplement sa victoire, il faut bien dire que l’Espagnol mérite tout autant sa défaite. Pendant quasiment trois sets, il a été fantomatique, et le mot ne semble pas trop fort.
Pris à la gorge d’entrée par un adversaire qu’il ne s’attendait peut-être pas à voir aussi agressif, “Carlitos” a très vite, trop vite cédé à la panique. Multipliant les mauvais choix et les erreurs grossières, il s’est retrouvé mené 6-1, 6-3, 5-2 sans avoir la moindre chance de salut, si ce n’est tout de même deux balles de 4-2 dans le deuxième set.
Un tie break magistral pour relancer le match
C’est finalement Zverev qui l’a aidé (un peu) à se relancer, en étant pris pour la première fois par la tension au moment de servir à 5-3 dans le troisième set. Quelques mauvais choix ont alors permis à son adversaire de réussir son premier (dé)break du match d’une volée amortie qui lui arrachait enfin un sourire. Ce fameux sourire indispensable, semble-t-il, à sa performance.
Un frémissement parcourut alors la Rod Laver Arena, qui se transforma en éruption quand Alcaraz revint finalement à deux sets à un au terme d’un tie break magistral lors duquel il aligna sept points consécutifs, dont trois passings de coup droit venus d’ailleurs. Le “Carlitos” version frisson était de retour. Et le match totalement relancé.
La dynamique de la partie semblait avoir changé. Bien que breaké d’entrée de quatrième set, Alcaraz paraissait désormais lancé d’autant qu’il recolla au score aussitôt et que Zverev, qui avait pris un temps mort médical à la fin du troisième pour soulager ses pieds gorgés de sang, commençait à souffrir physiquement. Et mentalement aussi, cela va de soi.
Beaucoup plus à l’aise en retour, beaucoup plus relâché dans ses frappes malgré une campagne d’amorties assez inefficace jusqu’au bout – mais où est passée l’arme maîtresse de ses débuts ? -, Alcaraz mettait une intensité maximale aux débats pour faire craquer son adversaire. Lequel pliait sans rompre, même s’il n’était pas loin de le faire à 4-3 contre lui.
Un scénario proche de Roland-Garros 2022
Finalement, c’est bien Zverev, qui trouva la force de donner un ultime coup de reins à 4-4 pour réussir le break fatal. Quelques secondes plus tard, il ne tremblait pas pour signer sa deuxième victoire en Grand Chelem face à Carlos Alcaraz, après Roland-Garros 2022. C’était déjà un quart de finale, déjà en quatre sets avec un scénario finalement assez ressemblant entre un Alcaraz passé à côté pendant deux sets, puis qui s’était rebellé dans le troisième avant de se faire mater au bout du quatrième set.
Soit dit d’ailleurs en passant, si son orgueil est beau à voir, Alcaraz devra se pencher sérieusement sur ces trous d’air qui commencent à lui coûter beaucoup en Grand Chelem, lui qui s’était aussi écroulé face à la pression l’an dernier lors des demi-finales de Roland-Garros (contre Novak Djokovic) et de l’US Open (contre Daniil Medvedev).
A seulement 20 ans et déjà deux titres majeurs à son actif, on ne peut pas réellement parler d’une faille sur le plan mental. Mais à tout le moins d’une micro-fissure, qui paraît d’autant plus béante quand on la compare à la force dont il est aussi capable de faire preuve dans les plus grandes occasions.
Les autres affiches des quarts de finale à l’Open d’Australie (Grand Chelem, Melbourne Park, dur, 58.910.000 USD, les résultats s’affichent du plus récent au plus ancien) :
- Daniil Medvedev – Hubert Hurkacz (N.9) : 7-6 [4], 2-6, 6-3, 5-7, 6-4
- Jannik Sinner (N.4) – Andrey Rublev (N.5) : 6-4, 7-6 [5], 6-3
- Novak Djokovic (N.1) – Taylor Fritz (N.12) : 7-6 [3], 4-6, 6-2, 6-3