A la veille de l’Open d’Australie, le tennis français n’est (finalement) pas si mal
Le tennis français, moribond il y a encore quelques mois, a retrouvé quelques belles couleurs à la veille d’attaquer à l’Open d’Australie le premier Grand Chelem de la saison 2023, où il sera conduit par une Caroline Garcia qui fait partie des prétendantes.
Comme toujours, il y aura les pinsons et les corbeaux. Les éternels optimistes qui piailleront un air de cocorico quelque peu surjoué, et les oiseaux de mauvais augure qui railleront une situation globale malgré tout loin d’être à la hauteur de ce qu’elle fut. Comme toujours, la vérité se situera un peu entre les deux. Non, il n’y a pas encore de quoi se faire les gorges chaudes de l’état général du tennis français. Mais oui, à la veille du premier Grand Chelem de la saison 2023, des motifs d’espoir et de satisfaction se sont signalés, dont certains de manière assez inattendue.
En tout cas, mettons-nous d’accord sur un point : la situation du tennis français est meilleure aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a quelques mois lorsqu’il paraissait au bord du naufrage, dans le sillage de celle qui est redevenue depuis sa figure de proue, Caroline Garcia.
Quelques mois (stratosphériques) plus tard ponctués notamment par sa première demi-finale en Grand Chelem à l’US Open et surtout par son titre au Masters, la Lyonnaise aborde cet Open d’Australie sinon parmi les principales favorites – on a un peu peur d’être chat noir avec ce mot -, du moins parmi les incontestables prétendantes. On le serait à moins avec un dossard de tête de série numéro 4 sur le dos, son meilleur rang sur la ligne de départ d’un tournoi majeur, et globalement le meilleur pour un(e) Français(e) depuis Amélie Mauremo à Wimbledon 2007.
Pour continuer le parallèle avec Mauresmo, comment ne pas se souvenir que c’est justement dans la foulée de son sacre au Masters, en 2005, que la désormais directrice de Roland-Garros, comme libérée d’un poids, avait conquis son premier titre du Grand Chelem à l’Open d’Australie 2006 ? Elle y avait d’ailleurs affronté une Française au 2è tour (Emilie Loit) exactement comme Caroline pourrait le faire (contre Alizé Cornet) si elle “fait le job” au premier tour face à la qualifiée canadienne Katherine Sebov.
On en est loin, d’autant qu’Alizé aura fort à faire de son côté avec une entrée en matière face à une autre Canadienne bien plus connue, Leylah Fernandez. Mais les premières sorties de Garcia en 2023 (deux victoires en United Cup puis un quart de finale à Adelaïde) laissent à penser qu’elle a bien digéré son retour fulgurant au plus haut niveau, et qu’elle est toujours dans les mêmes (bonnes) dispositions.
Du “vieux” Gasquet au jeune Fils
Evidemment, sauf surprise aussi sensationnelle et improbable (cela dit, on en a déjà vu des vertes et des pas mûres à Melbourne), Caroline est la seule du contingent tricolore à pouvoir prétendre se mêler au titre. Mais ce n’est pas pour autant qu’il faut négliger le reste des troupes, et encore moins la valeur des performances réalisées par d’autres en ce début de saison 2023.
On pense bien sûr à Richard Gasquet qui vient tout juste de redevenir numéro 1 français au bénéfice de son titre inattendu à Auckland, le 16e de sa carrière mais surtout le premier depuis quatre ans et demi. Ce qui fait de lui, à 36 ans, 6 mois et 27 jours, le joueur français le plus âgé de l’ère Open à décrocher un titre ATP. Et assure au passage une 25e saison consécutive marqué par (au moins) une victoire tricolore sur ce circuit principal, ce qui n’est quand même pas rien même si, d’accord, ce n’est pas non plus ce qui met du champagne dans les flûtes.
D’autres éclats bleus ont été signalés dans le ciel tennistique de ce début de saison. Âgé de dix ans tout juste de moins que Gasquet, Benjamin Bonzi vient de jouer la première finale de sa carrière à Pune, tandis que Constant Lestienne a atteint à Auckland une nouvelle demi-finale (malheureusement blessé justement au moment de jouer Gasquet), et que Quentin Halys a joué face à Novak Djokovic, qu’il a bien titillé à Adelaïde, “un match de top 10″, pour reprendre les mots du Serbe.
Mais c’est peut-être du circuit secondaire que sont nés les principaux motifs d’espérance, avec le coup double en Challenger, cette semaine, des deux Arthur : Fils (18 ans), titré au Portugal à Oeiras, et Cazaux (20 ans), titré en Thaïlande à Nonthaburi. L’avenir n’est quand même pas si morose quand on sait que Luca Van Assche est par ailleurs le numéro 1 mondial à l’ATP de la catégorie 18 ans et moins (142e).
Enfin, les qualifications de l’Open d’Australie ont également apporté leur lot de satisfaction puisque Selena Janicijevic (20 ans) et Clara Burel (21 ans) se sont extirpées de la jungle, tout comme Laurent Lokoli chez les garçons, tandis que Léolia Jeanjean a bénéficié d’un statut de lucky-loser qui lui permettra de tenter de poursuivre son épatante et tardive conquête des sommets.
Bien sûr, tout ceci ne présage pas forcément d’un Open d’Australie “cocoriquesque”. Mais cela peut aussi augurer d’une belle performance d’ensemble dans un tournoi du Grand Chelem qui est peut-être historiquement le plus favorable aux Bleus. Quoi qu’il en soit, par les temps qui courent, ça ne fait pas de mal de se réfugier derrière une touche d’optimisme.