5 décembre 1982 : le jour où Chris Evert a remporté l’Open d’Australie pour accomplir le Grand Chelem en carrière
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Aujourd’hui, nous retournons en 1982 pour voir comment Chris Evert, déjà douze fois titrée en Grand Chelem à l’époque, a battu sa grande rivale, Martina Navratilova, pour remporter le dernier titre majeur qui manquait à son palmarès.
Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Une grande première pour Evert
Ce jour-là, le 5 décembre 1982, Chris Evert remporte l’Open d’Australie pour la première fois, en battant la numéro un mondiale, Martina Navratilova, en finale (6-3, 2-6, 6-3). Evert, qui avait dominé le circuit entre 1974 et 1980, ne participait au tournoi que pour la troisième fois de sa carrière, après avoir perdu en finale en 1974 et 1981.
Les personnages : Chris Evert et Martina Navratilova
- Chris Evert, championne en léger recul
Chris Evert est née en 1954 en Floride. Entraînée par son père, elle développe un jeu basé sur la régularité, tenant ses adversaires à distance du filet grâce à sa longueur de balle, et les sanctionnant avec d’excellents passing shots si elles montent imprudemment. Elle obtient son premier résultat notable à l’âge de 16 ans, se hissant en demi-finales de l’US Open (éliminée par la n°1 mondiale, Billie Jean King, 6-3, 6-2). En 1973, à l’âge de 18 ans, elle termine finaliste à Roland-Garros et à Wimbledon, battue par les deux meilleures joueuses du monde, King et Margaret Court. En 1974, elle remporte finalement ses premier et deuxième titres du Grand Chelem, en s’imposant face à Olga Morozova en finale de Roland-Garros et de Wimbledon. Elle termine l’année à la 2e place mondiale, remportant pas moins de 16 tournois, et gagne en visibilité médiatique en entamant une romance avec Jimmy Connors. En 1975, elle poursuit sa série de victoires sur terre battue, en triomphant pour la deuxième fois à Roland-Garros, en battant en finale sa future plus grande rivale, Martina Navratilova (2-6, 6-2, 6-1), et elle remporte également l’US Open, qui se joue pour la première fois sur terre battue (en battant Evonne Goolagong en finale, 7-5, 4-6, 6-2). Elle devient la première n° 1 mondiale du nouveau classement WTA et conserve cette place sans interruption jusqu’en 1979. En 1981, bien que sa domination soit contestée par Navratilova et Tracy Austin, elle a accumulé 11 titres du Grand Chelem et atteint la finale de chaque tournoi majeur auquel elle a participé depuis sa défaite en demi-finale de Wimbledon, en 1975. Elle se montre presque imbattable sur terre battue, où elle a réalisé une série de 125 victoires consécutives, entre 1973 et 1979. Cependant, tout au long des années 1981 et 1982, elle voit Navratilova prendre peu à peu le contrôle du circuit et, bien qu’elle ajoute un 12e titre majeur à son palmarès lors de l’US Open 1982, Evert perd la place de numéro 1 mondial en juin.
- Martina Navratilova, numéro un mondiale
En 1982, Martina Navratilova, née en 1956, semble avoir pris le dessus sur sa plus grande rivale, Chris Evert. La Tchécoslovaque devient professionnelle en 1975, atteignant les finales de l’Open d’Australie (défaite par Evonne Goolagong, 6-3, 6-2) et de Roland-Garros (défaite contre Evert, 2-6, 6-2, 6-1). Les années suivantes, elle s’établit dans le top 4, remportant 22 tournois, mais ce n’est qu’en 1978 qu’elle remporte enfin son premier titre majeur à Wimbledon (en battant Evert en finale, 2-6, 6-4, 7-5). Peu après, elle devient n°1 mondiale pour la première fois, mais à l’US Open, elle est éliminée en demi-finale par Pam Shriver, âgée de 16 ans (7-6, 7-6). L’année suivante, elle défend son titre au All England Club (en battant Evert, 6-4, 6-4), mais à l’US Open, elle est à nouveau arrêtée en demi-finale par une jeune rivale, Tracy Austin (7-5, 7-5). En 1980, elle remporte 11 tournois sur le circuit, mais ses résultats en Grand Chelem sont décevants, et elle termine l’année au troisième rang mondial, derrière Evert et Austin. À l’époque, elle est en pleine procédure pour devenir citoyenne américaine, et elle est souvent critiquée pour sa forme physique insuffisante et son attrait pour les fast-foods. Au début de 1981, une défaite cruelle contre Evert (6-0, 6-0) est le signal d’alarme dont elle a besoin pour s’engager pleinement dans sa carrière. Elle remporte cinq des six rencontres suivantes avec sa rivale et décroche trois titres du Grand Chelem en moins de douze mois pour devenir la numéro un mondiale incontestée en juin 1982.
Le lieu : Melbourne
Contrairement aux autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie (d’abord appelé Championnat d’Australasie puis Championnat d’Australie) a changé plusieurs fois de lieu au fil des ans. L’épreuve changeait même de ville chaque année avant de s’installer à Melbourne en 1972, et pas moins de cinq villes australiennes l’ont accueillie à au moins trois reprises : Melbourne, Sydney, Adélaïde, Brisbane et Perth. Ses dates ont été assez mouvantes également, entre début décembre et fin janvier, faisant de l’Open d’Australie parfois le premier, parfois le dernier Grand Chelem de la saison. Jusqu’à 1982, la plupart des meilleurs joueurs font l’impasse sur l’épreuve en raison de son éloignement, des dates proches des fêtes de fin d’année et des prix insuffisants.
L’histoire : La piqûre de rappel de Chris Evert
En décembre 1982, bien que Chris Evert mène toujours 29-18 dans son face-à-face avec Martina Navratilova, elle est loin d’être la favorite lorsque les deux femmes s’affrontent à nouveau en finale de l’Open d’Australie.
Depuis qu’Evert a démoli Navratilova 6-0, 6-0 à Amelia Island, en avril 1981, sa rivale est devenue une tout autre joueuse. La gauchère douée, mais parfois hors de forme, a révolutionné sa condition physique, et depuis cette terrible bicyclette, Navratilova a remporté cinq de leurs six confrontations. De plus, Navratilova, qui occupe la tête du classement WTA depuis juin 1982, a battu Evert lors de deux finales de Grand Chelem sur gazon, à l’Open d’Australie en 1981 (6-7, 6-4, 7-5) et à Wimbledon en 1982 (6-1, 3-6, 6-2).
Ayant déjà rencontré sa rivale à 37 reprises, Evert sait que si elle veut avoir une chance de d’imposer sur gazon, elle doit jouer le plus long possible pour la tenir à distance et faire preuve d’une grande précision dans ses passings shots. Elle y parvient à merveille dans le premier set, qu’elle remporte 6-3, mais dans le deuxième set, Navratilova serre le jeu et surclasse Evert, 6-2. Cependant, dans le set décisif, “Chrissie” prend rapidement l’avantage, 5-1, et, malgré une petite frayeur lorsque son adversaire revient à 5-3, elle obtient sa première victoire à l’Open d’Australie, 6-3, 2-6, 6-3.
Pour Evert, ce 13e titre du Grand Chelem a une signification particulière. Tout d’abord, elle rejoint le petit groupe de joueuses à avoir remporté les quatre titres majeurs dans leur carrière, avec Maureen Connolly, Doris Hart, Shirley Fry, Margaret Court et Billie Jean King, qui avait été la dernière joueuse à réaliser cet exploit, en 1973. En outre, elle rappelle au monde du tennis que, malgré l’emprise de Navratilova sur le circuit ainsi que sur leur rivalité au cours des 18 derniers mois, elle est toujours une prétendante aux grands titres et à la place de numéro 1 mondiale.
La postérité du moment : Une domination jusqu’à la fin des années 80
En 1983, Evert remportera un troisième titre consécutif en Grand Chelem, en battant Mima Jausovec en finale de Roland-Garros (6-1, 6-2). Elle ne retrouvera la place de numéro 1 mondiale qu’en 1985, pour 20 semaines. À la fin de sa carrière, en 1989, elle détiendra 18 titres du Grand Chelem et aura passé 260 semaines au sommet du classement.
Navratilova dominera le tennis jusqu’à l’ascension de Steffi Graf, en 1987, établissant un record de 332 semaines en tant que numéro un mondiale (un record battu par Graf en 1996). Au total, Navratilova accumulera 18 couronnes du Grand Chelem en simple, mais aussi 31 en double et 10 en double mixte.
Les deux femmes s’affronteront pour la 80e et dernière fois en 1988, à Chicago, Navratilova menant finalement 43-37 dans leurs confrontations.