29 janvier 2012 : Le jour où Djokovic et Nadal ont joué 5h53 en finale de l’Open d’Australie
Le 29 janvier 2012, Novak Djokovic et Rafael disputent la plus belle finale de l’histoire de l’Open d’Australie. Au bout de 5h53, le match s’achève sur une victoire du Serbe face à l’Espagnol (5-7, 6-4, 6-2, 6-7, 7-5).
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : La plus longue finale de l’histoire en Grand Chelem
Le 29 janvier 2012, Novak Djokovic et Rafael Nadal disputent la plus belle finale de l’histoire de l’Open d’Australie. Après cinq heures et cinquante-trois minutes, ce qui en fait le match le plus long de l’histoire du tournoi et la finale de Grand Chelem la plus longue jamais chronométrée, le Serbe domine l’Espagnol (5-7, 6-4, 6-2, 6-7, 7-5). Remarquable de par sa durée, la finale est d’un niveau extrêmement élevé et son intensité constante laisse sans voix le monde du tennis.
Les acteurs : Novak Djokovic et Rafael Nadal
- Novak Djokovic, l’ancien numéro 3 devenu le patron
Novak Djokovic est né en 1987. Il entre dans le Top 100 en 2005, saison qu’il termine à la 83e place mondiale. En 2006, il fait parler de lui lorsque, classé 63e mondial, il atteint les quarts de finale de Roland-Garros après avoir éliminé le 9e mondial Fernando Gonzalez au deuxième tour. Sa carrière décolle en 2007 : il se hisse en demi-finales à Roland-Garros et à Wimbledon (arrêté à chaque fois par Rafael Nadal) avant de se tailler un chemin jusqu’en finale de l’US Open où il est vaincu par Roger Federer (7-6, 7-6, 6-4). Début 2008, il triomphe pour la première fois en Grand Chelem, à l’Open d’Australie, aux dépens de Jo-Wilfried Tsonga (4-6, 6-4, 6-3, 7-6). Djokovic reste alors trois années durant à la troisième place, atteignant régulièrement les derniers tours des épreuves majeures où il bute sans cesse sur Federer et Nadal qui l’empêchent d’ajouter de nouveaux grands titres à son palmarès.
Le vent tourne en 2011, lorsque Djokovic réalise une première moitié de saison presque parfaite. Après avoir triomphé à l’Open d’Australie au grand dam d’Andy Murray, il reste invaincu 42 matches durant, jusqu’à ce que Roger Federer le batte en demi-finale de Roland-Garros. Le Serbe s’impose ensuite néanmoins à Wimbledon et à l’US Open, à chaque fois aux dépens de Nadal. Ayant remporté dix tournois au cours de l’année, il réalise l’une des plus grandes saisons de l’histoire du tennis. Au début 2012, les observateurs se demandent s’il sera capable de maintenir ce niveau de jeu.
- Rafael Nadal, le roi de la terre battue devenu un as des surfaces rapides
En janvier 2012, Rafael Nadal n’a que 25 ans, mais ses exploits lui ont déjà garanti un chapitre dans les livres d’histoire du tennis. Ses statistiques sur terre battue sont incroyables. Presque invincible sur sa surface de prédilection, il a remporté Roland-Garros dès sa première participation (aux dépens de Mariano Puerta, 6-7, 6-3, 6-1, 7-5), et depuis, il a triomphé à cinq autres reprises à Paris, en 2006, 2007, 2008, 2010 et 2011, affichant 45 victoires pour seulement une défaite. En dehors de Robin Söderling, qui l’a éliminé en huitièmes de finale en 2009 (6-2, 6-7, 6-4, 7-6), personne n’a réussi à prendre plus d’un set à Nadal à Roland-Garros. Il détient également un record de 81 victoires consécutives sur terre, surface sur laquelle il a remporté un total de 32 tournois. Par ailleurs, suite à son deuxième succès en Grand Chelem, il a fait évoluer son jeu, le rendant plus agressif afin d’être plus à l’aise sur surfaces rapides.
Vaincu par Roger Federer en finale de Wimbledon en 2006 et en 2007, il s’impose finalement au All England Club en 2008, venant à bout de son rival suisse à l’issue de l’un des plus beaux matches de tous les temps (6-4, 6-4, 6-7, 6-7, 9-7). Il devient numéro 1 mondial pour la première fois, mettant fin au règne de Federer, long de 237 semaines. En 2009, il gagne un premier tournoi du Grand Chelem sur dur, à l’Open d’Australie, où il se sort d’une demi-finale de cinq heures contre Fernando Verdasco (6-7, 6-4, 7-6, 6-7, 6-4) avant de batailler pendant cinq sets pour battre Federer en finale (7-5, 3-6, 7-6, 3-6, 6-2).
Les blessures le minent pendant les douze mois suivants, mais il revient plus fort que jamais en 2010, prenant sa revanche sur Söderling en finale de Roland-Garros (6-4, 6-2, 6-4) avant de remporter Wimbledon pour la deuxième fois, écartant en finale Tomas Berdych (6-3, 7-5, 6-4). En septembre 2010, il réalise le Grand Chelem en carrière en battant Novak Djokovic en finale de l’US Open (6-4, 5-7, 6-4, 6-2), et à ce moment-là, il semble parti pour dominer le tennis. Mais en 2011, le Serbe augmente son niveau de jeu et devient le nouveau leader du circuit. Battu par Djokovic en finale à Indian Wells, Miami, Madrid, Rome, Wimbledon et l’US Open, l’Espagnol sauve sa saison en remportant un sixième titre à Roland-Garros, en battant une fois encore Federer en finale (7-5, 7-6, 5-7, 6-1).
Le lieu : La Rod Laver Arena
Contrairement aux autres tournois du Grand Chelem, l’Open d’Australie (d’abord appelé Championnat d’Australasie puis Championnat d’Australie) a changé plusieurs fois de lieu au fil des ans. L’épreuve changeait même de ville chaque année avant de s’installer à Melbourne en 1972, et pas moins de cinq villes australiennes l’ont accueillie à au moins trois reprises : Melbourne, Sydney, Adelaide, Brisbane et Perth. Ses dates ont été assez mouvantes également, entre début décembre et fin janvier, faisant de l’Open d’Australie parfois le premier, parfois le dernier Grand Chelem de la saison.
Jusqu’en 1982, la plupart des meilleurs joueurs font l’impasse sur l’épreuve en raison de son éloignement et des prix insuffisants. Mais à partir de la victoire de Mats Wilander, la dynamique change. Pour rendre le tournoi plus attractif, le comité du tournoi déploie d’énormes efforts qui mènent au déménagement de l’épreuve vers un nouveau site, Flinders Park (qui sera plus tard renommé Melbourne Park), à l’abandon du gazon pour des courts en dur, et à la construction du premier court central doté d’un toit rétractable. La dotation augmente également, et il ne faut alors que quelques années pour que l’Open d’Australie devienne le Grand Chelem préféré de nombreux joueurs.
L’histoire : Djokovic – Nadal, au bout de la nuit et de l’épuisement
À l’entame de l’Open d’Australie 2012, il n’y a qu’un seul favori : Novak Djokovic. Malgré la présence de Roger Federer et Rafael Nadal, le Serbe a connu tant de succès en 2011 qu’il semble difficile de choisir un autre favori. Il a réalisé le Petit Chelem, et a battu Nadal lors de six finales consécutives sur le circuit. De plus, le Suisse et l’Espagnol se trouvent dans la même partie du tableau, ce qui signifie que Djokovic n’aurait qu’à battre l’un des deux pour soulever la coupe.
Le N°1 mondial se balade jusqu’en demi-finale. Mais arrivé là, il frôle l’élimination face à Andy Murray, qu’il finit par dominer après quatre heures et cinquante minutes de lutte acharnée (6-3, 3-6, 6-7, 6-1, 7-5).
Nadal, N°2 mondial, arrive en finale sans trop de difficulté, abandonnant seulement un set contre Tomas Berdych en quart de finale (6-7, 7-6, 6-4, 6-3) et un autre en demi-finale face à Federer (6-7, 7-6, 6-2, 6-4).
Bien que Nadal ait été battu lors de ses six derniers affrontements avec Djokovic, c’est bien lui qui prend le meilleur départ et empoche la première manche, 7-5. Malheureusement pour lui, le Serbe serre alors le jeu pour remporter les deux sets suivants, 6-4, 6-2. C’est lors des deux dernières manches que l’intensité atteint des sommets. Malgré la durée du match, le niveau de jeu ne diminue jamais. Nadal ayant arraché le quatrième set à l’issue d’un tie-break fantastique, le public a droit un cinquième set qui deviendra légendaire. Les deux joueurs livrent une incroyable performance jusqu’au bout du suspense, et, après que Nadal a gâché une belle occasion de se détacher 5-2, c’est Djokovic qui prend le dessus, 7-5 au cinquième set.
Lors de la cérémonie de remise des trophées, les joueurs sont tellement épuisés qu’on leur fournit des chaises pour s’asseoir.
“Bonjour tout le monde”, plaisante Nadal, alors qu’il commence son discours de finaliste à 1h50 du matin.
Lorsqu’on lui donne le micro, Djokovic, qui vient de remporter sa troisième couronne à l’Open d’Australie, fait l’éloge de son adversaire.
“Rafa, tu es l’un des meilleurs joueurs de tous les temps, l’un des plus respectés du circuit. Nous sommes entrés dans l’histoire ce soir ; malheureusement, il ne pouvait pas y avoir deux vainqueurs. Je te souhaite le meilleur pour cette saison et j’espère que nous jouerons encore beaucoup d’autres finales comme celle-ci.”
Plus tard, le Serbe en dira un peu plus sur la portée de son exploit.
“Je pense que c’est particulier, parce que le simple fait que nous ayons joué presque six heures est incroyable. Je suis très fier de faire partie de cette histoire, de faire partie des joueurs d’élite qui ont remporté ce tournoi plusieurs fois. J’ai été très flatté de jouer devant Rod Laver, devant les plus grands de tous les temps, et devant 15 000 personnes qui sont restées jusqu’à 1h30 du matin”.
La postérité du moment : Une rivalité historique
Cette année-là, Nadal remportera une septième couronne à Roland-Garros. Djokovic ne remportera plus de Grand Chelem avant le prochain Open d’Australie, mais d’une manière générale, il restera le joueur dominant des années 2010, passant pas moins de 334 semaines en tant que numéro 1 mondial.
Dans les années suivantes, les deux joueurs s’affronteront tellement souvent (58 fois) que certains considéreront leur rivalité comme la plus grande de tous les temps, Djokovic menant 30-28 au tête-à-tête.