Novak Djokovic en 2020 : Numéro 1 incontesté, leader discuté
Novak Djokovic termine l’année 2020 avec un Grand Chelem de plus au compteur et une place de numéro un mondial. Le Serbe a vécu une année animée, pour le meilleur et pour le pire.
Malgré une saison où Novak Djokovic a remporté son 17e titre en Grand Chelem et a terminé l’année numéro un mondial pour la sixième fois, il y a comme un sentiment de déception. C’est la dure loi du Big 3, où les attentes dépassent largement celles du commun des mortels.
Djokovic a terminé la saison avec 41 victoires pour 5 défaites et 4 titres de plus à son palmarès, dont ses 35 et 36e Masters 1000. Mais les trois titres majeurs à remporter après la reprise post-confinement (US Open, Roland-Garros et le Masters) lui ont échappé.
- Son classement fin 2019 : 2
- Son classement fin 2020 : 1
- Ses victoires/défaites en 2020 : 41-5
Meilleure performance : Open d’Australie
Comme souvent, Djokovic a débuté l’année en boulet de canon à l’Open d’Australie, avec un 17e titre du Grand Chelem. Un huitième titre à Melbourne pour améliorer son propre record, après une finale d’anthologie en cinq sets contre Dominic Thiem. Sa domination en Australie est sans égale. Le Serbe a remporté ses 16 rencontres en demies et en finale, et s’est imposé à 15 reprises (pour 2 défaites) lors de ses matches face au Top 5.
Meilleur résultat en Grand Chelem : Open d’Australie
Djokovic, résilient avant et après la coupure de cinq mois à cause du coronavirus a joué un tennis merveilleux tout au long de la saison. Mais son meilleur niveau a été atteint à Melbourne. Mené deux sets à un face à Thiem, il a renversé la situation pour la première fois de sa carrière en finale d’un Grand Chelem. Il s’était incliné lors des sept précédentes finales où il avait été mené 2-1. Sur les 48 dernières finales où un joueur s’était retrouvé dans cette situation, seulement deux fois le match avait tourné en sa faveur. C’est dire l’exploit de Djokovic à Melbourne.
Titres : 4 – Open d’Australie, Dubaï, Cincinnati, Rome
Un début de saison canon avec un nouveau sacre à l’Open d’Australie puis à l’ATP 500 de Dubaï, et une bonne reprise avec les Masters 1000 de Cincinnati et Rome. Mais son US Open s’est arrêté prématurément sur disqualification et Roland-Garros s’est terminé sur une correction face à Nadal en finale. Un Grand Chelem et deux Masters 1000 de plus dans son armoire à trophées, Djokovic pourrait être satisfait. Mais il espérait sans doute plus, forcément. Le Serbe est désormais à trois longueurs des 20 trophées du Grand Chelem de Roger Federer et de Rafael Nadal, depuis sa 13e victoire à Roland-Garros.
Le grand moment de sa saison : L’ATP Cup avec la Serbie, numéro 1 pour la sixième fois
Les images rappellent la victoire de la Serbie lors de la Coupe Davis 2010. Djokovic tout sourire avec ses coéquipiers lors de la première ATP Cup, un tremplin parfait avant son sacre à l’Open d’Australie. Invaincu lors de la compétition, avec une victoire face à Nadal en finale, Djokovic a mené son équipe à la victoire sur le court et en dehors.
“Je me souviendrai de cette expérience pour le reste de ma vie comme un des meilleurs moments de ma carrière. J’ai été chanceux et béni d’avoir eu une carrière incroyable ces 15 dernières années, mais jouer pour l’équipe, pour mon pays avec certains de mes meilleurs amis depuis longtemps, vous ne pouvez pas égaler ça. C’est juste trop spécial.”
Un début mémorable pour Djokovic, et une conclusion du même acabit. Il n’aura certes pas remporté de titre au Rolex Paris Masters ou au Masters de Londres en fin de saison. Mais le Serbe s’est assuré la première place mondiale. Pour la 6e fois, il termine l’année au sommet et égale le record de Pete Sampras.
Le “pire” moment de sa saison : La catastrophe de l’US Open
La saison 2020 aurait-elle été chamboulée sans cet incident ? Le Serbe aurait-t-il 18 tournois du Grand Chelem ? Tout cela relève de la fiction. Djokovic a quitté l’US Open dès les 8e, disqualifié pour avoir heurté une juge de ligne avec une balle balancée après un point. Une fin cauchemardesque pour sa série de 26 victoires consécutives.
Et un nouveau coup dur médiatiquement pour Djokovic. Son image a été sérieusement écornée après le fiasco de l’Adria Tour. Le tournoi d’exhibition organisé par le Serbe en juin a été marqué par l’absence de règles sanitaires et, par conséquent, de nombreux cas de Covid-19. Djokovic espérait mettre cette mésaventure derrière lui avec un succès à l’US Open, c’est raté.
Sur les réseaux sociaux
Toujours très actif sur ses réseaux sociaux, le Serbe fait vivre à ses fans sa saison.
“Même si je suis seul sur le podium, ce trophée revient aussi à ma famille, la Team Djokovic et tous ceux qui ont toujours cru en moi et m’ont soutenu dans ce merveilleux voyage, a-t-il écrit. Je suis très content de célébrer cette nouvelle étape ici à Londres.”
Even though I’m standing by myself here, this trophy equally belongs to all of my family, #TeamDjokovic, #NoleFam, and people who always believed in me and tirelessly supported me on this wonderful journey. I am very happy to celebrate another big milestone here in London. pic.twitter.com/GtL4dPZft5
— Novak Djokovic (@DjokerNole) November 16, 2020
Hors du court : Le fiasco de l’Adria Tour et un conflit avec l’ATP
Les nombreuses festivités autour de l’Adria Tour ont attiré l’attention sur Djokovic, vivement critiqué pour son non-respect des consignes sanitaires.
Le Serbe s’est également illustré en étant le fer de lance de la PTPA, l’Association des joueurs de tennis professionnels. L’organisation, concurrent du Conseil des joueurs, veut être la voix des joueurs pour négocier avec l’ATP. Son succès est pour l’instant incertain, entre soutiens de certains et opposition d’autres.
La semaine dernière, Djokovic a tenté de faire son retour au Conseil des joueurs, mais il a été bloqué par l’ATP. Le conflit ne fait que débuter entre les deux entités.
Le “Djoker” s’est aussi fait remarquer lors de conversations en Live Instagram avec Chervin Jafarieh, avec lequel il a évoqué des questions de santé et de bien-être. Djokovic et sa femme ont créé la polémique en relayant sur Instagram des théories conspirationnistes ou en véhiculant une philosophie anti-vaccin.
Son auto-évaluation : “OK”
Après sa défaite face à Dominic Thiem en demi-finale du Masters, Djokovic a fait le bilan de cette étrange saison.
“Je dirais OK. J’en ai connues de meilleures et de pires. J’ai gagné un Grand Chelem, joué la finale d’un autre et je termine l’année numéro un. Quand j’y pense, ce n’est pas juste OK, c’était une super saison, mais j’espère mieux et je peux faire mieux. Tout de suite, après une fin comme celle-ci, il y a de l’amertume. Mais sur la fin j’ai pu jouer mon tennis et je me suis battu jusqu’au bout.”
L’avis de Tennis Majors
La saison 2020 de Novak Djokovic aurait pu être meilleure, mais seulement parce que le Serbe a fixé des standards incroyables. Le joueur des dix dernières années a commencé la nouvelle décennie avec grand bruit. Un titre du Grand Chelem et la première ATP Cup dès les trois premiers mois, puis une vague de polémiques entre son attitude face au coronavirus et l’US Open.
Son année s’est aussi jouée lors d’un match à Paris en octobre. Sa défaite face à Rafael Nadal en finale de Roland-Garros le laisse à trois victoires de ses deux rivaux en Grand Chelem. Djokovic a encore de la marge avant d’être incontestablement le plus grand.
Mais il est le plus jeune du Big 3 et n’a pas l’air d’avoir perdu son appétit. S’il peut repartir du bon pied après une fin de saison sans titre, il pourrait bien réaliser son rêve.