Daniil Medvedev en 2020 : D’irrégulier à inarrêtable
Daniil Medvedev a peiné pour renouer avec son niveau de 2019, avant de finir l’année 2020 en boulet de canon. De quoi le lancer sur la route d’un premier titre en Grand Chelem en 2021 ? Tennis Majors fait le bilan de la saison du Russe, 4e mondial.
Daniil Medvedev a connu des périodes compliquées au cours de cette saison 2020 tronquée. Mais le Russe l’a terminée idéalement en remportant le Masters sans perdre un seul match à Londres et en bouclant l’année sur 10 victoires de rang.
“Un vrai boost de confiance” pour Medvedev, qui sera attendu au tournant en 2021. Avec une seule question : le numéro 4 mondial parviendra-t-il à décrocher le Graal en gagnant son premier titre du Grand Chelem ?
- Classement fin 2019: 5
- Classement fin 2020: 4
- Son ratio victoires-défaites en 2020 : 28-10
Meilleure performance : Le dernier roi de Londres
Medvedev aura été tout simplement brillant au Masters, réalisant un sans-faute et devenant le premier joueur à battre les trois premiers du classement au cours d’une même édition de la grand-messe de fin de saison. En l’occurrence, par ordre d’apparition et de classement : Novak Djokovic, Rafael Nadal et Dominic Thiem. Et au-delà du Masters, dont il a remporté la dernière édition qui se déroulait à Londres avant un déménagement à Turin, seuls trois joueurs avaient accompli pareil exploit dans un tournoi depuis 30 ans et la création de l’ATP Tour.
Medvedev a certainement bénéficié d’un peu de réussite contre Nadal, qui a servi pour le match en demi-finale. Mais son parcours à Londres ne doit pas grand-chose à la chance. Il a encore démontré qu’il maîtrisait tous les coups du tennis, remportant même un point après un service à la cuillère face à Alexander Zverev lors de la phase de groupes.
Meilleur résultat en Grand Chelem : Dernier carré à New York
L’exceptionnelle deuxième partie de saison 2019 de Medvedev avait connu comme point d’orgue sa première finale de Grand Chelem, à l’US Open, où il avait poussé Nadal au cinquième set après avoir été mené de deux manches et d’un break. Il aime visiblement jouer à New York, puisqu’il a encore atteint les demi-finales du tournoi américain cette année. Le natif de Moscou a atteint de ce stade de la compétition en écrasant Andrey Rublev en quarts de finale, après trois sets de haut niveau, pour finalement s’incliner face à Thiem au cours d’une défaite bien plus étriquée que le score final ne l’indiquait (6-2, 7-6, 7-6).
Medvedev a ainsi servi pour le set au cours de la deuxième et la troisième manches, ajoutant à sa frustration. Au cours du premier set, il avait reçu un avertissement de l’arbitre de chaise faute d’avoir pu demander un challenge sur l’un de ses services sur balle de break. La balle était longue, mais il n’y pas eu d’annonce, Thiem a retourné et Medvedev a frappé directement dans le filet pensant que son service était trop long. Même s’il est encore passé près de la consécration, Medvedev a confirmé son parcours de l’année précédente à New York.
Titres: 2
La pandémie de coronavirus ayant fait sauter une bonne partie du calendrier, Medvedev ne pouvait pas espérer disputer 9 finales, comme il l’avait fait en 2019. Mais il a dû patienter jusqu’en novembre pour remporter son premier titre de 2020, au Rolex Paris Masters. Passer les deux premiers tours s’est révélé crucial. Kevin Anderson, qui l’avait battu la semaine précédente à Vienne, a abandonné pendant le tie-break du premier set et Medvedev a perdu le premier set face à Alex de Minaur avant de le renverser.
Le Russe est monté en puissance jusqu’à son come-back contre Alexander Zverev, gêné par une blessure à l’adducteur en finale. Medvedev a conclu sa saison par une série de 10 victoires consécutives. En dehors de ses victoires face au Top 3 ATP, il a dominé Zverev et Diego Schwartzman à Londres, comme il l’avait fait à Paris.
Le “pire” de son année : L’après-US Open
La défaite de Medvedev contre Thiem à l’US Open a lancé une période où il a perdu cinq matchs sur huit. Y compris ses deux seules apparitions sur terre battue, la surface qu’il apprécie le moins. Il a été sorti d’entrée à Roland-Garros par Marton Fucsovics, en quatre sets.
Il avait aussi été éliminé de l’Open d’Australie dès les huitièmes de finale. S’il n’y a aucune honte à avoir été éliminé par un triple vainqueur de Grand Chelem, en la personne de Stan Wawrinka, Medvedev espérait certainement mieux au sortir de sa grande année 2019. Surtout après avoir mené deux sets à un contre le Suisse.
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Hors du court : Ses conseils pour le confinement
Avant le début du Masters, Medvedev a donné des idées de films et de séries à regarder : “V pour Vendetta”, “How I met your mother” et ” Mon oncle Charlie”.
Après son titre à Londres, Medvedev a rejoint le live Twitch lancé plus tôt par Gaël Monfils et Andy Murray. L’occasion pour le Russe de revenir sur sa façon de célébrer ses titres, sans montrer la moindre émotion. Mais Medvedev peut être plus démonstratif dans d’autres contextes.
“L’une des plus belles victoires de ma vie, c’est quand je t’ai battu 3-0 à FIFA”, a lancé Medvedev à Monfils. “C’était vraiment énorme. Là je célébrais, je n’étais pas calme du tout. Je m’enflammais Andy.”
Son auto-évaluation : “Un boost pour ma confiance”
Medvedev avait la sensation de ne pas jouer si mal avant le Rolex Paris Masters. Mais sa performance à Londres le fait se tourner vers 2021 avec ambition.
“Je pense que cela peut m’apporter beaucoup pour la suite de ma carrière. Battre Dominic Thiem alors qu’il jouait un tennis incroyable est probablement ma plus grande victoire sur le circuit”, a-t-il déclaré. “Sans même parler du titre en lui-même, gagner le Masters en étant invaincu… C’est un vrai boost de confiance pour tous les tournois du Grand Chelem qui arrivent et tous les autres tournois. J’espère continuer sur cette lancée”.
L’avis de Tennis Majors
Il est facile de comprendre pourquoi Alison Riske, ancienne quart-de-finaliste de Wimbledon, fait de Medvedev son joueur préféré. Il n’y aucun coup que le Russe ne peut réaliser, aucune tactique qu’il ne peut employer.
Alors que son plan ne fonctionnait pas contre Thiem en finale à Londres, il a commencé à arrondir ses coups droits et à foncer vers le filet sur des retours-volées en revers. Il a aussi fait du service-volée, tout en défendant remarquablement bien par moments.
Mais 2021 sera-t-elle la bonne année pour triompher en Grand Chelem ? Il y a encore du chemin. Medvedev n’a encore jamais atteint un quart de finale en Grand Chelem ailleurs qu’à New York, n’a même jamais remporté le moindre match en cinq sets en carrière.
Il va continuer à progresser sur terre battue et sur gazon, même si gagner Roland-Garros ou Wimbledon dès l’année prochaine parait improbable. Dès lors il faudra contourner la mainmise de Djokovic à l’Open d’Australie, ou s’imposer à l’US Open, où le tableau devrait être plus coriace que cette saison.
S’il maintient sa forme de la fin de saison 2020, ou s’en rapproche, Medvedev fera certainement partie des candidats. Et quoi qu’il arrive, il restera toujours aussi agréable à regarder jouer.