WTA – Golovin : « C’est plutôt bon signe »
Après avoir disputé et perdu samedi lors des qualifications de Luxembourg contre la Slovène Juvan son premier match officiel depuis onze ans pour son grand retour sur les courts, Tatiana Golovin (31 ans) est revenue ensuite longuement en conférence de presse sur ce come-back. L’ex-numéro 13 mondiale se réjouit d’avoir renoué avec ce qu’elle préfère et sait faire le mieux tout en sachant que la route sera très longue.
Parlez-nous de cette journée qui a marqué votre grand retour sur les courts. Étiez-vous stressée ?
Non, j’étais beaucoup plus stressée en arrivant aussi. A mon premier entraînement, il y avait beaucoup de tension, à se dire si j’étais prête ou pas pour vraiment jouer. Finalement, hier (vendredi), j’ai tapé pour la première fois en arrivant sur le central, et c’était bien. Le plus difficile, ça a été de venir ici, avec le stress que j’avais dans le train en arrivant. Mais une fois que j’étais sur place, ça s’est mieux passé que je ne le pensais.
Et ce match alors ?
A l’entraînement, je n’avais fait qu’un set, que des jeux, donc ce qu’il s’est passé, c’est logique. Mon but était de retrouver la mentalité. Je l’ai eue sur le début du match. Jusqu’à 3-3, c’était accroché. Je ne sais pas comment elle joue d’habitude, et je ne sais pas si elle me connaissait ou pas, mais elle a haussé son niveau de jeu pour ne surtout pas perdre contre moi, parce que j’avais regardé l’un de ses matchs sur Internet, et elle ne jouait pas comme ça (rires). Le premier set a été accroché. Après, il manque absolument tout. Mais j’ai pu retrouver la volonté, l’agressivité, l’énergie, ce qu’l fallait, pas absolument, clairement. Mais je l’ai ressenti sur quelques jeux, et c’est déjà un bon premier pas pour moi.
Avez-vous pris du plaisir ?
Non, parce que j’ai perdu donc… Oui, des breaks à 3-2, c’est sympa (rires). Du plaisir, je ne sais pas. En tout cas, c’était représentatif du fait que dès que je suis arrivé ici, j’ai eu de meilleures sensations que quand je faisais des points à l’entraînement. Et même la façon dont je débute. Ça aurait pu être l’inverse. J’aurais pu être tendu et jouer de mieux en mieux. Ça a été l’inverse : j’ai mieux joué dans le premier set que par la suite. C’est plutôt bon signe.
Golovin : « Rassurée, je ne sais pas, mais motivée pour continuer »
En partant d’ici, êtes-vous rassurée ?
Oui, d’un côté, je suis rassurée parce que je me dis que l’objectif n’était pas de rentrer et de passer le temps, comme ce qui se passait quand j’étais encore à l’entraînement. Mais en même temps, je me dis : « Tu te prends 6-3, 6-1 au premier tour des qualifications de Luxembourg contre une joueuse de 18 ans (rires). Donc si tu continue comme ça, tu ne vas pas aller très loin non plus ! » Donc rassurée, je ne sais pas, mais je suis motivée pour continuer. Peut-être que l’on jouera le double ici. J’ai hâte d’être à Poitiers, hâte de retrouver le terrain pour continuer à progresser et m’améliorer.
Vu de l’extérieur, cela a surtout semblé dur physiquement. Vous confirmez ?
Oui, c’était dur physiquement. Dès qu’il y a un long échange, elle, elle est tout de suite prête au retour, moi, je suis obligé de prendre mon temps et je mets beaucoup plus longtemps. Je me demandais même si elle n’allait pas me faire un warning (sic) parce que je prenais trop de temps au retour, je ne sais pas. Même sur une balle qui est un peu trop écartée, je ne reviens pas assez vite. Ça, c’est un problème aujourd’hui, mais normalement, ça devrait aller mieux avec les entraînements et les matchs. C’est beaucoup de choses qui vont devoir revenir, en me mettant à l’aise, en jouant.
Avez-vous des douleurs ?
Non. On verra demain (dimanche).
Sur le plan de l’attitude, vous avez été dès ce premier match la joueuse que vous avez été, en êtes-vous consciente ?
C’est difficile, parce que c’est différent de ce que moi je ressens. C’est pour ça que c’est important d’avoir l’avis de l’extérieur. Moi, je fais un bon point, je suis contente, pareil si je fais un bon coup. Alors que ce n’est pas ça. Il faut une autre mentalité. Moi, je suis encore un petit peu à regarder ce qu’il va se passer, est-ce que la balle va revenir. Je me dis : « Ouais, j’ai super bien frappé ce coup droit ». Mais, bon, la balle est revenue (rires). Je suis encore dans cet état d’esprit-là. Mais je pense que ça reviendra avec les matchs et la compétition.
Pourquoi portiez-vous un legging ?
En fait, je ne sais pas comment m’habiller pour les matchs. Quand j’étais avec vous de l’autre côté et que je regardais les autres joueuses jouer, je me demandais : « Mais pourquoi toujours en jupette ? » Je n’ai plus seize ans pour jouer en petit short. Je ne m’habille plus pareil que quand j’étais jeune dans la vraie vie. Alors pourquoi sur le terrain, on devrait toujours être habillé pareil, peu importe l’âge que l’on a ? On verra par la suite. J’ai enlevé une manche ? Oui, mais ça ne m’a pas aidé. Autant mettre des manches longues (rires).
Golovin : « Retrouver l’équipe de France, jouer Roland, les Grand Chelem, les JO… »
Qu’est-ce qui vous a donné envie de faire votre retour à la compétition ?
Déjà, de vouloir essayer de reprendre le risque d’avoir mal. C’est se dire : je me relance sans savoir comment mon corps va réagir, comment mon dos va réagir. Psychologiquement, c’était assez dur de se dire : je recommence, mais je risque d’avoir mal. C’était ça, déjà, mais aussi le fait de me dire que je n’ai pas envie d’avoir de regrets. Il y a des gens qui ont ma maladie, mais qui sont plus courageux que moi, parce qu’ils sont gênés et se battent au quotidien et arrivent quand même à se dire qu’ils vont faire des efforts. J’ai surtout été inspiré par des gens qui sont dans un pire état que moi avec ma maladie. Et c’est de se dire que je me donne une autre chance pour ne pas avoir de regrets, pour me retrouver aussi. Je me sens le mieux et le plus à l’aise lorsque je suis sur un terrain, et ça s’est confirmé aujourd’hui (samedi) et hier (vendredi) quand je suis arrivé à l’entraînement.
Quels sont vos objectifs à court mais aussi à long terme ?
Gagner un match, à court terme, et à long terme, continuer à gagner beaucoup de matchs, retrouver l’équipe de France, être en Fed Cup, jouer Roland (Roland-Garros), jouer les (tournois du) Grand Chelem, les JO…
Qu’allez-vous dire à votre fille quand vous allez rentrer ?
Déjà, il va falloir que je lui achète du chocolat et des bonbons, sinon elle ne me laissera pas rentrer (rires). Je crois qu’elle attend une médaille (rires). Je me ferai pardonner avec du chocolat.