Malgré un sursaut de Nadal, Djokovic a déroulé
Au deuxième tour des Jeux olympiques, le Serbe Novak Djokovic a remporté le choc des monuments face à l’Espagnol Rafael Nadal : 6-1, 6-4.
Même les plus grandes séries de tous les temps n’ont pas toujours les meilleures fins. Si c’était le dernier épisode, ce 60e Djokovic – Nadal n’a pas atteint des sommets. Presque un flop. De quoi en faire un véritable Game of Thrones du tennis. Principalement parce que l’un des deux acteurs n’a pas été à la hauteur de l’autre.
Au deuxième tour des Jeux olympiques, Novak Djokovic a infligé un 6-1, 6-4 à Rafael Nadal. Au sein même de la place forte du royaume de l’Espagnol, à Roland-Garros, sur le court Philippe-Chatrier où il a enfilé 14 couronnes. De quoi mener désormais 31-29 dans ce qui s’est imposé comme le face-à-face le plus majestueux de l’histoire du tennis masculin.
“Je me sens très soulagé d’avoir gagné en deux sets”, a déclaré le vainqueur. “Tout se passait bien, 6-1, 4-0, puis je me suis peut-être senti trop à l’aise, j’ai joué un mauvais jeu à 4-1 (en perdant un break d’avance sur une double faute). Alors qu’il ne faut pas laisser une chance à Nadal, parce qu’il va en profiter, surtout sur ce terrain, avec la foule qui se met à l’encourager. Mais je suis ravi de la façon dont j’ai joué. Malheureusement pour lui il n’était pas à son meilleur niveau, mais j’ai fait tout mon possible pour lui rendre la tâche compliquée.”
Une démonstration jusqu’à 6-1, 4-0
Après sa finale à Båstad une semaine avant le début des J.O., Rafael Nadal, bien que rassuré sur son physique en ayant enchaîné une victoire en 4h puis une deuxième en 2h12 dès le lendemain, avait exprimé sa faible satisfaction globale quant à son jeu. En expliquant avoir été bien loin du niveau qu’il produisait à l’entraînement.
À Paris, il a montré les mêmes difficultés à garder un bon niveau tout au long d’un match. Au premier tour, déjà, sa longueur de balle avait fluctué et son manque de précision par séquences dans l’ajustement de son placement au moment des frappes avaient mené à des erreurs inhabituelles par rapport à ses grandes années. Et son service tendait davantage vers une faille qu’un point fort.
Tout cela, Novak Djokovic a su en profiter. En donnant l’impression d’avoir sans cesse une demi-seconde d’avance. Un peu comme s’il s’était emparé du pouvoir de Hit, ce personnage de Dragon Ball Super capable de ralentir le temps. Au point, aussi, de pousser son opposant, dépassé, ne parvenant pas à faire mal avec son coup droit, à forcer et commettre des fautes.
Le sursaut de Nadal
Prenant la balle tôt, coupant les trajectoires, utilisant fréquemment le contre-pied et l’amortie de revers pour exploiter le démarrage de Nadal désormais plus proche du semi-remorque que du dragster qu’il fut jadis, “DjokovHit” a déroulé. Au point de mener rapidement 6-1, 4-0, et de craindre une déculottée pour l’ancien roi des lieux n’ayant pourtant rien à voir avec Dagobert.
Mais le gaucher des Baléares, à 38 ans, n’allait pas commencer à se renier. Il s’est reposé, comme durant toute sa carrière, sur sa force de caractère. Quel que soit l’adversaire, le score, le tournoi, il n’a jamais rien lâché. Même dans cette situation. Il a continué à y croire.
Alors qu’on pouvait le penser à plat, il s’est regonflé à bloc en alignant quatre jeux de suite. Après avoir mis la gomme pour effacer son double break de retard en remportant le plus beau point du duel, sur lequel il a couru comme un dératé et a fait parler son sens de l’anticipation, presque un don, pour contrer un smash.
Djokovic chambre le public
Dans [s]a bulle comme Diam’s, Djokovic, auquel il est “parfois” arrivé de s’exaspérer, hurler “un tantinet” et fracasser des raquettes depuis ses débuts sur le circuit, n’a pas bronché. Impassible, faciès aussi illisible qu’une bûche, il a tout de suite repris son plan de jeu. En agressant Nadal dès le retour pour breaker à nouveau : 6-1, 5-4
À ce moment-là, le Belgradois, en regagnant sa chaise, a pointé son oreille avec son index pour chambrer le public. Une foule qui, pourtant, ne lui avait montré aucune hostilité et s’était contentée de manifester son amour pour Nadal. Sans doute avait-il besoin, pour boucler l’affaire, de se donner un surplus de motivation en s’inventant des ennemis imaginaires. Technique payante.
Dans la foulée, l’homme aux 24 titres du Grand Chelem en quête d’une première médaille d’or, malgré deux coups droits “faciles” manqués – foutue pression – a terminé en patron, avec un ace salvateur à 40-30. Avant d’aller coller son buste contre celui de son rival pour l’accolade, puis de mimer un air de violon. En guise de générique de fin.