28 septembre 2000 : Le jour où les sœurs Williams ont décroché l’or olympique
Associées en double, Venus et Serena Williams ont remporté la médaille d’or à l’occasion des Jeux olympiques de Sydney.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : La domination sans partage des Williams
Le 28 septembre 2000, les sœurs Williams s’imposent en double aux Jeux olympiques de Sydney, 24 heures après le triomphe de Venus en simple. Pour parvenir à cet exploit, les deux sœurs battent sans difficulté les Néerlandaises Kristie Boogert et Miriam Oremans (6-1, 6-1) pour finir en beauté un tournoi au cours duquel elles n’ont perdu qu’un set. Le triomphe des Williams est aussi le prolongement de la domination américaine sur les épreuves olympiques féminines : pour la troisième fois consécutive, après 1992 et 1996, toutes les médailles d’or sont américaines.
Les actrices : Venus et Serena Williams, Miriam Oremans et Kristie Boogert
- La paire américaine : les sœurs Williams
Venus Williams est née en 1980. Entraînée par son père, Richard, elle est annoncée comme un prodige du tennis depuis ses premiers pas sur le circuit, en 1994. Cependant, ce n’est qu’en 1997 qu’elle intègre le Top 100, obtenant son premier résultat notable à Palm Springs, où elle se qualifie pour les quarts de finale en battant la 9e mondiale, Iva Majoli (7-5, 3-6, 7-5). Elle ne passe pas inaperçue en raison de ses coups extrêmement puissants, de son charisme, mais aussi de la façon dont son père l’a mise en avant.
Sa petite sœur, Serena, entame aussi une carrière de joueuse professionnelle, et leur père a audacieusement prédit qu’un jour, elles s’affronteraient en finale d’un tournoi du Grand Chelem. Après une première finale majeure perdue à l’US Open 1997 contre Martina Hingis (6-0, 6-4), Venus concrétise son potentiel en 2000, remportant à la fois Wimbledon et l’US Open, dominant à chaque fois Lindsay Davenport en finale. La voilà numéro 2 mondiale.
Serena Williams, née en 1981, est la cadette de sa famille. Quelques années plus tôt, en 1997, sa sœur Venus, qui débutait alors sur le circuit, avait déclaré que sa principale rivale serait sa petite sœur Serena. A l’époque, les observateurs n’avaient pas su si elle avait dit ça sérieusement ou par pure provocation. Ils réalisent bientôt à quel point Venus était en fait sérieuse. En 1998, âgée de 16 ans, elle renverse des joueuses du Top 10, notamment la 3e mondiale Lindsay Davenport, en quarts de finale du tournoi de Sydney (1-6, 7-5, 7-5), et dispute plusieurs quarts de finale qui lui permettent de terminer la saison au 20e rang mondial.
Elle franchit un cap en 1999. En février, elle gagne son premier tournoi à Paris, à 17 ans, battant en finale la locale de l’étape Amélie Mauresmo (6-2, 3-6, 7-6). A Miami, elle vient à bout de la numéro 1 mondiale Martina Hingis en demi-finale (6-4, 7-6), avant de s’incliner en finale contre Venus. C’est la première fois de l’histoire que deux sœurs s’affrontent en finale d’un tournoi WTA. Après un Roland-Garros décevant, une blessure l’oblige à faire l’impasse sur Wimbledon. Mais à l’été elle remporte un troisième tournoi à Los Angeles et à l’US Open, elle prend tout le monde de court en remportant son premier titre du Grand Chelem avant sa sœur, aux dépens de Martina Hingis (6-3, 7-6).
Ensemble, Venus et Serena ont déjà remporté trois tournois du Grand Chelem en double : Roland-Garros et l’US Open en 1999, et Wimbledon en 2000.
- La paire néerlandaise : Miriam Oremans – Kristie Boogert
Miriam Oremans est née en 1972. Elle obtient son meilleur classement, 25e mondiale, en 1993, après avoir atteint sa première finale à Eastbourne (battue par Martina Navratilova, 2-6, 6-2, 6-3), ainsi que les huitièmes de finale à Wimbledon (battue par Jana Novotna, 7-5, 4-6, 6-4). Au cours des années suivantes, elle se maintient dans le Top 50, se hissant à nouveau en huitièmes de finale au All England Club en 1998 et disputant cinq finales sur le circuit. En 1999, elle est presque évincée du Top 100 et, en septembre 2000, elle est 76e en simple et 36e en double.
Kristie Boogert est née en 1973. Bien qu’elle n’ait jamais dépassé le troisième tour en Grand Chelem, elle grimpe au 29e rang mondial en 1996. En simple, elle n’a disputé qu’une seule finale WTA, en 2000, à Budapest (battue par Tathiana Garbin, 6-2, 7-6). En double, elle a remporté trois tournois, tous en 1996, atteignant ainsi la 16e place mondiale.
Le lieu : Le court central du Parc olympique de Sydney
Le Sydney Olympic Park Tennis Centre est un complexe tennistique, mais aussi multi-sports, situé dans l’enceinte du Parc olympique de Sydney, en Australie. Le centre a été construit en 1999, et accueille les épreuves des JO de l’an 2000. Son Court Central, qui sera plus tard rebaptisé Ken Rosewall Arena, a une capacité de 10 500 spectateurs.
L’histoire : Une démonstration de Venus et Serena
Aux Jeux olympiques de Sydney, en 2000, Venus Williams a déjà confirmé sa nouvelle emprise sur le circuit. Après s’être imposée à Wimbledon et à l’US Open, elle obtient la médaille d’or en simple, aux dépens d’Elena Dementieva (6-2, 6-4). Elle est la troisième Américaine de suite à décrocher l’or olympique en simple, après Jennifer Capriati en 1992 et Lindsay Davenport en 1996. A présent, un nouveau challenge l’attend en double, où elle joue avec sa sœur Serena qui, malgré sa 8e place mondiale, n’a pas pu participer à l’épreuve de simple, chaque pays ne pouvant aligner que trois joueuses : pour les Etats-Unis, il s’agissait de Lindsay Davenport (numéro 1 mondiale), Venus Williams (numéro 2) et Monica Seles (numéro 5).
Venus et Serena sont qualifiées pour la finale, où elles peuvent marquer l’histoire de trois manières différentes. Tout d’abord, elles peuvent devenir les premières sœurs à remporter le titre olympique en double. Ensuite, Venus peut être la première joueuse, depuis Helen Wills en 1924, à obtenir la médaille d’or à la fois en simple et en double. Enfin, elles peuvent décrocher le troisième titre olympique consécutif américain en double, après les victoires de Gigi et Mary Joe Fernandez, qui étaient cousines, en 1992 et 1996.
En finale, face à Miriam Oremans et Kristie Boogert, les sœurs Williams ne font pas de quartier. Après seulement 49 minutes de jeu, Serena claque un dernier smash pour boucler le match (6-1, 6-1).
« Pour moi, c’est presque encore plus grand que le simple, déclare Venus, selon ESPN.com. Remporter une telle victoire avec Serena, qui est ma sœur et ma meilleure amie, cela n’arrive pas souvent. (…) Faire partie de l’histoire du tennis est très important pour moi. »
De son côté, Serena est également très satisfaite du résultat. « C’était un moment de bonheur, l’autre jour, de voir gagner Venus. C’est le même genre de sentiment, aujourd’hui. Chaque année j’ai l’occasion de gagner un tournoi du Grand Chelem. Là, c’est tous les quatre ans, et vos ne savez jamais ce qui peut arriver. »
La postérité du moment
Ce titre olympique ne se sera en fait que le début du palmarès incroyable des sœurs Williams. Comme leur père l’avait prédit, elles deviendront numéro 1 et numéro 2 mondiales, et s’affronteront en finale de nombreux tournois majeurs. Venus remportera 7 tournois du Grand Chelem en simple, et 14 en double, associée à sa sœur. Serena gagnera quant à elle 23 titres majeurs, et l’un de ses plus grands exploits restera connu comme le « Serena Slam » : elle remportera quatre titres majeurs à la suite, en 2002 et 2003, dominant à chaque fois sa sœur Venus en finale.
Aux Jeux de 2008, à Pékin, Venus et Serena décrocheront une nouvelle médaille d’or en double. Bien que leur triomphe à Sydney était un exploit remarquable, les sœurs Williams le reproduiront en 2012, à Londres, remportant le double après que Serena aura gagné le tournoi en simple.