L’appellation “exhibition” est un gros mot : à la Hopman Cup, les joueurs plus que jamais concernés
Certains s’encouragent et pestent, d’autres prennent de l’expérience. La Hopman Cup, officiellement jouée pour du “beurre”, peut compter sur des participants loins d’être indifférents.
“Nous essayons de gagner tous les matchs puis nous verrons ensuite.” Si nous devions définir la langue de bois, cette déclaration serait un exemple parfait. Pourtant, loin de ces paroles robotisées, David Goffin, vainqueur avec Elise Mertens de l’Espagne, a montré qu’il disait vrai, comme l’intégralité ou presque des joueurs engagés dans cette Hopman Cup (Holger Rune, diminué selon certains médias danois, n’a pas pu se donner à 100%)
Ces rencontres sur la Côte d’Azur, qui comptent évidemment pour du “beurre”, ces joueurs ne comptent en aucun cas les bazarder. Le pays est représenté et on ne veut pas décevoir le partenaire : “Avec Elise, on s’entend bien, on a envie de bien faire quand on est ensemble.” Habitués à jouer en double mixte lors des compétitions par équipe, les deux compatriotes ont plutôt bien fait contre la paire Alcaraz/Masarova (6-3, 6-1).
L’attitude de certaines, particulièrement démonstratives, a presque étonné. La rencontre entre Alizé Cornet et Céline Naef a été le théâtre de scènes que les tournois WTA peuvent connaître. La Tricolore a vivement critiqué certains choix d’Alison Hughes, arbitre de la partie. Ses remontrances ont même duré plus de cinq minutes sur une faute au service présumée de son adversaire.
C’est incroyable, elle a 18 ans, moi j’en ai 33, donc je me dis que j’en ai encore sous le pied
Alizé Cornet après sa victoire face à Céline Naef (1-6, 6-3, 10-8)
De l’autre côté, la jeune Suisse de 18 ans, qui a récemment remporté son premier match sur le circuit WTA face à Venus Williams, a été au bord des larmes de colère après des échanges perdus. La Française, qui s’en est sortie au super tie-break, s’est jetée sur le court après sa balle de match victorieuse, comme à Gstaad en 2018 après son sixième titre sur le circuit.
À vous de juger si l’intention est un poil exagérée mais pour la Niçoise d’origine, qui n’avait pas joué depuis quinze jours, cette victoire est loin d’être anecdotique. “C’est incroyable, elle a 18 ans moi j’en ai 33, donc je me dis que j’en ai encore sous le pied” s’était félicitée l’Azuréenne au micro de Marc Maury, speaker du tournoi.
Son compatriote Richard Gasquet s’est lui agacé du bruit de la musique qui émanait du court central à la fin de son super tie-break perdu face à Leandro Riedi. Mais aussi de son niveau de jeu, particulièrement au service. Carlos Alcaraz, qui n’est pas du genre à s’agacer sur un court de tennis, a montré des signes dans ce sens dans le premier set face à David Goffin (perdu 6-4 avant d’inverser la tendance). Concernés, on vous avait prévenus.
Tirer des enseignements, apprendre
Si l’enjeu sportif est quasi nul (aucun point ATP ou WTA n’est délivré à l’issue du tournoi), certains joueurs en profitent pour construire leur saison. Leandro Riedi, qui défend les couleurs de la Suisse, a remporté ses quatre rencontres (simple et double confondus) et s’est offert le premier top 10 de sa carrière, Holger Rune. Avant d’éliminer la France. Ne lui parlez pas d’exhibition.
“L’expérience est géniale. J’ai joué contre des supers joueurs, comme Rune et Gasquet. C’était aussi ma première fois en double mixte. Tout ce qui passe en dehors du court aussi, avec les médias, c’est un super apprentissage pour moi. Je tire beaucoup d’enseignements de cette Hopman Cup” a martelé le jeune joueur de 21 ans en conférence de presse.
Affronter un numéro un mondial est aussi un bon indicateur de sa forme du moment, une manière de se jauger. David Goffin s’est testé face à Carlos Alcaraz, qu’il avait battu sur dur indoor en octobre 2022 : “Cela fait du bien d’avoir à jouer des matchs comme ça, avec une bonne intensité. Cela reste des matchs pour bien lancer le reste de la saison” s’est-il satisfait après avoir perdu de justesse au super tie-break.
La chaleur pour ajouter de la dramaturgie
Depuis le début de la compétition, la température oscille entre 35 et 40 degrés. Si la programmation permet aux joueurs de débuter leurs matchs un peu plus tard (15h sur le court numéro 1, 16h sur le court central, 20h et 21h pour les double-mixtes), ils ont particulièrement souffert de la chaleur. De quoi tendre les nerfs un peu plus.
Borna Coric se souviendra longtemps des conditions niçoises : “C’était vraiment très dur honnêtement. C’était l’une des pires conditions que j’ai eu à jouer dans ma carrière. Je n’avais jamais vraiment eu à faire à ça, peut-être une fois à Zhuhai (en Chine),” a reconnu le Croate qui a remporté un simple sur deux (victoire face à Goffin, défaite face à Alcaraz).
Habituée à jouer en Australie ou aux États-Unis, également sujets à de très grosses chaleurs, Alizé Cornet a eu beaucoup de mal à supporter l’humidité, même dans une ville qu’elle connaît par coeur : “C’est surtout l’humidité. Même en double mixte, Richard (Gasquet) changeait ses grips aux changements de côté, c’est dire. On dégoulinait et c’est cela qui épuise l’organisme. J’étais complètement déshydraté à la fin de mon match (son premier simple face à Clara Tauson).”
S’il manquait un peu de piquant à compétition, la présence du numéro un mondial espagnol en a rajouté. Le public, lui aussi, s’est alors senti immédiatement concerné.