7 octobre 1999 : Le jour où McEnroe a manqué de respect au Zimbabwe
Le 7 octobre 1999, John McEnroe, devenu capitaine de l’équipe des Etats-Unis de Coupe Davis provoque une nouvelle polémique après avoir déclaré que la meilleure surface de leur futur adversaire, le Zimbabwe, était “la bouse de vache”.
Ce qu’il s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Du McEnroe dans le texte
Ce jour-là, le 7 octobre 1999, John McEnroe, qui vient d’être nommé capitaine de l’équipe de Coupe Davis des États-Unis, commence son mandat en créant le scandale. Le tableau de l’édition 2000 de la Coupe Davis vient d’être publié, et, au premier tour, son équipe doit se déplacer au Zimbabwe. Alors qu’il craint d’avoir du mal à convaincre ses meilleurs joueurs de participer à une rencontre aussi éloignée, certains des commentaires acerbes de McEnroe sont très mal reçus au Zimbabwe.
Le personnage : John McEnroe
- John McEnroe, le gentleman controversé
John McEnroe, né en 1959, a occupé la place de numéro 1 mondial pendant 170 semaines entre 1980 et 1985. Durant cette période, le gaucher américain accumule sept titres du Grand Chelem : trois à Wimbledon (1981, 1983, 1984) et quatre à l’US Open (1979, 1980, 1981, 1984). En 1979, il était devenu le plus jeune vainqueur de l’histoire de l’US Open, en battant Vitas Gerulaitis en finale (7-5 6-3 6-3) et, en 1980, il dispute son match le plus célèbre en finale de Wimbledon, vaincu par Bjorn Borg en cinq manches après avoir remporté un incroyable tie-break au quatrième set (18-16).
Sa plus grande saison reste 1984, année au cours de laquelle, après une terrible défaite en finale de Roland-Garros, il remporte non seulement Wimbledon et l’US Open, mais aussi le Masters et la Coupe Davis, finissant l’année en numéro 1 incontesté avec 82 victoires pour seulement 3 défaites.
Après 1984, la domination de McEnroe prend fin. En 1986, il s’éloigne même du circuit, le temps d’épouser Tatum O’Neal. Après son retour, “Mac” n’obtient pas de résultats comparables à ceux d’avant et n’atteint plus jamais la finale d’une épreuve du Grand Chelem.
Son dernier résultat marquant sera une demi-finale à Wimbledon perdue contre Andre Agassi en 1992 (6-4 6-2 6-3). Au total, McEnroe aura gagné sept tournois du Grand Chelem et passé 170 semaines au sommet du classement ATP. Grand joueur de Coupe Davis, il a remporté l’épreuve à cinq reprises (1978,1979, 1980, 1982, 1992), affichant un ratio de 41-8 en simple et 18-2 en double.
McEnroe est extrêmement talentueux. Son jeu est basé sur le toucher de balle et la précision, le tout agrémenté d’un service aussi original qu’efficace, souvent suivi au filet. Il est également célèbre pour son comportement, qui choque à l’époque le monde bien propre et policé du tennis. Ses querelles incessantes avec le corps arbitral dénotent dans un sport dit “de gentlemen”.
L’histoire : McEnroe invente une surface, “la bouse de vache”
Lorsque John McEnroe est nommé capitaine de l’équipe de Coupe Davis des États-Unis, il fait tout de suite savoir qu’il a bien l’intention de convaincre les meilleurs joueurs de participer à nouveau à l’aventure. Les États-Unis se sont inclinés en quarts de finale de la Coupe Davis 1999, mais Andre Agassi avait refusé de jouer en raison d’un conflit avec la Fédération Américaine, tandis que Pete Sampras, qui accorde la priorité aux tournois du Grand Chelem, n’a joué qu’une seule fois, en double, depuis la finale de 1997. Le nouveau capitaine déclare le 8 septembre :
Je vais le répéter encore, j’espère les avoir dans l’équipe. Ca serait un bon avantage. Vous n’avez à gagner que trois matches sur cinq. Il y a déjà de fortes chances qu’ils arrivent à gagner trois des quatre simples.
Environ un mois plus tard, le tableau de la Coupe Davis 2000 est dévoilé : les Américains doivent se déplacer au Zimbabwe, le semaine qui suit l’Open d’Australie. Ce n’est pas ce qu’il y a de plus facile à vendre à des joueurs du niveau de Sampras et Agassi ! La confiance de McEnroe s’en trouve quelque peu ébranlée, et lui-même parvient assez mal à cacher son manque d’enthousiasme à l’idée des quelques douze injections nécessaires aux vaccinations obligatoires. “Je suis sûr que tout le monde s’est rendu compte que c’était le pire scénario possible pour nous”, dit McEnroe, d’après le New York Times.
Agassi s’étant déjà engagé à participer, le capitaine s’inquiète plutôt de la décision que prendra Sampras. “Je pense qu’il est essentiel que les meilleurs jouent, dit McEnroe. Je pense qu’il sait que c’est la bonne chose à faire, mais il peut avoir un ressenti différent, surtout au vu du tableau.“
McEnroe conclut avec une provocation à sa façon, espérant piquer la fierté de ses joueurs : “Cela va être un test pour certains. On va voir qui sont les hommes et qui sont les petits garçons.“
Le nouveau capitaine crée alors le scandale, lorsqu’on lui demande sur quelle surface il pense que le Zimbabwe va les recevoir. “Ils vont choisir la surface sur laquelle ils pensent avoir les meilleures chances de nous battre, probablement de la bouse de vache.“
D’après indianexpress.com, cette déclaration ne passe pas inaperçue au Zimbabwe. Le gouvernement local, sous la houlette du dictateur Robert Mugabe, s’indigne immédiatement et qualifie ces commentaires de “désobligeants”, avant de remettre en cause la santé mentale de McEnroe. “L’année dernière, lorsque nous avons battu l’Australie, nous n’avons pas joué sur un terrain en bouse de vache”, ajoute Immanuel Gombo, représentant du Zimbabwe aux Nations Unies.
La postérité du moment : McEnroe calme la controverse
A l’arrivée, Pete Sampras ne prendra pas part à la rencontre, blessé à la hanche lors de sa demi-finale de l’Open d’Australie perdue contre…Andre Agassi. McEnroe ira donc au Zimbabwe avec Agassi, Chris Woodruff, Alex O’Brien et Rick Leach. La rencontre se déroulera sur dur intérieur, et non sur bouse de vache. Les Etats-Unis survivront à une belle frayeur, ne s’imposant que 3-2, Woodruff remportant le match décisif contre Wayne Black (6-3, 6-7, 6-2, 6-4).
McEnroe participera à un clinic avec des enfants dans la banlieue pauvre de Chitungwiza, calmant un peu la controverse générée par ses propos du mois d’octobre.
La “dream team” américaine réunissant Sampras et Agassi dominera la République tchèque au mois d’avril. En juillet, cependant, McEnroe se rendra en Espagne sans ses deux plus grandes stars, et Todd Martin, Jan-Michael Gambill, Vince Spadea et Chris Woodruff seront battus 5-0, sur terre battue. Les Etats-Unis ne regagneront la Coupe Davis qu’en 2007, menés par Andy Roddick et James Blake.