Felix Auger-Aliassime, l’atout majeur du Canada (et vice-versa)
Impressionnant cette semaine en phase finale, Felix Auger-Aliassime, qui tentera de conduire le Canada vers sa première Coupe Davis ce dimanche à Malaga contre l’Australie, s’est lui-même beaucoup nourri cette saison de l’énergie dégagée par l’équipe canadienne.
Cette fois, le Canada et sa génération dorée touchent peut-être au but. Même s’il leur faudra évidemment se méfier d’une équipe d’Australie elle-même nourrie au feu sacré de la Coupe Davis et habitée par une véritable force collective qu’a su dégager son emblématique capitaine Lleyton Hewitt, les Canadiens partiront favoris de la finale ce dimanche, au Palais des Sports de Malaga, à partir de 13 heures.
En tout cas beaucoup plus qu’ils ne l’avaient été en 2019 pour la première finale de leur histoire, perdue contre l’Espagne de Rafael Nadal.
On pouvait avoir un léger doute après son Masters dont il était sorti un peu harassé tout au bout d’une saison (surtout automnale) harassante, mais Felix Auger-Aliassime les a vite balayés : il est cette semaine l’atout majeur du Canada qu’il a conduit de main de maître vers la finale en remportant ses deux simples et un double contre l’Allemagne et l’Italie, le tout sans perdre un set et sans avoir perdu son service. Propre.
Auger-Aliassime et l’esprit de la Coupe Davis
A une époque où beaucoup hurlent au crime contre la Coupe Davis, Auger-Aliassime, lui, en aura incarné l’esprit durant quasiment tout la campagne 2022. Quasiment seulement. Parce qu’il faut rappeler ici que le Canada n’aurait pas dû participer à cette phase finale à Malaga après sa défaite lors des qualifications pour la phase de groupes, en mars dernier, aux Pays Bas. C’était sans Felix Auger-Aliassime, ni Denis Shapovalov.
Mais la guerre en Ukraine est passée par là et l’exclusion de la Russie pour la Coupe Davis a permis au Canada d’être repêché pour cette phase de groupes, dont il s’est extirpé en septembre dernier, déjà en Espagne, à Valence. Felix, battu lors de son tout premier match par le Sud-Coréen Sonwoon Kwon, y’avait ensuite dominé Carlos Alcaraz, tout frais numéro 1 mondial. Depuis, il n’a plus perdu un match dans la compétition…
“FAA”, atout majeur du Canada ? C’est incontestable, mais l’inverse est vrai aussi. Au moment de cette phase de groupes à Valence, le numéro 6 mondial était empêtré dans le doute, au sortir d’une tournée nord-américaine décevante ponctuée d’une défaite au deuxième tour à l’US Open en trois sets par Jack Draper.
Au début du mois au Rolex Paris Masters, où il s’était incliné en demi-finale face à Holger Rune au terme d’une folle série de 16 succès consécutifs en saison indoor, il s’était servi de la Coupe Davis pour retrouver de la confiance et mettre en application en match des améliorations techniques qu’il venait de passer du temps à travailler à l’entraînement, notamment au revers et en retour.
La Laver Cup, tout comme la Coupe Davis, ont été une sorte de déclic. Elles m’ont vraiment aidé à avoir davantage confiance en moi-même
Felix Auger-Aliassime
Les ondes positives dégagées par cette formation canadienne, autour de son capitaine Frank Dancevic, a fait le reste. “Dès le moment où je suis monté à bord à Valence, j’ai ressenti dans cette équipe une énergie spéciale”, a confirmé le joueur samedi après avoir remporté le point décisif en double contre l’Italie en demi-finale.
“Je crois que nous avons la formation la plus complète de l’histoire du tennis canadien. J’ai le sentiment que nous mérions d’être là. Je l’ai répété maintes fois ces dernières années, remporter la Coupe Davis est l’un de nos objectifs à tous. Je suis vraiment fier des efforts de tout le monde. Ça a été un beau voyage. Demain (dimanche) en est le dernier jour, nous serons prêts à tout donner.”
Lui, en tout cas, devrait l’être : hormis ce fameux premier match perdu à Valence contre Kwon, lors duquel il était encore en réglage, le protégé de l’entraîneur français Frederic Fontang n’a plus jamais déçu quand il s’est agi de jouer en équipe. Que ce soit en Coupe Davis ou d’ailleurs en Laver Cup, puisqu’il faut rappeler qu’il avait aussi battu Novak Djokovic dans cette “compétition-exhibition” disputée au mois de septembre, juste après Valence.
“Ce sont deux épreuves différentes, mais c’est vrai qu’il y a des similarités”, disait-il par ailleurs à Bercy récemment. “On ne joue plus seulement pour soi-même mais pour une équipe. Et quand je joue pour des coéquipiers, j’ai l’impression d’être plus concentré. Je parviens à élever mon niveau de jeu et produire les efforts nécessaires pour performer.”
“Je l’avais ressenti contre Djokovic : dans les moments chauds, et alors que le sort de l’équipe dépendait de moi, j’étais parvenu à livrer le meilleur de moi-même. En ce sens, la Laver Cup, tout comme la Coupe Davis, ont été une sorte de déclic. Elles m’ont vraiment aidé à avoir davantage confiance en moi-même.”
Tout cela reste encore évidemment à confirmer ce dimanche, mais jusqu’à présent, cette semaine, cela crève les yeux : Felix Auger-Aliassime mène ses troupes comme un boss.