3 février 1989 : le jour où Chang est devenu, à 16 ans, le deuxième plus jeune joueur de l’histoire à jouer la Coupe Davis avec les Etats-Unis
Le 3 février 1989, Michael Chang, trois semaines avant son 17e anniversaire, fait ses débuts en Coupe Davis à l’occasion du premier tour contre le Paraguay, devenant ainsi le deuxième plus jeune joueur de l’histoire à jouer sous le drapeau américain.
Ce qu’il s’est passé ce jour-là : Michael Chang est entré dans l’histoire à seulement 16 ans
Ce jour-là, le 3 février 1989, Michael Chang, trois semaines avant son 17e anniversaire, fait ses débuts en Coupe Davis à l’occasion du premier tour contre le Paraguay, devenant ainsi le deuxième plus jeune joueur de l’histoire à jouer sous le drapeau américain (le plus jeune étant Wilbur Coen, en 1928). Lors de ce match particulier, l’adolescent domine Victor Pecci, ancien finaliste de Roland-Garros, expérimenté mais à court de forme (6-7, 6-3, 6-4, 6-2), et dispute l’un des tout premiers tie-breaks de l’histoire de la Coupe Davis, qui introduit cette nouvelle règle en 1989.
Les acteurs : Michael Chang et Victor Pecci
- Michael Chang, modèle de précocité
Michael Chang est né en 1972. En 1987, à l’âge de quinze ans, il devient le plus jeune joueur à passer un tour à l’US Open (aux dépens de Paul McNamee qu’il bat 6-3, 6-7, 6-4, 6-4). L’année suivante, en juin, à seize ans et trois mois ,il devient le plus jeune joueur à avoir jamais fait partie du top 100, et il atteint pour la première fois les huitièmes de finale d’un tournoi du Grand Chelem, à New York, où il est battu par une autre étoile montante, Andre Agassi (7-5, 6-3, 6-2). Quelques semaines plus tard, à San Francisco, il dispute la première finale de sa carrière (battu par Johan Kriek, 6-2, 6-3), en en février 1989, malgré son jeune âge, il est déjà 29e mondial.
- Victor Pecci, finaliste en Grand Chelem
Victor Pecci, né en 1955, est le plus grand joueur de tennis de l’histoire du Paraguay. Il remporte son premier titre en 1977, à Madrid (en battant Eric Deblicker en finale, 7-5, 7-6, 3-6, 2-6, 6-4), mais sa carrière atteint son apogée au tournant des années 1970. En 1979, il réalise l’exploit de battre consécutivement Guillermo Vilas et Jimmy Connors pour atteindre la finale de Roland-Garros, où il est battu par la légende suédoise, Bjorn Borg (6-3, 6-1, 6-7, 6-4). En mars 1980, il atteint son meilleur classement, 9e mondial, et en 1981, il réalise encore un beau parcours à Roland-Garros, où il parvient en demi-finales, battu une nouvelle fois par Borg (6-4, 6-4, 7-5). Tout au long des années 1980, il mène son équipe nationale à réussir de grandes surprises, en battant la Tchécoslovaquie d’Ivan Lendl en 1983, l’équipe de France de Yannick Noah en 1985 et les États-Unis en 1987. Toutes ces victoires ont été remportées au Paraguay dans une ambiance proche d’un match de football. En février 1989, il n’a plus joué sur le circuit depuis plus d’un an, souffrant du dos et des genoux, et il a disparu du classement ATP.
Le lieu : Floride
Le premier tour de la Coupe Davis 1989 entre les États-Unis et le Paraguay a lieu à Fort Myers, en Floride, au Sonesta Sanibel Harbour Resort, qui peut accueillir 5 500 spectateurs.
L’histoire : Une première victoire en Coupe Davis pour Chang
Lorsque les États-Unis affrontent le Paraguay au premier tour de la Coupe Davis 1989, ils ont une revanche à prendre sur l’équipe sud-américaine. Deux ans plus tôt, lors de l’édition 1987, l’équipe américaine avait été battue au Paraguay, perdant sa place dans le groupe mondial suite à une rencontre entachée de menaces de mort, et au terme de laquelle Jimmy Arias avait failli être frappé à la tête avec une brique. “J’espère qu’à l’avenir, ils (les supporters du Paraguay) pourront se montrer civilisés. Je ne leur demande pas d’être polis, juste civilisés”, a déclaré Andre Agassi, selon upi.com.
Lors du match d’ouverture, le jeune Michael Chang, 16 ans mais déjà 29e mondial, fait ses débuts en Coupe Davis face au vétéran Victor Pecci. Le finaliste de Roland-Garros 1979 n’a plus joué sur le circuit depuis fin 1987, mais il a fait une apparition en Coupe Davis en 1988, contre la Nouvelle-Zélande, s’imposant en simple et en double pour maintenir le Paraguay dans le groupe mondial.
Le joueur le plus expérimenté remporte le premier set, 7-6. C’est l’un des premiers tie-breaks jamais joués en Coupe Davis, cette règle venant d’être introduite en 1989 à l’occasion du premier tour (dans les autres rencontres, quatre autres tie-breaks sont joués lors des matchs d’ouverture). Pecci tente d’empêcher Chang de trouver son rythme en montant au filet sans relâche, mais la lenteur de la surface lui rend la tâche difficile et il ne se montre guère performant, une fois que le jeune Américain a affûté ses passing shots. Peut-être aussi le Paraguayen a-t-il du mal à rester concentré, perturbé par les actualités, le gouvernement du président Alfredo Stroessner ayant été renversé la veille. Cependant, Pecci niera avoir été troublé par la nouvelle (“quand on joue au tennis, il faut tout oublier, et c’est ce que nous essayons de faire.'”). Chang s’impose néanmoins en quatre sets (6-7, 6-3, 6-4, 6-2).
“La Coupe Davis ne ressemble à rien d’autre dans le monde du tennis”, déclare l’adolescent. “Tu entres sur le court, la foule t’acclame et ça te fait te sentir bien… et plus nerveux. Si je peux supporter la pression de la Coupe Davis, je peux supporter n’importe quelle autre pression sur le circuit.”
La postérité du moment : Chang remportera Roland-Garros à 17 ans
Dans le deuxième match, Agassi battra facilement Hugo Chapacu (6-2, 6-1, 6-1) et, après la victoire de Flach et Seguso en double le lendemain, la défaite de 1987 sera vengée.
Michael Chang avait raison lorsqu’il disait qu’après avoir résisté à la pression de la Coupe Davis, il serait à même de faire face à n’importe quelle forme de pression sur le circuit. Quelques mois plus tard, il remportera Roland-Garros, à la surprise générale. C’est en huitièmes de finale qu’il se fera connaître et marquera même de son empreinte l’histoire du tournoi. Ce jour-là, contre le numéro 1 mondial Ivan Lendl, il fera preuve d’une force mentale à toute épreuve, remontant un handicap de deux sets, surmontant des crampes, pour s’imposer finalement en cinq manches. Au cinquième set, il jouera avec les nerfs de Lendl avec son inoubliable service à la cuillère, et en poussant le Tchèque à la double faute sur la balle de match en se positionnant au retour juste derrière la ligne de carré de service. Il ira ensuite jusqu’au bout du tournoi et dominera en finale Stefan Edberg, après avoir écarté dix balles de break au quatrième set (6-1, 3-6, 4-6, 6-4, 6-2).