22 juillet 1989 : Le jour où Becker a gagné deux matchs de Coupe Davis le même jour
Chaque jour, Tennis Majors remonte le temps pour revenir sur un événement marquant pour la planète tennis. Le 22 juillet 1989, à Munich, Boris Becker apporte à l’équipe allemande de Coupe Davis deux points au cours de la même journée, alors qu’elle affronte les Etats-Unis.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi cela a marqué l’histoire du tennis : Deux victoires consécutives
Le 22 juillet 1989, à Munich, Boris Becker apporte à l’équipe allemande de Coupe Davis deux points au cours de la même journée, alors qu’elle affronte les États-Unis. D’abord, Becker revient sur le court le samedi matin pour jouer le cinquième set de son incroyable match contre Andre Agassi, qui a été interrompu vendredi à minuit.
Moins d’une heure après avoir conclu sa victoire contre le Kid de Las Vegas (6-7, 6-7, 7-6, 6-3, 6-4), « Boum-Boum » est de retour, associé à Eric Jelen, pour battre Ken Flach et Robert Seguso, invaincus jusqu’alors en Coupe Davis. Ces deux victoires, à elles seules, suffisent presque à propulser l’Allemagne en finale.
Les acteurs
- Boris Becker, le roi de Wimbledon devenu numéro 2 mondial
Boris Becker est né en 1967. En 1985, à 17 ans, il devient le plus jeune vainqueur de l’histoire de Wimbledon, dominant en finale Kevin Curren (6-3, 6-7, 7-6, 6-4). Son service très puissant, qu’il suit le plus souvent au filet, lui vaut le surnom de « Boum-Boum ». Becker est célèbre pour ses spectaculaires plongeons à la volée. C’est aussi un joueur très expressif, capable de « péter les plombs ». Tout en puissance, Becker parvient à conserver son titre à Wimbledon en 1986, en battant en finale le numéro 1 mondial Ivan Lendl (6-4, 6-3, 7-5).
Le jeune Allemand traverse une passe difficile en 1987, dépassé par sa notoriété et les attentes autour de sa personne, alors qu’il n’a pas vingt ans. Il se remet en selle en 1988, atteignant la finale de Wimbledon (il y est battu par son nouveau rival sur gazon, Stefan Edberg, 4-6, 7-6, 6-4, 6-2) et menant l’équipe allemande à son premier succès en Coupe Davis. En 1989, Becker joue certainement le meilleur tennis de sa carrière : après s’être hissé en demi-finales de Roland-Garros, son meilleur résultat sur terre battue, il a récupéré son bien à Wimbledon, ne laissant aucune chance à Edberg en finale (6-0, 7-6, 6-4). Il est à présent 2e mondial, derrière Ivan Lendl.
- Andre Agassi, la nouvelle star excentrique du circuit
Andre Agassi, le Kid de Las Vegas, né en 1970, passe pro en 1986 et devient rapidement l’une des plus grandes stars du tennis, grâce à son talent, mais aussi à ses tenues vestimentaires originales, dont l’emblématique short en jean et le cycliste rose. Initié au tennis par son père puis élevé à l’académie de Nick Bollettieri, il dispose d’un excellent retour de service (le meilleur de son temps), et son jeu consiste à frapper la balle montante avec une force incroyable, ce qui est révolutionnaire à l’époque et inspirera des générations entières de tennismen.
En 1989, à l’âge de 19 ans, il a déjà glané sept titres ATP et disputé deux demi-finales en Grand Chelem, en 1988, à Roland-Garros (battu par Mats Wilander, 4-6, 6-2, 7-5, 5-7, 6-0) puis à l’US Open (éliminé par Ivan Lendl, 4-6, 6-2, 6-3, 6-4). Il ne lui manque plus qu’un titre majeur pour confirmer les espoirs placés en lui.
Le lieu : L’Olympiahalle de Munich
La demi-finale de la Coupe Davis 1989 entre l’Allemagne et les États-Unis se déroule à l’Olympiahalle, à Munich. Ce complexe, initialement construit pour les épreuves de gymnastique et de handball des Jeux Olympiques de 1972, accueille différents événements sportifs aussi bien que des concerts. Sa capacité d’environ 10 000 spectateurs varie selon la configuration de la salle. La surface choisie pour la rencontre est un revêtement rapide, qui convient bien au jeu de service-volée de Boris Becker.
L’histoire : Le formidable doublé de Becker
Lorsque Boris Becker se réveille, au matin du 22 juillet 1989, à Munich, il se sent certainement investi d’une mission. La tâche qui l’attend est en effet colossale : il doit terminer son simple contre Andre Agassi, qui a été interrompu la veille à deux sets partout, en sachant qu’il doit également jouer le double dans la foulée ! De plus, il est le numéro 1 de son équipe et tous les espoirs reposent sur lui : son coéquipier, Carl-Uwe Steeb, a perdu le premier match contre Brad Gilbert. Becker doit au moins apporter un point aujourd’hui, ou son équipe est condamnée.
La journée démarre bien pour Boom-Boom. La veille, il avait remonté un handicap de deux manches contre un Agassi déchaîné, et au début de la cinquième manche, il garde le cap en faisant rapidement le break. Il mène à présent 3-1 contre un joueur qui, en quatre tentatives, n’a encore jamais réussi à gagner un cinquième set.
Cette fois, Agassi, qui a récemment effectué un gros travail physique, ne rend pas les armes si facilement. Le Kid de Las Vegas revient dans la partie et, prenant deux fois le service de l’Allemand, mène maintenant 4-3, service à suivre. Sa première balle de service le trahit alors au plus mauvais moment et à l’arrivée, Boris Becker s’impose 6-4 pour ramener le score de la rencontre à 1-1.
Moins d’une heure plus tard, le même Becker est de retour pour jouer le double. Il est associé à Eric Jelen, 18e mondial en double (et 48e en simple). Le défi auquel font face les Allemands est immense : Ken Flach et Robert Seguso sont invaincus en 10 rencontres de Coupe Davis, et ont gagné ensemble trois tournois du Grand Chelem.
Au départ, Becker ne semble pas avoir eu suffisamment de temps pour récupérer. Il ne sert pas aussi fort que d’habitude et il est le premier à perdre son service au premier set, que la paire américaine remporte 6-3. Néanmoins, au deuxième set, Becker reprend des forces, tandis que les Américains semblent sur les talons. Selon Sports Illustrated, Flach et Seguso sont en fait épuisés mentalement après avoir assisté au thriller entre Becker et Agassi. “On est entrés sur le court vidés”, expliquera Flach. Voir Andre jouer aussi bien et perdre a démoralisé toute l’équipe.”
Toutefois, bien qu’ils n’évoluent pas à leur meilleur niveau, Flach et Seguso restent une grande équipe. Ils se connaissent par cœur, après avoir joué ensemble si longtemps, et ils ne comptent pas baisser les bras alors qu’il y a tant en jeu. Il faut un Becker aérien et un Jelen très solide, qui fait face à six balles de break sans perdre une seule fois son service, pour s’imposer en quatre sets (3-6, 7-6, 6-4, 7-6).
Grâce à Becker, l’Allemagne mène à présent 2-1. Le jeune homme de 21 ans peut goûter à un repos bien mérité avant le dernier jour de la compétition.
La postérité du moment : Une deuxième Coupe Davis en 1989
Le lendemain, Boris Becker n’aura pas besoin de retourner sur le court, puisque Carl-Uwe Steeb, 23e mondial, dominera un Agassi peut-être un peu trop sûr de lui (4-6, 6-4, 6-4, 6-2).
En décembre 1989, quelques semaines seulement après la Chute du Mur de Berlin, Boris Becker mènera l’équipe allemande à son deuxième titre en Coupe Davis. Pour la deuxième année consécutive, l’Allemagne viendra à bout d’une grande équipe de Suède emmenée par Mats Wilander et Stefan Edberg.
Débordant de confiance après avoir remporté son quatrième titre du Grand Chelem à l’US Open, Boum-Boum Becker les vaincra tous deux en trois sets, et, s’imposant également en double le samedi, marquera presque à lui tout seul les trois points de la victoire.