La légende de la Monf s’épaissait : Monfils était trop fort pour Fritz à Melbourne
Gaël Monfils a réalisé la plus grande perf de sa carrière en Grand Chelem en sortant le n°4 mondial, Taylor Fritz. A 38 ans passés. .
Généralement, quand on demande à un jeune joueur qui a été son modèle, il répond Federer, Nadal ou Djokovic. « Gaël Monfils » a lancé de son côté l’Américain Michelsen, qualifié pour les huitièmes de finale, samedi à Melbourne, au moment même où le vétéran français, 38 ans, réalisait une perf retentissante sur le deuxième court de l’Open d’Australie.
La Monf a écarté samedi le n°4 mondial de la deuxième semaine de l’Open d’Australie, Taylor Fritz (3-6, 7-5, 7-6, 6-4). Mieux que ça : il l’a fait avec un métier implacable, opposant au finaliste de l’US Open et des ATP Finals, plus confiant que jamais, un métier jamais pris en défaut et parfois même écœurant. Il n’avait jamais battu Fritz ni en Grand Chelem, ni à UTS.
Le jeu de service sur lequel il a remporté la rencontre à sa première balle de match, et surtout le jeu décisif de la troisième manche, remporté 7-1, ont le mieux illustré le volume de jeu exceptionnel du Français en ce moment. Vainqueur du tournoi d’Auckland la semaine dernière, tombeur d’une autre terreur du circuit au premier tour, Giovanni Mpetshi Perricard, Monfils s’offre, quoiqu’il en dise, une seconde jeunesse à 38 ans et 147 jours.
Sa précédente plus grosse perf remontait à … 2008
Un chiffre raconte à quelles hauteurs le 41e mondial évolue cette semaine : c’est tout simplement la première fois de sa carrière qu’il élimine une des quatre premières têtes de série, un Top 4 mondial, dans un tournoi du Grand Chelem. Jusqu’ici, sa plus grosse perf restait David Ferrer, n°5, à Roland-Garros, l’année de sa demi-finale à Paris. En 2008. Il y a dix-sept ans, quand son nés les 128 joueuses et joueurs des tableaux juniors qui commencent ce samedi.
Sa petite danse de la victoire, son sourire hilare après la balle de match, la façon dont il a invité son épouse Elina Svitolina à lui succéder sur le court Margaret Court — « J’ai bien chauffé le terrain pour elle » – tout ceci nourrit désormais la légende de la Monf, apparu sur le circuit il y 20 ans, et plus frais que jamais alors que ses potes Tsonga et Simon sont déjà à la retraite tandis que Gasquet va prendre la sienne dans quatre mois. La semaine prochaine, Monfils sera au moins 32e mondial donc tête de série en puissance en Grand Chelem. Monstrueux.
« C’est rageant de sortir au 3e tour mais ça ne va pas m’empêcher de dormir d’avoir perdu », a répondu Fritz. « Il sert incroyablement bien. je n’ai jamais pu lire son service, même en seconde il frappait très fort. Il a très bien retourné. Il était très dur à atteindre. Il renvoyait tout. C’était presque trop facile pour lui de me faire du mal comparé à la quasi impossibilité pour moi d’y parvenir. Il était trop fort. J’ai plutôt fait un bon tournoi après tout, j’ai bien joué. C’est un de ses matches où l’adversaire n’est quasiment pas possible à bouger. »
Monfils disputera – contre Shelton ou Musetti – le premier huitième de finale en Grand Chelem de sa carrière depuis l’Open d’Australie 2022 (il avait alors poursuivi jusqu’aux quarts) . Mais celui-ci a une saveur encore plus puissante qui est celle de la portée historique. Car aucun joueur de son âge n’était allé aussi loin en Grand Chelem ces dernières décennies en dehors de Roger Federer.
Le plus âgé depuis Federer
En détail, depuis Jimmy Connors et sa demi-finale à l’US Open 1991 à 39 ans et 6 jours, seul Federer avait atteint des (quatre, en l’occurrence) deuxièmes semaines en Grand Chelem à plus de 38 ans. A l’Open d’Australie, depuis 1988 et le passage à un tableau de 128 joueurs, c’est même la première fois qu’un joueur qui ne s’appelle pas Federer perce le tableau de cette façon à 38 ans.
Seul lui sait encore ce que sa raquette possède en elle pour poursuivre cette aventure à l’Open d’Australie, qui est déjà, quoiqu’il se passe lundi, une des plus belles pages de sa carrière et une grande page de l’histoire du tennis masculin français contemporain. Monfils disait « surfer la vague » à son arrivée à Melbourne. Les vagues sont belles et puissantes en Australie.