Wawrinka sur le partage inégal de l’argent sur le circuit : “Les Grands Chelems sont le vrai problème du tennis”
Le Suisse juge les Grands Chelems pas assez généreux en fonction de leurs revenus et avec trop de pouvoir, dans une interview accordée à L’Équipe.
À 38 ans, Stan Wawrinka n’a plus sa langue dans sa poche et n’hésite pas à donner son avis, de plus en plus depuis quelques années. Le Suisse avait notamment critiqué l’ITF et le peu d’ambiance à Manchester alors qu’il tentait de qualifier son pays pour le Final 8 de la Coupe Davis à Malaga, en vain. Wawrinka avait également pris la parole pour critiquer le choix du Rolex Paris Masters de faire jouer Jannik Sinner en quatrième rotation, le lendemain d’une victoire à 2h du matin de l’Italien (qui avait fini par déclarer forfait).
Cette fois, dans une interview accordée à L’Équipe, le finaliste du tournoi d’Umag, en juillet dernier, a pointé du doigt les Grands Chelems et leur manque de générosité par rapport à leurs revenus. Le Suisse dénonce surtout le peu de changements sur le circuit, lui qui le connaît par coeur depuis maintenant 21 ans.
Ça fait vingt ans que je suis sur le circuit et on parle des mêmes problèmes
Stan Wawrinka
C’est au moment d’évoquer le sujet des balles, très préoccupant actuellement chez les joueurs que certains jugent à l’origine de blessures, que Wawrinka a démarré sa démonstration. “En ce qui concerne les balles, les tournois ne veulent pas s’accorder parce qu’ils ont tous un sponsor différent, et en même temps, on doit encore se battre pour en avoir suffisamment à l’entraînement. On marche sur la tête. Ça fait vingt ans que je suis sur le circuit et on parle des mêmes problèmes, encore et encore. Le problème du tennis, c’est qu’il y a trop de gouvernances, trop d’entités différentes (ITF, tournois du Grand Chelem, ATP, WTA) qui ne regardent que leur propre intérêt. Aujourd’hui, le vrai problème du tennis, ce sont les Grands Chelems.”
Avant de développer : “Ils ne redistribuent pas assez au tennis par rapport aux revenus qu’ils génèrent. Et ils ont beaucoup trop de pouvoir, parce qu’ils font de l’argent. C’est là où s’écrit l’histoire du tennis… Ce sont les Fédérations les plus riches qui ne redistribuent pas grand-chose. Le revenu des Grands Chelems aujourd’hui est très important et le pourcentage reversé aux joueurs est ridicule. Il n’a pratiquement pas augmenté” dénonce le principal intéressé.
“Les choses n’évoluent pas”
Stan Wawrinka en a rajouté une couche pour montrer que les tournois du Grands Chelems ne se rangent pas forcément du côté des joueurs et du tennis en général.
“Les Grands Chelems ne se rendent pas compte qu’ils doivent travailler dans l’intérêt du tennis… Si eux ne comprennent pas qu’ils doivent aller dans cette direction, il peut y avoir des choses qui vont se passer, ça s’est sûr. Les Grands Chelems ne sont pas intouchables non plus, il faut le savoir […] Je n’ai pas dit qu’il ne fallait pas jouer les Grands Chelems, j’ai dit qu’à un moment, il faut qu’ils comprennent qu’ils ne sont pas seuls sur le Tour.”
Le joueur de 38 ans regrette également des changements trop lents au sein des instances mais aussi des infrastructures qui peuvent fragiliser les joueurs. En d’autres termes, Stan Wawrinka en a un peu ras-le-bol: “Je suis un des plus anciens sur le circuit et je vois que les choses n’évoluent pas. On est un sport parfois amateur au niveau des infrastructures. On est un sport mondial, qui rapporte des milliards dans le monde, et on se bat sur beaucoup de tournois au niveau des infrastructures…” a pesté celui qui aura 39 ans en mars prochain et qui entamera, en 2024, une 22e saison sur le circuit professionnel.