“Triple bulle” encaissée en Grand Chelem : Champion reste à jamais le dernier

Adrian Mannarino était à cinq jeux d’encaisser un “triple 6-0” face à Novak Djokovic ce dimanche à l’Open d’Australie. Il est passé finalement assez loin d’un score qui n’a plus été vu en Grand Chelem depuis Bruguera-Champion à Roland-Garros en 1993.

Sergi Bruguera Thierry Champion Roland-Garros 2017 box © Antoine Couvercelle / Panoramic

Le fait reste rarissime. Dans l’ère Open, seuls cinq “6-0, 6-0, 6-0” – appelés aussi triple roue de bicyclette, ou “triple bagels” par les anglophones – ont été enregistrés dans les tournois du Grand Chelem. Et le dernier commence à remonter un peu, puisque c’était il y a plus de 30 ans, à Roland-Garros, le 27 mai 1993 : au lendemain de la victoire historique de l’Olympique de Marseille en Ligue des Champions, Thierry Champion avait sombré face à Sergi Bruguera, futur vainqueur du tournoi.

Evidemment, tout le monde y a pensé, au moins un peu, lorsque Novak Djokovic s’est détaché 6-0, 6-0, 1-0 contre Adrian Mannarino ce lundi en huitième de finale de l’Open d’Australie. Mais le Français a alors réagi en inscrivant son premier jeu du match, salué par une standing ovation du public de la Rod Laver Arena.


Finalement vainqueur 6-0, 6-0, 6-3 dans ce match de vétérans – le plus vieux huitième de finale à l’Open d’Australie depuis un Rosewall-Stone en 1977 -, Djokovic s’est dit presque heureux de concéder ce jeu au début du troisième set, afin de faire retomber un peu la pression.

“Je sentais la tension monter dans les tribunes au fil du score, le public se demandait s’il allait gagner un jeu ou pas et voulait qu’il le fasse. Donc pour moi, c’était presque une bonne chose de laisser tomber ce jeu, afin de pouvoir me reconcentrer pour finir ce match”, a expliqué le numéro 1 mondial, qui se souvenait avoir mené 6-0, 6-0, 3-0 face à l’Américain Robby Ginepri pour son premier match à Roland-Garros en 2005, avant de s’imposer sur le même score (6-0, 6-0, 6-3).

Djokovic a beau aimer rentrer dans les livres d’histoires par toutes les portes, il n’est donc pas devenu le sixième joueur à remporter un match sur le score parfait en Grand Chelem.

Liste des “triples bulles” en grand chelem

  • 1968 : Nikola Špear – Daniel Contet 6–0, 6–0, 6–0 (Roland-Garros, 1er tour)
  • 1987 : Karel Nováček – Eduardo Bengoechea 6–0, 6–0, 6–0 (Roland-Garros, 2e tour)
  • 1987 : Stefan Edberg – Stefan Eriksson 6–0, 6–0, 6–0 (Wimbledon, 1er tour)
  • 1987 : Ivan Lendl – Barry Moir 6-0, 6-0, 6-0 (US Open, 1er tour)
  • 1993 : Sergi Bruguera – Thierry Champion 6-0, 6-0, 6-0 (Roland-Garros, 2e tour)

Il est intéressant de noter que trois de ces “triples bagels” sont survenus à Roland-Garros. Ce qui n’est peut-être pas si surprenant, sur une surface qui peut creuser les écarts entre les grands spécialistes et les autres, et où il est plus difficile de compter sur son service pour se maintenir à flots et grappiller quelques jeux gratuits. Il faut aussi une combinaisons d’autres facteurs, à commencer par un joueur meilleur que l’autre (évidemment) mais aussi plus frais que l’autre, et avec un “match up” favorable.

Tous ces ingrédients étaient réunis ce dimanche. En temps normal, Mannarino dit déjà ne se donner qu’1% de chances de battre Djokovic, qu’il n’arrive pas à déstabiliser de sa patte gauche comme il sait si bien le faire avec d’autres, et face auquel il s’est incliné cinq fois sur cinq désormais, en ne lui arrachant qu’un set, à Cincinnati en 2018. Mais alors là, avec la fatigue de ses trois matches en cinq sets remportés en première semaine, c’était mission impossible.

“Physiquement, j’avais l’impression d’être un peu moins bien que d’habitude. Face à ce genre de joueur, si vous êtes à 80 ou 85 %, vous ne pouvez pas tenir”, a déclaré Mannarino, qui a pris la chose avec l’humour et le détachement qu’on lui connaît, au point même d’être pris d’un fou rire sur sa chaise après les deux premiers sets. “Honnêtement, si j’avais pris trois bulles, ça ne m’aurait pas affecté plus que ça. Ça aurait juste fait beaucoup parler les gens.” 

C’est donc un autre Français, Thierry Champion, qui reste le dernier à avoir encaissé un 6-0, 6-0, 6-0 en Grand Chelem, à Roland-Garros, en 1993. Et celui qui avait justement brièvement entraîné Richard Gasquet en 2017 aux côtés de… Bruguera pourrait en effet témoigner que la chose fait parler. Il reste aujourd’hui pratiquement plus connu pour ça que pour avoir été (notamment) quart de finaliste à Roland-Garros en 1990 et à Wimbledon en 1991. Vraiment trop injuste.

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