Fils signe la plus belle victoire sa carrière pour chiper le titre de Zverev à Hambourg
Arthur Fils a gagné la finale à Hambourg dimanche (6-3, 3-6, 7-6 [1]) contre Alexander Zverev.
À quoi tient la tournure d’une carrière. Sur la terre battue hambourgeoise, celle d’Arthur Fils, 20 ans, a pris une nouvelle ampleur. Pourtant, à l’origine, il n’avait pas prévu de franchir le Rhin pour venir conquérir le trophée au nez et à la barbe du tenant du titre, qui plus est dans son fief, sa ville natale.
“Je ne devais pas venir à Hambourg”, avait-il expliqué en conférence de presse après sa victoire expéditive, 6-2, 6-2, contre Sebastián Báez en demi-finale. “J’étais en vacances avec des amis. Mon manager m’a appelé pour me dire que ce serait une bonne idée d’y aller. J’avais plutôt prévu de m’entraîner pendant deux semaines avant les Jeux olympiques.”
En changeant d’avis, le 28e de la hiérarchie planétaire a fini par vivre le plus beau jour de sa vie tennistique. En s’imposant 6-3, 3-6, 7-6¹ en 3h33 dimanche face à Alexander Zverev, 4e mondial, il s’est fait plusieurs cadeaux.
Je ne devais pas venir à Hambourg
Arthur Fils
- Deuxième titre sur le circuit principal (après Lyon 2023)
- Premier titre en ATP 500
- Entrée dans le top 20 (il sera 20e lundi)
- Meilleure perf’ de sa carrière, à égalité avec celle contre Casper Ruud, 4e, à Hambourg en 2023
L’an passé, après avoir desquamé la balle pour infliger un 6-0, 6-4 à Ruud en quart de finale, Fils avait été stoppé par Zverev au tour suivant. Sèchement. 6-2, 6-4. Cette saison, sur le gazon de Halle, il avait de nouveau perdu contre le grand blond à l’allure dégingandée. En lui prenant un set : 6-7⁵, 6-3, 6-4.
S’améliorant à chaque match contre cette adversaire, il a donc fini par trouver la clef pour s’ouvrir la porte du succès. En se montrant très solide pour gérer ses émotions dans les moments importants. En plus d’avoir sauvé 21 des 22 balles de break qu’il a dû affronter, de convertir une des quatre qu’il s’est procurées, le Bondouflois ne s’est pas laissé intimider lors d’une fin de duel tendue. Ni par le public, ni par son rival du jour.
Fin de match avec de l’électricité dans l’air
Sous le vacarme causé par les trombes d’eau qui se sont abattues sur la toile servant de toit au Rothenbaum Tennis Center, Fils, à 5-5, 30-40 sur son engagement, a tenté un service à la cuillère qui est sorti de peu. Une scène qui a donné lieu à quelques mots rapides entre les deux hommes, alors que Zverev venait d’entourer, à juste titre, la marque que l’arbitre n’avait pas annoncée faute.
S’en sont suivis des sifflets de la part du public n’ayant que peu goûté à l’audace du Français. Sans broncher, ce dernier a finalement écarté le danger en profitant d’un retour manqué par son rival du jour, avant de pointer son oreille du doigt pour taquiner la foule en réclamant plus de huées. Mission accomplie. Les décibels ont grimpé ; de quoi produire un concert assourdissant en duo avec la pluie.
“J’ai tout fait pour gagner ce match”, a expliqué, au micro de Tennis TV, celui qui a été le plus entreprenant tout au long de la rencontre – avec notamment un 25/32 au filet – face un opposant globalement très passif et loin derrière sa ligne, comme souvent, et notamment lors des moments cruciaux. “J’ai eu des crampes à 5-5 dans le troisième (set). J’ai tenté un service à la cuillère à cause de ça. Le public l’a mal pris. Je m’en fiche. J’ai gagné. Point final.”
J’ai tenté un service à la cuillère à cause des crampes, le public l’a mal pris. Je m’en fiche. J’ai gagné. Point final.
Arthur Fils
Trois points plus tard, à 40-40 après une balle de 6-5 non convertie, Fils a tenu la dragée haute à Zverev dans son axe fort, la diagonale revers, et ce dernier a décidé d’arrêter l’échange en entourant la trace, sûr de lui. Erreur. Le patron des lois a donné raison au Tricolore. Quelques instants après, au changement de côté à 6-5, alors que le surnommé Sascha lui aurait lâché “tu as zéro respect”, le protégé de Sébastien Grosjean s’est dirigé vers lui pour lui signifier sa façon de penser.
Si cet épisode a éventuellement eu un quelconque impact, ce fut sur Zverev. Dans le jeu décisif, Fils a mené sa barque d’une main de fer – pour balancer des parpaings – dans un gant de velours, à l’image de sa demi-volée touchée par la grâce pour s’envoler quatre points à zéro. Avant d’empocher le tie-break – 7-1 – puis d’avoir droit à une poignée de main qui aurait nécessité des moufles tant elle a été glaciale.
Lors de la remise des prix, après de brefs “félicitations à toi” de part et d’autre, la bisbille est devenue, du moins en apparence, de l’histoire ancienne : tout sourire, l’Allemand a aspergé le Français, lui aussi hilare, de champagne. De quoi rassurer, aussi, sur l’état d’Alexander Zverev : à 1-4, 30-40 dans l’acte initial, après avoir claqué son seul ace du match – aucun pour Fils, la terre ayant été rendue lourde et lente par l’humidité -, en plein jeu, se sentant mal, il avait fait subitement appel au soigneur. Finalement, il a dû digérer une autre pilule. Celle d’une défaite dure à avaler.