Srdjan Djokovic : “Partout en dehors de l’Occident, Novak est un dieu”
Interrogé par le média serbe Kurir, Srdjan Djokovic, père de Novak, s’est exprimé au sujet du désamour dont souffre parfois son fils en comparaison de Rafael Nadal et Roger Federer.
“Novak, quand il oublie qu’il est moins aimé (que Roger Federer ou Rafael Nadal) et se dit, comme à Wimbledon (2019), ‘OK, vous êtes tous contre moi, ben allez tous mourir, je vais le niquer’, il est imbattable ». Une analyse signée Gilles Simon en juin dernier dans le Smash Club, l’émission de Gaël Monfils diffusée via sa chaîne Twitch. “Quand il veut avoir l’air cool, il ne joue pas aussi bien. Moi, j’adore ces moments où il s’oublie. Quand il donne l’air de dire : ‘OK, les gens t’aiment plus que moi, mais tu sais quoi ? Je vais te planter quand même.’ Tu le vois dans ses yeux », a-t-il ajouté dans des propos transcrits par Tennis Break News. Une théorie qui a du sens. D’ailleurs, beaucoup y adhèrent. Mais pas Srdjan Djokovic.
Lors d’un long entretien accordé au média serbe Kurir cette semaine, le père du numéro un mondial a donné une version opposée à celle de “Gillou”. Pour lui, son rejeton, s’il excelle dans l’art de surmonter l’hostilité de certains stades, n’est jamais aussi fort que lorsqu’il se sent aimé. Pour envoyer de l’amour au public au moment de sa célébration-signature – non réalisée, d’ailleurs, après son dernier sacre au All England Club – il a besoin d’en avoir reçu pendant le match.
“Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi il joue mieux en Chine ? C’est parce qu’il y ressent l’amour, le vrai”, a observé Srdjan Djokovic. “Les gens l’aiment vraiment là-bas, ça ne fait aucun doute. En Occident, il n’a jamais vécu ça, et il ne le vivra jamais. Ils (les Occidentaux) pensent être le centre du monde, mais ils ne représentent qu’un cinquième de la population planétaire. Chine, Inde, Russie, Brésil, Afrique… Il (Novak) est un dieu partout ailleurs.”
Djokovic est touché par les critiques
Novak Djokovic lui-même a expliqué s’évertuer à transformer le négatif en positif. “Quand le public chante ‘Roger ! Roger !’, j’entends : ‘Nole ! Nole‘”, avait-il détaillé après la fameuse finale de Wimbledon. Malgré les diverses techniques pour épaissir sa carapace, le Belgradois ressent toujours les secousses quand on lui tape dessus. Spécialement en dehors du court.
“Oui, les critiques sont difficile à supporter pour lui”, a confié son paternel. “Parce qu’il fait l’opposé de ce qu’on dit de lui dans les médias. Il ne mérite pas d’être traité de la sorte. Mais c’est comme ça. (…) Nous n’avons jamais attaqué personne, nous n’avons fait que nous défendre.”
En usant de la visibilité que lui octroie son statut, Novak Djokovic a régulièrement tenté d’aider les joueurs moins biens lotis. Certes, il a mérité qu’on lui tape sur les doigts après le fiasco de l’Adria Tour. Mais, pendant l’arrêt du circuit, il a aussi proposé des solutions pour soutenir financièrement les joueurs en difficulté. En désaccord avec l’ATP, il a ensuite co-créé, avec Vasek Pospisil, un nouveau syndicat : la PTPA. En amont de l’Open d’Australie, il s’est posé en relai des revendications collectées auprès de ses collègues pour améliorer les conditions de la quarantaine stricte.
“Il essaie toujours d’aider les autres”, a déclaré Srdjan Djokovic. “Et sans avoir le soutien des deux autres membres du Big 3. C’est toujours lui d’un côté, eux de l’autre. Mais il ne se bat pas pour ses intérêts, il le fait pour aider les joueurs qui peuvent à peine joindre les deux bouts. Nous enregistrons un documentaire en ce moment. Nous y verrons à quel point il se comporte bien avec les adversaires, comment il les félicite et les prend dans ses bras même quand il perd. Quels sportifs font ça ? Pourtant, il n’a jamais reçu le prix du fair-play (décerné par l’ATP à chaque fin de saison, NDLR). Et vous savez combien Federer en a eu ? Quinze (treize, en réalité, NDLR).”
Certes, Srdjan Djokovic manque sans doute d’objectivité. A notre époque du tennis policé, bien loin des des poignées de main peu chaleureuses entre John McEnroe et Jimmy Connors, par exemple, la quasi-totalité des joueurs se donne l’accolade à la fin du duel. Mais en bon papa, il tient à défendre sa progéniture bec et ongle. Quitte à aller un tantinet trop loin en ajoutant que son fils est “un envoyé de Dieu sur Terre.” Cela dit, à l’instar de Novak Djokovic, les prophètes ont souvent eu du mal à faire l’unanimité.