Sept mois après sa terrible blessure à la cheville, Zverev peut-il se relever ?

Sept mois après sa terrible et déchirante blessure à la cheville contre Rafael Nadal en demi-finale de Roland-Garros, Alexander Zverev semble très loin de sa meilleure forme au moment de faire son grand retour en Grand Chelem, à l’Open d’Australie.

Alexander Zverev conférence de presse Munich 2022 ©Zuma / Panoramic

La famille Zverev a manifestement encore des traumatismes à exorciser. Invité par Eurosport Allemagne, il y a quelques jours, à livrer une prédiction loufoque pour cette nouvelle saison 2023, Alexander Zverev a imaginé que Rafael Nadal prendrait sa retraite en juin prochain dans la foulée d’une énième victoire à Roland-Garros. Son frère Mischa, lui, a pronostiqué au contraire que son frère serait celui qui ferait tomber l’ogre espagnol de sa terre chérie à Paris.

Qui sait, peut-être Sascha l’aurait-il fait le 3 juin dernier, lui qui était en train de donner du fil à retordre à l’Espagnol au cours d’un match parti pour être légendaire lorsque sa cheville droite vrilla totalement sur un appui mal assuré, après un peu plus de 3h d’une féroce empoignade. Le score était alors de 7-6, 5-6, 40-30 en faveur de l’Espagnol (7-6, 6-6 au final, donc). Il n’évoluerait pas davantage. Bilan : entorse de la cheville avec triple arrachement ligamentaire pour le colosse allemand au pied devenu d’argile.

Le début d’un long chemin de croix pour celui qui avait initialement souhaité faire son retour en septembre dernier lors de la phase de groupes de Coupe Davis, avant de devoir y renoncer à la dernière minute en raison d’un œdème osseux venu définitivement enterrer ses derniers espoirs de rejouer en 2022.

Du moins, en compétition officielle. Parce que l’Allemand, faute de mieux, a rajouté deux exhibitions à son programme le mois dernier, la Diriyah Tennis Cup en Arabie Saoudite, puis la World Tennis League à Dubaï, moins dans un souci de parfaire son portefeuille que de retrouver un semblant de rythme avant son vrai retour aux affaires en 2023.

J’ai eu une blessure similaire dans ma carrière et je peux vous dire que c’est difficile de s’en remettre.

Boris Becker (pour Eurosport Allemagne)

S’il a battu Dominic Thiem en Arabie Saoudite puis Novak Djokovic à Dubaï – où son équipe, les Hawks, s’est d’ailleurs imposée – il fallait bien sûr n’y voir aucune valeur sportive. De fait, le vrai retour à la compétition a été brutal pour Zverev, sèchement battu par Jiri Lehecka (6-4, 6-2) et Taylor Fritz (6-1, 6-4) la semaine dernière lors de la nouvelle United Cup. “Je suis très loin du niveau où je dois être”, avait alors sobrement constaté celui qui est désormais sorti du top 10, alors qu’il se battait pour la place de numéro 1 jusqu’à ce maudit Roland-Garros.

Ce meilleur niveau, le retrouvera-t-il comme par enchantement en Australie, où il débutera face au lucky-loser péruvien Juan Pablo Varillas, 104è mondial ? Disons-le clairement : sauf à croire aux miracles, non. L’intéressé lui-même estime qu’il serait “déraisonnable” voire “stupide” de l’imaginer gagner à Melbourne.

Le retrouvera-t-il un jour ? C’est forcément la question qui préoccupe tout le monde, à commencer sans doute par l’intéressé, même s’il se dit pour l’instant “pas inquiet” et affiche une décontraction rafraîchissante à Melbourne, où il a rencontré le légendaire basketteur Dirk Nowitski, a tapé la balle ce samedi avec Rafael Nadal sur la Rod Laver Arena, et est d’ailleurs accompagné de son père en plus de son entraîneur, Sergi Bruguera.

L’insouciance, on s’en doute, n’est que de façade. “J’ai eu une blessure similaire dans ma carrière et je peux vous dire que c’est difficile de s’en remettre, a expliqué à Eurosport Allemagne Boris Becker, de retour à ses affaires de consultant après son passage par la case prison pour fraude fiscale. C’est une chose de remettre sa cheville en état, de s’assurer que les ligaments ont retrouvé toute leur solidité et de reprendre confiance en son articulation. C’est une tout autre affaire de retrouver la forme physique nécessaire et de mettre en œuvre en match ce qu’on parvient à refaire à l’entraînement. Tout ça, c’est aussi très mental.”

C’est peut-être aussi une question de personne, et de contexte. La terrible entorse de Zverev a inévitablement évoqué celle de son compatriote Michael Stich (décidément une spécialité allemande…), qui s’était pareillement déchiré la cheville en octobre 1995 à Vienne, un tournoi achevé pour lui dans des cris de douleur et une scène de désolation tout à fait similaire à celle vécue par Zverev. Sauf que deux mois et demi plus tard, Stich faisait son retour à la compétition. Trois mois plus tard, il remportait un titre à Anvers. Et huit mois plus tard, il faisait finale à Roland-Garros.

Au-delà de ses ligaments, la principale chose à craindre pour Zverev est qu’autre chose se soit cassé en lui, une dynamique, une confiance en lui-même et en son corps, une forme de légèreté. C’était prégnant lors de la United Cup où, au-delà de ses soucis de condition physique, on l’a vu aussi retomber lourdement dans ses travers au service, avec des “petites” double-fautes à moins de 120 km/h. Même Fritz s’en est dit gêné : “honnêtement, c’est dur pour moi d’évaluer mon niveau de jeu car c’est surtout lui qui est apparu rouillé : il m’a donné la plupart des points.”

Alors que durant son absence, la génération suivante, incarnée par les Carlos Alcaraz et Holger Rune, a égalé voire surpassé la sienne, Alexander Zverev devra donc surtout retrouver cette foi en sa bonne étoile et cette volonté de marcher sur ses adversaires sans se soucier de sa cheville, pas plus que du reste du monde. Après, c’est toujours la même histoire : si l’esprit est là, le corps suivra.

A Melbourne, où il avait été demi-finaliste en 2020, son entourage et la plupart de ses observateurs avisés affichent un certain optimisme à le voir reprendre rapidement le fil de sa marche en avant. Lui-même l’a martelé : “je veux redevenir le joueur que j’étais”. A vrai dire, il n’est pas le seul : tout le monde veut désormais voir le grand Alexander se relever.


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