Sans le citer, Nadal envoie une petite pique à Djokovic
Interrogé par ESPN Argentina, Rafael Nadal est revenu sur la polémique des privilèges qui anime la préparation pour l’Open d’Australie. Si certains ont besoin de rendre publics tous leurs agissements visant à aider les autres, affirme-t-il, lui préfère rester plus discret et opérer en coulisses.
Interrogé par ESPN Argentina, Rafael Nadal a répondu aux critiques accusant Dominic Thiem et lui-même d’une certaine indifférence vis-à-vis des joueurs contraints à la quarantaine stricte pendant 14 jours à Melbourne. Confinés dans leurs chambres d’hôtel, 72 joueurs et joueuses n’ont aucune possibilité d’aller s’entraîner sur le court.
“A Melbourne, certains joueurs ont des chambres plus grandes que les nôtres à Adélaïde, a déclaré le Majorquin. Je n’entends pas ces joueurs dénoncer les conditions.”
Very interesting interview from Nadal, who apart from this quote says that the conditions in Adelaide are very similar to the ones who can also practice in Melbourne. "There are players in Melbourne with much bigger rooms than ours here, I don't see those players complain". https://t.co/ksWjxs73Yw
— José Morgado (@josemorgado) January 25, 2021
Au cours de l’entretien, l’Espagnol a tenu à démentir son laxisme supposé par rapport aux joueurs désavantagés. En coulisse, il s’est activé pour tenter d’apporter son aide.
“Au final, nous essayons tous de nous entraider”, s’est-il exprimé. “Certains ont besoin de rendre public tout ce qu’ils font pour aider les autres, tandis que d’autres le font de façon plus privée. Sans ressentir le besoin de tout dévoiler aux médias.”
Pour beaucoup, cette déclaration est une petite pique adressée à Novak Djokovic, seul joueur ayant pris publiquement position pour soutenir les joueurs contraints à l’isolement à Melbourne. Mais peut-être Rafael Nadal tenait-il simplement à souligner ses préférences personnelles, son envie de rester discret, sans arrière-pensée envers le Serbe.
Quoi qu’il en soit, notons que les demandes de Djokovic ne sont devenues publiques qu’après avoir fuité dans les médias. Depuis, le numéro 1 mondial a dû affronter une tempête de critiques en Australie. La presse du pays l’a accusé d’un manque de respect, alors que l’île a souffert de plusieurs confinements et craint plus que tout que l’Open d’Australie puisse relancer une vague de COVID-19.
“Les choses ont pris des proportions inattendues dans les médias, le ressenti général étant que les joueurs – moi y compris – sont ingrats, faibles et égoïstes, parce que la quarantaine ne plaît pas”, a répondu l’homme aux 17 titres du Grand Chelem via ses réseaux sociaux. “Je suis sincèrement désolé que nous en soyons arrivés là, parce que je sais que beaucoup d’entre nous sont reconnaissants.”
Nadal et Djokovic, c’est l’amour vache
Crai Tiley, le directeur de l’Open d’Australie, s’est efforcé de désamorcer la situation en rappelant que la liste de Djokovic pour venir en aide aux joueurs en quarantaine était faite de suggestions et non d’exigences.
Pour Nadal, la situation concernant la différence de conditions dans la préparation à l’Open d’Australie est loin d’être simple. Selon lui, les joueurs ont tendance à dénoncer les inégalités seulement quand elles ne sont pas en leur faveur.
“Je comprends les plaintes, et je les respecte. Mais où place-t-on la limite des privilèges ? J’ai un point de vue différent. Ici, à Adélaïde, nos conditions sont meilleures que la plupart de ceux qui sont à Melbourne. Mais, à Melbourne, certains ont des chambres plus grandes où ils peuvent s’adonner à des activités physiques tandis que d’autres, dans des chambres petites, ne peuvent pas être en contact avec leurs entraîneurs et préparateurs physiques. Où est la limite ? C’est une question d’éthique. Chacun à sa propre opinion et toutes sont respectables. On dit que les conditions à Adélaïde sont meilleures, mais je n’entends pas ceux qui ont les plus grandes chambres mentionner qu’une partie des joueurs est moins bien lotie qu’eux à Melbourne.”
“Les gens ont tendance à se plaindre quand ils sont dans une certaine position par rapport à d’autres, a ajouté le gaucher des Baléares. Parmi ceux qui se sont tant plaints de nos conditions à Adélaïde, je n’en ai entendu aucun dire qu’il allait se mettre en quarantaine stricte, sans aucune possibilité d’entraînement, pour permettre à ceux qui subissent actuellement cette situation d’être sur le même pied d’égalité qu’eux.”
Toujours respectueux l’un envers l’autre, Rafael Nadal et Novak Djokovic sont opposés sur certains sujets. Ne pas être d’accord avec quelqu’un ne signifie pas forcément qu’on l’apprécie pas. Combien de discussions enflammées émaillent les repas en famille ou entre amis ? Depuis plusieurs mois déjà, les numéro 1 et 2 mondiaux ont des avis divergents sur les sujets en lien avec la crise sanitaire. Régulièrement, en amont de l’US Open, le Serbe a exprimé ses réticences vis-à-vis “des conditions sanitaires extrêmes.” L’Espagnol, bien que déclarant forfait pour le Majeur américain, a salué les efforts faits pour que celui-ci ait lieu.
Pas vraiment fan de la vaccination, le Belgradois a publiquement exposé ses réticences ; le Majorquin lui rétorquant qu’il serait obligé de s’y plier si celle-ci devenait obligatoire pour les joueurs afin d’être autorisé à s’aligner en tournoi. Mais peu importe ces différends, si les deux hommes se retrouvent en finale de l’Open d’Australie, nous aurons probablement droit à une belle accolade à la fin de l’empoignade. Comme on se fai(sai)t la bise à la fin d’un dîner aux débats animés avec des proches.
Traduction de l’anglais au français par Mathieu Canac