Rune revigoré par son Rolex Paris Masters : « Bien sûr que je serai là à l’avenir, je crois en moi »

Battu en demi-finale du Rolex Paris Masters par Alexander Zverev (6-3, 7-6), Holger Rune termine la saison sur une performance qui le rassure après une année qui a manque de stabilité et de performance.

Holger Rune, Rolex Paris Masters 2024 Holger Rune, Rolex Paris Masters 2024 | © Chryslène Caillaud / Panoramic

« Trust the process ». Cette expression, difficilement traduisible en français – « faire confiance au processus », « faire confiance à la méthode » ou plus probablement « s’engager sans réserve dans le projet » – aura été le slogan d’Holger Rune cette semaine à Paris, où il a été battu en demi-finale du Rolex Paris Masters samedi par Alexander Zverev.

Autoritaire face à Bublik puis Cazaux (qui l’avait battu à l’Open d’Australie), il a notamment battu son deuxième Top 10 cette saison, et le mieux classé, en la personne d’Alex de Minaur en quart de finale, après avoir dominé Grigor Dimitrov à Monte-Carlo.

Vainqueur du tournoi indoor de Paris en 2022 et numéro 4 mondial à l’été 2023, Rune a plutôt galéré depuis cette période de croissance perpétuelle où il semblait pouvoir suivre le train imprimé par Carlos Alcaraz et Jannik Sinner pour chatouiller Novak Djokovic, qui le craint beaucoup, prendre la relève du tennis mondial.

Holger Rune - Rolex Paris Masters 2024
Holger Rune – Rolex Paris Masters 2024 © Chryslène Caillaud

Tout ne s’est pas passé comme prévu. En 2024, Sinner et Alcaraz ont gagné deux Grands Chelems chacun (ce qui fait quatre au total pour l’Espagnol, né comme lui en 2003), tandis que Rune restait bloqué au stade des huitièmes de finale en majeur (à Wimbledon), à celui du dernier carré dans les Masters 1000 (à Cincinnati, puis au Rolex Paris Masters) et sans trophée sauf s’il s’aligne à Metz la semaine prochaine, et qu’il gagne le tournoi – ce qui apparaissait très peu probable en discutant avec lui après sa demie.

Rune de retour avec Christensen

La grosse instabilité du projet du Danois et de sa mère Aneke Rune, centrale dans toutes les décisions qui concernent son fils, ont été le fil rouge de son année. La valse de ses coaches donne le vertige. Coaché par Séverin Luthi à l’Open d’Australie, sans coordination avec son head coach d’alors Boris Becker, repris par Patrick Mouratoglou à partir de février mais à nouveau séparé de son mentor (et de son responsable de la performance Mike James) après la saison sur herbe dirigée par Kenneth Carlsen, Rune a renoué cet autonome avec Lars Christensen, l’homme qui l’a couvé depuis son enfance.

« C’est super de retrouver les gens en lesquels j’ai confiance et qui ont été avec moi toute ma vie, a-t-il indiqué après son quart de finale. C’est agréable. On travaille dur jour après jour tour en prenant du bon temps, on se connaît tous très bien. C’est appréciable. »

Les résultats récents aident Rune à constater que les choses se stabilisent : il a atteint les demi-finales de ses trois de ses quatre derniers tournois joués, à Tokyo, Bâle et donc Bercy. Même s’il ne faut pas oublier qu’il a été dominé à Tokyo et Bâle par des joueurs encore plus jeunes que lui (Fils et Mpetshi Perricard), et qu’il a chuté contre le 160e mondial à Hangzhou, Rune reste un joueur « bankable » à qui il fut encore demandé à Paris s’il avait vocation à faire partie d’un nouveau Big Three avec Sinner et Alcaraz.

Zverev était trop fort mais…

Malgré une tentative de noyade de poisson – « c’est bon pour le tennis d’avoir de nouveaux visages », « pour moi le Big Three c’est Roger, Rafa et Novak » – Rune n’a pu se soustraire à la franchise quant il fut relancé sur la question. « Bien sûr que je serai là à l’avenir (sous-entendu : à ce niveau-là). La question ne se pose même pas. Je crois très fort en moi. »

Contre un Zverev peut-être plus fort que jamais – « je l’ai senti très confiant en tous ses coups » – Rune n’y a pas cru assez, montrant au public parisien le chantier colossal que reste à ce stade l’exploitation de son potentiel.

Côté atouts : une saine combativité, c’est-à-dire une économie générale des plaintes et gémissements divers qui commençaient à faire sa légende noire, une certaine solidité dans les rallies qui avait disparu cet été, une première balle protectrice quand elle passe, une créativité encore assez intermittente mais qui fait de lui un jour à part quand il déploie notamment ses amorties à bon escient.

Côté limites : encore pas mal de précipitation au moment d’accélérer, et une tendance étonnante à ne déployer la palette de ses coups qu’une fois dos au mur au score. Le Rune mené un set un break par Zverev était incomparable au Rune qui a débreaké et poussé l’Allemand au tie-break. Mais contre un joueur de ce niveau, c’était trop tard et trop partiel.

Pas d’ATP Finals pour Rune

 « Sur mes retours et dans les échanges au fond, j’estime avoir eu assez de cran mais j’ai manqué de timing et de sécurité », admet Rune. « Je n’ai pas réussi à faire tout ce que je voulais et j’ai déjà parlé à mon staff de ce que je voulais travailler pour que ça change. »

« Je reconstruits ma confiance jour après jour et il y a encore de belles choses à venir. J’ai l’impression de revenir à mon niveau, même si je n’aime pas dire cela. Mais je joue de mieux en mieux et je me déplace de mieux. » Onzième mondial lundi prochain (ou douzième si Humbert gagne à Bercy), Rune ne participera pas aux ATP Finals, comme l’an dernier. Voilà qui devrait aiguiser sa frustration, et par ricochet son inébranlable ambition.

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