Rune, Musetti, “FAA” : la jeunesse du tennis mondial masculin surfe sur la vague Alcaraz
En triomphant respectivement à Stockholm, Naples et Anvers, ce dimanche, Holger Rune (19 ans), Lorenzo Musetti (20 ans) et Felix Auger-Aliassime (22 ans) ont conjointement et symboliquement surfé sur la vague de jeunesse triomphante qui aura marqué la saison 2022, dans le sillage de Carlos Alcaraz.
Evidemment, les exploits de Carlos Alcaraz, devenu cette année le plus jeune numéro 1 mondial de l’histoire après avoir décroché son premier titre du Grand Chelem à l’US Open, remettent les choses en perspective. Mais dimanche, durant les trois finales disputées dans trois villes d’Europe (Anvers, Stockholm et Naples), il était difficile de ne pas avoir ce sentiment d’une jeunesse triomphante, prête à percer pour de bon aux sommets.
Alors que Felix Auger-Aliassime, 22 ans, a décroché son deuxième titre en deux semaines face à Sebastian Korda (22 ans également), Lorenzo Musetti, 20 ans, a remporté à Naples le deuxième titre de sa carrière et Holger Rune,19 ans, peut-être le plus explosif de tous, en a fait de même en dominant Stefanos Tsitsipas en finale. Le tennis mondial, à l’évidence, est en pleine la relève de la garde.
Evidemment, nul n’oublie que Rafael Nadal (36 ans) et Novak Djokovic (35 ans) sont encore là et ont décroché à eux deux les trois-quarts des Grands Chelems cette année. Sauf blessure, ils demeureront les joueurs à battre en 2023.
Mais puisque l’on commence à penser à l’année prochaine, Rune, Musetti, Auger-Aliassime et Korda, qui avait également joué (et perdu) une autre finale à Gijon une semaine plus tôt, semblent définitivement prêts, cette fois, à passer le cap supérieur
L’inspiration de Carlos Alcaraz ?
Ce qu’a accompli Alcaraz à l’US Open, et auparavant à Miami et Madrid où l’Espagnol avait également triomphé, n’a pu qu’inspirer, pousser, stimuler les autres joueurs de cette génération. Notamment Rune et Musetti, qui ont peu ou prou le même âge (Rune a six jours de plus qu’Alcaraz). Korda, rappelons-le, compte pour sa part une victoire sur Alcaraz, qu’il a battu à Monte Carlo cette année.
Quand on voit un joueur de son âge réussir de belles choses alors qu’on a grandi à ses côtés, il y a un phénomène qui s’instaure consistant à moins se laisser intimider par les meilleurs. La pensée naturelle qui se met en place est : “S’il l’a fait, alors je peux le faire aussi.” C’est humain. Et c’est sain.
En marge de Roland-Garros, où il avait atteint les quarts de finale cette année, un journaliste avait d’ailleurs posé à Rune la question de savoir si Alacaraz était pour lui une inspiration.
“Je crois qu’il mérite toute l’attention qu’il reçoit. Il accomplit des choses incroyables, il a d’ores et déjà battu Novak, Rafa et tous les meilleurs”, avait répondu le jeune Danois. “Il le mérite, d’autant qu’il continue de progresser sans cesse. Donc pour moi, ce n’est pas un problème. Je vais à mon rythme, je suis mon propre chemin et je réalise mes propres progrès. Tout le monde effectue son propre voyage, et j’en fais de même.”
Quand Patrick Mouratoglou a annoncé qu’il travaillerait avec lui jusqu’à la fin de l’année en attendant le retour à la compétition de sa joueuse Simona Halep – dont l’absence pourrait se prolonger puisque l’ancienne numéro 1 mondiale a écopé entre-temps d’une suspension provisoire pour un contrôle antidopage positif -, il en a profité pour dire tout le bien qu’il pense de son nouveau poulain, totalement dédié selon lui à son objectif : devenir numéro 1 mondial. Ces jeunes, décidément, n’ont peur de rien.
Des victoires qui vont booster leur confiance
Fers de lance de la génération du dessus, Stefanos Tsitsipas et Matteo Berrettini ont tous deux apporté quelques garanties sur leur capacité à évoluer au sommet (tout comme, plus encore, Daniil Medvedev, seul joueur de cette génération à avoir gagné un Grand Chelem).
Pour Rune et Musetti, le fait de les avoir battus respectivement en finale de Stockholm et de Naples ce dimanche ne peut-être qu’un “boost” supplémentaire de confiance.
Musetti savait que Berrettini était légèrement diminué par une blessure au pied mais son mérite reste néanmoins total : durant cette finale comme durant toute la semaine, il a affiché autant de talent que de dynamisme pour aller chercher ce second titre en carrière.
Rune aussi, qui a sans doute fait plus fort encore en terrassant en deux sets un Tsitsipas qui n’avait jamais perdu un match à Stockholm. Imperturbable et nullement impressionné, le Danois, comme il l’a dit, a déroulé un tennis presque parfait pour aller lui aussi remporter un deuxième titre.
Auger-Aliassime et Musetti ont appris à gagner
D’une manière différente, Felix Auger-Aliassime et Lorenzo Musetti ont pris leur temps avant de trouver comment sortir leur meilleur tennis en finale. Tout a été dit sur les déboires du Canadien, qui avait perdu ses huit premières finale avant enfin de toucher au but à Rotterdam en début de saison. Mais quelque part, le fait qu’il ait été exposé à la critique à un si jeune âge, pour revenir aussi vite et remporter trois titres en 2022, en dit long sur sa force mentale et sur son potentiel pour le futur.
Musetti, de la même manière, a été pointé du doigt pour sa supposée fragilité mentale, peut-être aussi physique, et il a mis du temps à convertir ses promesses en titre(s). Il en a désormais deux sous la ceinture après le tournoi de Hambourg en juillet dernier où il avait battu Carlos Alcaraz. Et le voilà lui aussi, comme Rune et Korda, dans le top 25.
“Je crois que c’était une semaine parfaite”, a déclaré le Transalpin après son sacre napolitain. “Je n’ai pas perdu un set de la semaine et j’en suis particulièrement heureux, tout comme du niveau global que j’ai affiché. Il a fallu travailler dur pour emmener de la consistance à mon tennis et pour commencer à gagner des titres. Donc je suis très fier de moi et de mon équipe.”
Déjà de belles perfs en Grand Chelem
Si les performances dont on parle ont toute été accomplies ce dimanche dans des tournois 250, il ne faudrait pas oublier que le trio de la “Next Next Gen” a également déjà performé en Grand Chelem. Felix compte une demi-finale à l’US Open en 2021, tandis que Rune a atteint – on l’a dit – les quarts à Roland-Garros cette année et Musetti les huitièmes un an plus tôt. Il avait alors, on s’en souvient, mené deux sets à rien contre Novak Djokovic avant de s’écrouler physiquement.
La preuve est faite, désormais, qu’il peuvent rivaliser avec les meilleurs et pratiquer leur meilleur tennis dans les grandes occasions… Plus rien ne semble devoir désormais empêcher cette jeunesse triomphante de s’envoler pour de bon vers les sommets en 2023.