Rublev retrouve le chemin d’une finale, à défaut de son meilleur niveau
Andrey Rublev va disputer à Marseille sa première finale de la saison 2022. C’est la première fois depuis six mois, même si son niveau de jeu n’est pas tous les jours celui d’un Top 10.
« We’ll see ». « On verra ». L’injonction, prononcée avec un petit sourire attentiste, a été utilisée par Andrey Rublev quasiment à toutes ses réponses après sa qualification pour la finale de l’Open 13 à Marseille.
Elle résume l’enseignement de sa demi-finale remportée face à Benjamin Bonzi (6-3, 4-6, 6-3) : non, le Russe n’est toujours pas à son meilleur niveau, mais oui, il va rejouer une finale sur le circuit, sa première en 2022, et c’est l’essentiel. Cela le conforte dans son statut de septième meilleur joueur du monde et de tête de série numéro 2, ici à Marseille comme à Dubai la semaine prochaine, dans la catégorie supérieure des ATP 500.
Rublev était le dernier membre du Top 9 à l’ATP à ne pas avoir disputé de « last match » cette saison, hors Novak Djokovic, qui n’a disputé aucun tournoi, et hors Jannik Sinner, qui vient de virer les six membres de son staff.
Première finale depuis août 2021 pour Rublev
Marseille sera la première finale de Rublev sur le circuit depuis Cincinnati en août 2021. Il l’avait perdue contre un Zverev alors au top, et il n’a plus gagné de trophée depuis presque un an et son succès à l’ATP 500 de Rotterdam, trophée abandonné la semaine dernière en demi-finale contre Felix Auger-Aliassime (6-7, 6-4, 6-2). « Mais j’ai terminé la saison 2021 sur une note agréable avec la victoire en Coupe Davis » fait-il observer.
En décembre pourtant avec quatre victoires en cinq simples, dont une défaite contre le 106e mondial Feliciano Lopez et un accident majeur évité de peu de contre Elias Ymer, 171e à l’ATP, Rublev avait laissé cette même impression de joueur en recherche de ses meilleures sensations.
Il peut avoir beaucoup de déchet et des sortes de moments de blanc dans les matchs.
Benjamin Bonzi sur Andrey Rublev
Battu par Rublev ce samedi, Bonzi résume assez bien la sensation générale : « Il peut avoir beaucoup de déchet et des sortes de moments de blanc dans les matches, a indiqué le Français. Il met tellement d’énergie dans chaque frappe que, par instants, son niveau tombe un peu. »
Constat confirmé à chacun des trois tours du Russe à Marseille, à chaque fois contre un Français qui sentait le bon coup possible grâce à l’aide du public: Gasquet (4-6, 6-3, 7-6), Pouille (6-3, 1-6, 6-2), Bonzi. « Richard méritait de gagner », a même indiqué Rublev au sujet de son face à face contre Gasquet, passé à deux points du match.
Rublev : “que les bas ne soient pas… trop bas”
Reste la réalité de la compétition : à chaque fin de rencontre un peu tendue, Rublev a engagé le bras de fer est en est sorti vainqueur. Le fameux refus de la défaite qui caractérise les joueurs de son pedigree. C’est sa quête, fait-il observer.
« Ce que je recherche, c’est de me donner les moyens de progresser chaque semaine. La saison est longue, il est logique d’avoir des hauts et des bas, et ce qui compte pour moi, c’est que les bas ne soient pas… trop bas. »
Sa saison 2022, sur ce point, est en rupture avec son deuxième semestre 2021, dans le sens le plus favorable. Malgré une défaite décevante au troisième tour de l’Open d’Australie face à Marin Cilic, Rublev affiche pour l’heure un bilan de huit victoires et deux défaites – les deux face aux seuls joueurs du Top 30 qu’il a affrontés, Cilic donc, et Auger-Aliassime.
Toujours attendu en Grand Chelem
En indiquant qu’il avait joué « cinq, peut-être six tournois seulement » après Cincinnati en 2021 – sept en réalité, sans compter la Laver Cup et la Coupe Davis – le Russe a donné l’impression de vouloir rayer de sa mémoire récente ces quelques mois de doute, avec 8 victoires et 8 défaites (dont deux éliminations au premier tour) avant la Coupe Davis. Parmi ses bourreaux : Tiafoe, Norrie, Paul, Mannarino, van de Zandschulp, Fritz, tous en dehors du Top 25 à ce moment-là.
Rublev n’a pas connu de série de victoire conformes à son classement depuis son titre à Cincinnati quand il avait notamment dominé Cilic, Monfils et surtout Medvedev sur son parcours. Cela explique cette même prudence sur son niveau de jeu : « Ce n’est vraiment facile de savoir où on en est quand on joue indoor. Les adversaires servent bien, donc les échanges ne durent pas si longtemps, et ça donne moins de repères que quand on joue en extérieur. »
Le retour au plein air la semaine prochaine, à Dubai – il va affronter Dan Evans au premier tour – puis à Indian Wells et Miami va rapidement le fixer. Rublev doit défendre les points de sa demi-finale à Miami et sa finale à Monte-Carlo, qui représentent le quart de son capital points à l’ATP, avant que le juge de paix de son statut de joueur de premier plan soit remis sur le tapis à Roland-Garros.
Rublev n’a atteint les quarts de finale d’aucun des quatre derniers tournois du Grand Chelem qu’il a disputés et il est le joueur le mieux classé à n’avoir jamais atteint de dernier carré. Qu’il retrouve le goût de la victoire en tournois à Marseille ou pas, il sait que se situe là, à 24 ans, le principal horizon de sa carrière.