Rublev : “Je n’avais même pas assez d’énergie pour me plaindre”
Après sa victoire quasi-miraculeuse à Madrid face à Felix Auger-Aliassime, Andrey Rublev a donné plus de détails sur les problèmes de santé qu’il a dû surmonter pendant le tournoi.
Dans un tournoi de Madrid marqué par une casse mécanique générale notamment chez les plus grosses cylindrées du circuit (Jannik Sinner, Carlos Alcaraz, Daniil Medvedev…), on se disait de manière très darwiniste que le dernier qui survivrait serait forcément le plus solide sur le plan physique. Eh bien, même pas : après avoir battu Felix Auger-Aliassime au terme d’une finale marathon qu’il avait commencée de manière inquiétante, Andrey Rublev a confirmé ce que disaient les rumeurs depuis plusieurs jours : il n’était lui-même pas au mieux physiquement, au point même de frôler le forfait à plusieurs reprises durant sa campagne victorieuse.
“J’ai été malade et je le suis d’ailleurs toujours un peu. Cela fait neuf jours que ça dure, ce n’est pas normal. Je ne sais pas trop si c’est une angine ou un virus. Demain (lundi), je vais me rendre à l’hôpital pour passer plus d’examens”, a expliqué le Russe, évidemment heureux (malgré tout) et surtout soulagé de ce titre d’autant plus inespéré vu la pauvreté de sa feuille de résultats depuis plusieurs semaines, lui qui restait sur quatre défaites d’affilée avant Madrid.
Rublev a expliqué avoir, en début de tournoi, ressenti une petite poussée de fièvre et surtout un énorme mal de gorge, au point de ne plus pouvoir se nourrir les premiers temps que de nourriture pour bébé. “Ma gorge était complètement bloquée, je n’arrivais ni à respirer, ni à manger. Un véritable désastre”, a raconté le 6ème joueur mondial, très transparent sur son bilan médical.
Et puis, comme si ce n’était pas assez, Rublev a aussi été victime pendant son tournoi d’une inflammation au doigt de pied qui a bien failli, elle aussi, le pousser à renoncer. “L’orteil a doublé de volume et faisait pression sur l’os, si bien que je ne parvenais même plus à mettre mon pied dans la chaussure. Avec tout ça, les docteurs ont fait des miracles. Ils m’ont fait des injections pour au moins me permettre d’aller sur le court, et ont anesthésié mon pied.” Et Rublev a gagné.
moi qui ai l’habitude d’être très négatif envers moi-même, c’est la première fois que je me sens aussi fier de moi
Andrey Rublev
Drôle de sport quand même que le tennis, où un homme au fond de la mine mentalement retrouve la flamme et son tennis au moment même où son corps semble le lâcher. De là à y voir un lien de cause à effet, le désormais double vainqueur en Masters 1 000 n’en est pas loin.
“Au moins, cela m’a poussé à me recentrer sur le jeu et uniquement le jeu au lieu de laisser mon esprit divaguer”, a-t-il ainsi expliqué. “En dehors des matches, je suis resté tranquille à l’hôtel. Sur le court, je n’avais même pas l’énergie de me plaindre, de parler ou de crier “come on”. Ce qui m’a aidé aussi, c’est que quand même, dès le premier match, j’ai senti que je jouais bien, pour la première fois depuis des semaines. Au final, moi qui ai l’habitude d’être très négatif envers moi-même, c’est la première fois que je me sens aussi fier de moi.”
L’ironie de l’histoire, s’il en est, est que Felix Auger-Aliassime, qui a bénéficié d’un forfait (Sinner) et deux abandons (Mensik, Lehecka) durant son improbable parcours madrilène, a également révélé avoir lui-même connu ses problèmes en cours de route, notamment des soucis gastriques. Il s’estimait d’ailleurs heureux d’avoir passé deux tours quasiment sans jouer, sans quoi il ne jure pas qu’il n’aurait pas dû se retirer à son tour.
Le Canadien a par ailleurs confirmé avoir souffert de début de crampes durant le troisième set de la finale, l’empêchant de résister durant les longs échanges comme il avait su le faire au cours des deux premiers sets. Bref, il y avait décidément de drôles de particules dans l’air cette année à Madrid.