“Je ne ressens aucune pression” – Medvedev de retour à Rome, terre de son titre surprise en 2023
Vainqueur du tournoi de Rome l’an passé, titre auquel lui-même ne s’attendait pas, Daniil Medvedev se sent désormais plus serein sur terre battue.
C’était comme voir un ours polaire au milieu du Sahara. Quelque chose de complètement inattendu, auquel on ne peut croire si on n’y a pas assisté : un an en arrière, Daniil Medvedev s’envoyait le Masters 1000 de Rome. Lui, l’homme qui donnait l’impression d’exécrer l’ocre de tous ses pores, remportait l’un des titres les plus prestigieux au monde sur cette surface.
“C’est mon premier trophée sur terre battue alors que jamais je n’aurais pensé y parvenir”, avait-il déclaré en conférence de presse, après avoir écarté des clients comme Alexander Zverev, Stéfanos Tsitsipás et Holger Rune au cours de son parcours. “Je n’y crois toujours pas.”
Car, s’il avait d’abord connu un début d’idylle avec la brique pilée – demi-finale à Monte-Carlo en 2019, sa première en Masters 1000 en battant Novak Djokovic au passage, puis finale de l’ATP 500 de Barcelone dans la foulée –, le Russe avait ensuite sombré dans une relation de désamour ; de haine, presque.
Comment ne pas s’énerver contre cette surface ? Vous aimez, vous, être dans la saleté, comme un chien ? Je ne juge pas.
Daniil Medvedev, à Rome en 2021
“Honnêtement, je n’aime rien dans la terre battue”, avait-il assuré avant son entrée en lice à Monaco en 2021. “Il y a toujours des faux rebonds, et on est sale après avoir joué.” Quelques semaines plus tard, à Rome, en plein match (perdu) contre son compatriote Aslan Karatsev, les nerfs irrités par la terre, il avait appuyé son aversion.
“Comment ne pas s’énerver contre cette surface ? Vous aimez, vous, être dans la saleté, comme un chien ? Je ne juge pas”, s’était-il exclamé dans son style caractéristique mêlé de colère et punchlines presque tragicomiques. “Disqualifie-moi, ce serait mieux pour tout le monde”, avait-il ensuite lancé à l’arbitre. De l’histoire ancienne.
En trois ans, le quart-de-finaliste de Roland-Garros 2021 a mis de l’eau dans son vin par rapport au revêtement sablonneux. De quoi être moins saoulé pendant ses matchs, et faire moins mal à la tête des arbitres, régulières victimes expiatoires de sa frustration. Et il a fini par préférer un autre breuvage. Le champagne, qu’il a sabré en capitale italienne l’an passé.
Finis les doutes à chaque frappe sur ocre
“C’est une super sensation (d’être le tenant du titre)”, a-t-il répondu devant les journalistes jeudi. “Dans le couloir avec les photos des anciens champions, il y en a de moi avec le trophée. C’est plutôt sympa. Et, je le répète, j’ai changé mon approche de la terre battue. (…) Grâce à l’expérience et l’entraînement.”
“Deux, trois ans en arrière, quand je glissais, que je frappais un coup, j’étais toujours dans le doute, je me demandais si j’avais fait ce qu’il fallait”, a-t-il détaillé. “Maintenant, je sais ce que je dois faire. J’essaie de le faire, et si ça ne fonctionne pas, je me dis : ‘OK, j’essaierai de faire mieux la prochaine fois.'”
“À l’entraînement, nous savons désormais plus précisément comment travailler (sur terre battue)”, a-t-il ajouté. “Alors qu’avant, c’était plutôt : ‘Faisons ça, et nous verrons si ça fonctionne.’ L’année dernière, nous avons trouvé les bons exercices, les bons mouvements. On les a de nouveau appliqués cette année. Et ça fonctionne très bien. (…) Je joue mieux désormais (sur terre battue). Je sors d’un quart de finale à Madrid, j’ai engrangé des bonnes victoires”
Touchée à Madrid, sa Hanche est (a priori) remise sur pied
En Castille, le quatrième joueur mondial a vaincu Matteo Arnaldi, Sebastian Korda et Alexander Bublik avant de devoir abandonner après la perte du premier set – 6-4 – contre Jiří Lehečka. “Sur une course, j’ai voulu courir vite pour remettre une amortie, et j’ai senti que ma hanche était comme bloquée”, avait-il ensuite expliqué en conférence de presse. “Je ne pouvais plus sprinter.” Un souci visiblement réglé.
“Je me sens bien désormais”, a-t-il assuré dans la Ville éternelle. “C’était une blessure mineure. Je suis resté trois jours à Madrid (après son élimination), j’ai beaucoup récupéré. Je suis venu ici avec mes sparring-partners pour être en contrôle sur mes mouvements (plutôt que de s’entraîner avec d’autres joueurs professionnels). Aujourd’hui (jeudi), j’ai pu taper à plein régime.”
“J’ai même encore un jour de préparation demain (vendredi) avant mon match, donc je serai prêt”, a-t-il poursuivi. “Normalement, il n’y a aucun risque d’aggraver cette blessure. Je vais jouer, et on verra comment ça se passe.”
je n’ai jamais réussi à défendre un titre, alors peut-être que je devrais changer mon approche et me mettre plus de pression (sourire).
Daniil Medvedev
Pour son entrée en lice, Daniil Medvedev, tête de série numéro 2 en l’absence de Jannik Sinner et Carlos Alcaraz, affrontera pour la première fois Jack Draper et sa palette variée. Sans stress supplémentaire malgré le titre, et les points, à défendre.
“Je ne ressens aucune pression”, a-t-il confié. “Quand j’étais jeune, quelqu’un m’a dit – et j’ai trouvé que c’était un très bon conseil – qu’il n’y a pas de points à défendre. Une nouvelle année, c’est une nouvelle année : on continue à gagner des points. (…) Mais je n’ai jamais réussi à défendre un titre, alors peut-être que je devrais changer mon approche et me mettre plus de pression, ou avoir peur (sourire).”
Et avant de penser à garder son trophée, il ne regarde pas au-delà de son duel initial. “Le premier match sera très important pour voir où j’en suis”, a-t-il expliqué. “Si je fais une bon match, alors peut-être que je pourrais faire partie des favoris.” Parce que Daniil Medvedev le sait, il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué.