“Le matin, il n’était pas comme les autres jours” : comment Rune s’est convaincu qu’il pouvait battre Djokovic
Holger Rune et Patrick Mouratoglou nous racontent comment le jeune a su se libérer mentalement pour battre son idole Novak Djokovic lors du match le plus important de sa jeune carrière.
Comment battre, sur un des courts les plus prestigieux du monde, un joueur avec qui vous faisiez des selfies il y a une poignée d’années ? Holger Rune a dû résoudre cette équation dimanche sur les courts du Rolex Paris Masters, l’une des plus difficiles du sport de haut niveau. Il l’a fait assez brillamment, au prix d’un travail mental spécifique.
Après le quart de finale contre Alcaraz, son nouveau (co-)entraîneur Patrick Mouratoglou avait eu cette phrase pour résumer l’état d’esprit des champions, qu’il reconnaît en Holger Rune : « Un joueur de 15 ans qui est fait pour être champion, s’il joue Nadal sur un grand court, il sera convaincu à 100% qu’il peut le battre. Même si c’est impossible, il aura cette conviction. »
L’anecdote rappelait la petite phrase d’Holger Rune après son premier tour de l’US Open 2021 perdu face à Novak Djokovic, qui en avait étonné plus d’un : « Avec plus de ressources physiques, j’aurais eu ma chance, c’est sûr. » Le qualifié de 18 ans avait perdu en quatre sets en gagnant le premier set au tie-break mais en crampant en cours de match.
Une discussion qui a fait du bien à Rune
Mais meme après avoir écarté quatre Top 10 et un ancien vainqueur de Grand Chelem lors du Rolex Paris Masters 2022, Rune a senti que le risque existait de perdre sa finale avant même de la commencer, au regard de la prestance de son adversaire. « Chaque match que je joue, je suis certain que je peux le gagner, indiquait Rune dimanche soir après le match. Mais c’est vrai que j’avais besoin de quelque chose de plus pour battre quelqu’un qui, je crois a disputé plus de 100 finales à ce niveau (95 en comptant Grand Chelem, Masters et Masters 1000, ndlr). »
« Se convaincre qu’on peut battre Novak Djokovic en finale de Masters 1000 quand on a 19 ans, c’est évidemment très difficile, confirme Patrick Mouratoglou. On a parlé le matin du match. Et j’ai bien senti qu’il n’était pas comme tous les autres jours. Alors je suis revenu le voir et je lui ai dit : viens, on doit parler davantage. »
« On a évoqué le sujet, il a lâché ce qu’il avait en lui. Et à un moment, je l’ai vu redevenir lui-même. Ses traits ont changé, je l’ai vu prêt à faire face. Il a un visage très expressif. Le fait d’en parler et de l’évacuer fait qu’il s’est convaincu qu’il pouvait battre Novak. »
Gagner ce dernier jeu a été l’un des plus grands soulagements de ma vie.
Holger Rune
« Au début du match, il était convaincu qu’il pouvait le faire mais il avait besoin encore de se relâcher, analyse encore Mouratoglou. C’est une chose d’être intimement convaincu, c’en est une autre de se retrouver sur court, avec le public, avec Novak en face de soi, le joueur qu’il admirait petit, et d’avoir à jouer. Ça l’a un peu bloqué, il état un peu timide. Il alternait : un coup il jouait à fond, un coup non, etc »
« Le début du deuxième set a été absolument clef pour se relâcher. Il a été à 0-40, le fait de sauver ce jeu a boosté sa motivation et l’a mis sur le voie de son meilleur tennis. Mais oui : « être convaincu au fond de soi qu’on peut battre Novak un jour comme celui-ci, c’est très impressionnant et ce n’est qu’à la portée de quelqu’un de vraiment spécial. »
« J’ai cherché à utiliser l’énergie de ma jeunesse, ma volonté farouche, pour faire tout ce qui était possible pour le mettre sous pression », a développé Rune. « Mon niveau de stress était très haut. Gagner ce dernier jeu a été l’un des plus grands soulagements de ma vie. »