Medvedev : “Je suis devenu fou”
S’il s’est imposé 6-2, 6-4 contre Gaël Monfils mercredi à Monte-Carlo, Daniil Medvedev a été mené 4-1 dans le deuxième set après avoir totalement perdu ses nerfs.
Il a fallu un grain de sable sur la terre battue de Monte-Carlo, et la machine Daniil Medvedev s’est enrayé. Et a complètement déraillé. Alors qu’il menait tranquillement 6-2, 1-2, 40-15 contre Gaël Monfils ce mercredi pour son entrée en lice réussie – 6-2, 6-4 – en Principauté, le quatrième joueur mondial a un tantinet perdu ses nerfs.
À 6-2, 1-2, 30-0, le Russe a arrêté l’échange, estimant une frappe de Monfils faute en longueur. L’arbitre, Mohamed Lahyani, lui a donné tort, bien que le Hawk-Eye, seulement disponible pour les diffuseurs, montrait qu’il avait raison. 30-15. Dès le point suivant, rebelote. Mais cette fois, Lahyani a corrigé l’annonce du juge de ligne, 40-15 donc, avant de descendre de son perchoir pour venir tempérer les ardeurs du Russe, qui s’était mis à vociférer contre le juge de ligne.
Quelques minutes plus tard, le vainqueur de l’US Open 2021 a finalement perdu son service. Au changement de côté suivant – à 6-2, 1-4 après le break confirmé par le Français – il n’avait pas décolérer. Il s’est mis à hurler sur Lahyani, en revenant sur le fait que la balle à 1-2, 30-0 était bien dehors, qu’il aurait donc dû mener 40-0, et que cette erreur de jugement lui avait coûté le break. Si cette mauvaise gestion de sa frustration lui a valu un passage à vide, il a su retrouver son calme pour remporter les cinq jeux suivants, et le match.
J’ai perdu deux jeux parce que je suis devenu fou.
Daniil Medvedev
Une fois la victoire en poche, le protégé des deux Gilles, Cervara et Simon, a, évidemment, été questionné sur cet épisode orageux en conférence de presse. “Je ne peux pas dire à 100 % qu’elle était dehors (la balle à 6-2, 1-2, 30-0), parce que je n’ai toujours pas vu le Hawk-Eye par moi-même”, a-t-il expliqué. “Mais d’après ce que j’ai entendu, de la part de quelqu’un de l’ATP je crois, elle était faute. Sur le moment, j’ai vu la balle largement dehors. Et je ne suis même pas resté sur place pour voir la décision que Mohamed (Lahyani) allait prendre.”
“Quand j’ai vu qu’il donnait la balle bonne, je me suis dit : ‘Il va littéralement dire qu’une balle est bonne quand elle est faute'”, a-t-il continué. “Et qu’est-ce qu’on fera après le match si je perds ce jeu – que j’ai d’ailleurs perdu – alors que ça aurait dû être 40-0 et non 30-15 ? Ensuite, je me suis dit : ‘OK, calme-toi Daniil, on passe au prochain point.’ Et dès l’échange suivant, la balle était encore plus largement dehors et le juge de ligne ne dit rien ? La balle était très lente, il était juste à côté. Je ne sais même pas comment c’est possible de ne pas l’avoir vu.”
“Je suis devenu fou”, a-t-il ensuite reconnu. “J’ai perdu deux jeux parce que je suis devenu fou. Je me suis calmé, et j’ai gagné le match, donc je suis content. Ç’est ma version de l’histoire, j’imagine (sourire).” une scène à l’encontre de ses propos du début de saison, à l’Open d’Australie, lorsqu’il avait confié vouloir mettre un terme à ses clashs avec le public, les arbitres… En expliquant toutefois que ce changement demanderait encore du travail, et que le naturel pourrait parfois revenir au galop.
Je suis content, parce que j’ai réussi à me calmer et gagner.
Daniil Medvedev
“D’abord, sachant comment je suis et d’où je viens en ce qui concerne le comportement, il y aura encore des moments où je vais devenir fou”, a-t-il rappelé ce mercredi. “Que ce soit contre moi, mon équipe, le public, les arbitres. J’essaie de travailler là-dessus, et de moins m’énerver afin que ça affecte moins mon jeu.”
“Je suis content”, a-t-il continué. “Parce que j’ai ensuite réussi à me calmer, en me disant que je ne voulais pas perdre ce match à cause du fait d’être devenu fou. Je voulais continuer à jouer de la façon dont je devais jouer. Je voulais continuer à essayer de gagner, et j’ai réussi à le faire. Parfois, quand vous n’arrivez pas à contrôler la ‘folie’ sur le moment, vous devez savoir la contrôler après. Je n’ai pas su la gérer sur le moment, mais j’y suis parvenu après, bien mieux qu’à de précédentes fois durant ma carrière.”
En huitième de finale, le quart-de-finaliste de l’édition 2023 affrontera Karen Khachanov. L’un de ses amis proches, qu’il connaît depuis ses “neuf ou dix ans”, et contre lequel il ne pouvait s’empêcher de fondre un boulon. “Quand j’étais jeune, je n’aimais vraiment pas jouer contre lui”, a-t-il confié. “À une époque, il était beaucoup plus fort que moi, donc je devenais fou. Je prenais des avertissements etc. parce que je n’arrivais pas à me contrôler. Il était plus calme que moi, et me regardait avec des yeux écarquillés en me voyant devenir fou.” Un problème désormais résolu : Medvedev mène 5-1 contre Khachanov sur le circuit principal.