Gaston : « Je ne réalise pas »
Hugo Gaston, 20 ans, est encore tout au bonheur de son exploit contre Stan Wawrinka, vendredi au troisième tour de Roland-Garros (2-6, 6-3, 6-3, 4-6, 6-0). Peu bavard, il parle finalement comme il joue : direct à l’essentiel !
Hugo, vous avez l’air complètement imperturbable. Vous montrez très peu d’émotions, ce qui vous a sans doute permis de gagner un match aussi important. C’est très étonnant pour nous, cette carapace, c’est comme si vous étiez programmé pour ça…
Je suis comme ça. Je ne montre pas forcément mes émotions, mais je suis très content à l’intérieur. Je ne réalise pas encore ce qu’il se passe. Je vais essayer de profiter avec ma famille et me reposer. Il y a beaucoup d’émotions et de joie après cette victoire.
A quel moment avez-vous senti que c’était prenable ?
Dès le début, même si je perds le premier set 6-2. Je suis rentré sur le terrain pour gagner. Je savais que ça allait être compliqué, mais quand je rentre sur le court, c’est pour donner mon maximum et essayer de gagner. Après la première manche, c’était compliqué mais j’ai su me relâcher, j’ai essayé d’être plus créatif. Ça a fonctionné, j’ai réussi à m’en sortir. C’est quelque chose de fou pour moi.
Sur la balle de match, qu’est-ce qu’il se passe au moment où vous réalisez que vous avez gagné ? Stan Wawrinka en face, vainqueur de Roland-Garros, qu’est-ce qu’il se passe dans la tête ?
Je me retourne direct, je regarde mon coach et ma famille. Ce sont des choses inoubliables. J’adore. Que ma famille soit là pour assister à ça, c’est vraiment inoubliable… J’étais super content sur le moment, et forcément c’est toujours le cas. Je pense que je réaliserai samedi.
“J’ai fait des tâches sur le mur, ça a énervé mes parents”
Y’avait-il une forme d’appréhension, de panique ? Jouer Wawrinka sur le Lenglen, ce n’est pas n’importe quoi… Votre coach Marc Barbier vous a-t-il rassuré, que vous-êtes vous dit ?
Il n’y avait pas vraiment de panique, non. Mon entraîneur m’a dit qu’il avait deux bras et deux jambes comme moi, qu’il fallait que je donne le maximum et que je verrais bien. Mais qu’il fallait vraiment que je prenne du plaisir, ne pas avoir de regret. Ça s’est très bien passé. Je suis rentré forcément un peu perturbé, parce que Wawrinka est un grand joueur, c’était sur un très grand court… J’avais envie de bien faire. J’ai joué mon jeu, je suis content.
Vous n’aviez jamais tapé sur le Central, vous étiez simplement venu visiter. Vous rappelez-vous de cette sensation d’immensité ?
C’était fou. Quand j’étais petit, je regardais tous les matchs sur le Central. Je ne sais pas encore sur quel terrain je vais jouer dimanche. Pour moi, le Central, c’est important. J’ai essayé de ne pas me mettre plus de pression, mais quand on voit un tel stade, ça impressionne. Je suis très content d’être en huitièmes de finale. Je vais profiter et tout donner.
Comment avez-vous commencé à jouer au tennis ? Quels sont vos premiers souvenirs de Roland-Garros, alors que vous venez peut-être d’y réaliser le plus grand exploit français ?
J’ai commencé parce que mon père était président d’un club de tennis et j’adorais jouer. J’aime ce sport et j’ai continué. Pour moi, le tennis, c’est le jeu. Désormais, je joue à Roland-Garros. Avant, je regardais tous les joueurs à la télé, oui j’encourageais les Français. Désormais je joue sur ce court, c’est fabuleux.
Votre père disait que, petit, vous n’arrêtiez pas de taper contre la porte de la cave et que vous regardiez des vidéos. Est-ce là que vous avez réussi à travailler cette main qui vous permet de faire plein de choses sur le terrain ?
Peut-être bien. J’ai toujours joué contre le mur de mon salon. Ça a énervé mes parents, j’ai fait des tâches, mais c’est en train de payer (sourire). Je suis très content, parce que mes parents m’ont donné l’opportunité de jouer au tennis. Si je suis en huitièmes, c’est aussi grâce à eux. Il y a forcément beaucoup d’émotions derrière ça.