Federer et Serena sur terre pour préparer Wimbledon : Pourquoi c’est bien plus cohérent qu’il n’y paraît
Roger Federer et Serena Williams, qui ont fait de Wimbledon leur objectif prioritaire pour cette saison 2021 à 39 ans, ont choisi de venir jouer la saison sur terre battue plutôt que d’opter pour une préparation exclusive au gazon. Une décision qui fait sens, tant les bienfaits de la terre battue pourront leur servir avant de se rendre à Londres.
Faut-il jouer sur terre battue afin d’avoir de meilleures chances sur gazon ? Ou bien, au contraire, faut-il fuir la saison sur ocre et se préparer pour ce cher Wimbledon ? Oui, la terre battue et le gazon font un excellent mariage. Enfin, la plupart du temps.
Roger Federer et Serena Williams ont lancé leur campagne sur terre battue, respectivement à Genève et Rome, sous les yeux d’observateurs divisés sur le sujet : ces deux légendes ne devraient-elles pas plutôt se concentrer sur le gazon ? Mais en fait, c’est bien ce que ces deux champions – qui n’ont absolument pas besoin d’aide pour faire les bons choix de programmation – font : ils préparent leur chemin vers un nouveau titre à Wimbledon en demandant un petit coup de main à la terre battue. Et évidemment, si en cours de route tous les feux passent au vert et qu’un titre sur ocre leur tend les bras, ils ne diront pas non.
L’époque où joueurs et joueuses mettaient autant de rage que les Montaigu et les Capulet à se disputer le statut d’experts ès terre battue ou gazon anglais est révolue. De nos jours, les joueurs sont si complets et bien préparés physiquement qu’ils peuvent chasser tous les titres, toutes les semaines, et changer de surface quasiment sans s’en rendre compte. Depuis Pete Sampras et Andy Roddick, nous n’avons pas non plus revu de leaders du circuit refusant de tenter le moindre effort sur ce que Roddick appelait “cette saleté”.
Même Daniil Medvedev, dont le jeu et l’esprit ne sont pour le moment pas compatibles avec l’ocre, fait de son mieux. Il se plaint du début à la fin, évidemment, mais il s’engage tout de même à fond dans chaque tournoi. Et d’autres, comme Ashleigh Barty, se découvrent même des talents insoupçonnés de cador de la surface alors qu’ils avaient pourtant toujours rêvé de triomphe sur herbe. Le tennis, jamais où on l’attend.
Mais quand les joueurs commencent à prendre de l’âge et/ou que des blessures surviennent, le doute arrive dans la foulée pour ceux dont l’ambition tend plutôt vers Wimbledon que Roland-Garros : sont-ils en train de ruiner leurs chances de soulever le trophée à Londres en effectuant un détour par Paris ? Après tout, pourquoi devraient-ils venir se salir les chaussettes sur terre battue et glisser dans tous les sens si tout ce qui compte pour eux est de triompher sur herbe ? Jouer ou ne pas jouer, telle devient la question.
Chaque pas compte d’ici à Wimbledon
Et, soyons clairs, si qui que ce soit avait trouvé la réponse définitive, un champion comme Federer n’aurait pas passé des semaines à se retourner le cerveau sur le sujet cette année. L’équation à résoudre pointe régulièrement le bout de son nez, preuve indiscutable de l’effet bénéfique de l’ocre sur le gazon. En effet, si ce n’était pas le cas, pas une seule ligne n’aurait été écrite sur ce dossier.
Les choix de Federer et Serena Williams donnent une bonne occasion de se pencher de nouveau sur les relations entre l’ocre et le gazon. A 39 ans chacun, et alors qu’ils cherchent à arracher quelques titres du Grand Chelem en plus, leurs priorités ne sont pas celles de la plupart des autres membres du circuit. Et c’est là que des décisions difficiles doivent être prises. Ils ne peuvent simplement pas suivre la cadence habituelle, ils doivent anticiper les risques qu’ils vont faire prendre à leurs corps. Combien d’efforts à assumer pour atteindre l’objectif ? Chaque pas compte. Et si le pied est posé au mauvais endroit, c’est une ligne en moins dans les livres d’histoire.
Bien entendu, ils aimeraient remporter Roland-Garros de nouveau. Mais ils sont aussi réalistes : Wimbledon reste la cible la plus évidente, le jardin où ils ont le plus de chances de maintenir leurs rivaux à distance. Encore une fois, si jamais les rivaux en question décident de présenter moins de difficultés que prévu sur terre battue, tout sera bon à prendre. Mais sur le papier, Wimbledon semble la meilleure cible, alors certains se demandent bien ce que font Federer et Williams sur terre battue en ce moment.
Quand tu arrives à Wimbledon en venant de la terre battue, physiquement tu es fort.
Philippe Dehaes, ancien coach de Xavier Malisse ou Daria Kasatkina
Simplement parce que personne, pas même Federer et Williams, ne peut espérer traverser le tableau de Wimbledon en ayant si peu joué auparavant. Parce que la terre battue va leur servir de préparation physique pour le gazon. Parce que sans la saison sur ocre, ils n’ont en ce moment pas la moindre chance d’être prêts à temps pour Londres. S’imposer des matches sur terre battue est à ce jour la situation idéale.
“La terre battue est une surface hyper exigeante qui te fait te préparer physiquement. Ce sont des matches difficiles. Le gazon est une surface plus dangereuse sur l’intégrité physique, mais plus clémente sur les impacts. La saison sur gazon est très courte donc tu bénéficies du pic de forme que tu as essayé d’avoir pendant la saison sur terre battue”, explique Laurent Laffite, ancien préparateur physique de Garbiñe Muguruza, qui travaille actuellement avec la relève du tennis français.
“Sur la période sur terre battue, tu refais du travail foncier car ça demande un aspect ‘cardio’ plus marqué que les autres surfaces. Il y a du sens à préparer la saison sur herbe en passant par la terre battue. C’est sans doute le choix que fait Roger : c’est un choix purement physique. Evidemment il ne va pas pouvoir faire des matches sur dur face à de bons joueurs car personne ne va accepter d’aller sur dur pendant la préparation de la terre battue, et il sait très bien que faire quelques matches sur terre battue va lui donner la possibilité de jauger son jeu et surtout d’affiner son physique.”
Le coach belge Philippe Dehaes, qui a travaillé avec Xavier Malisse ou Daria Kasatkina, insiste sur l’aspect crucial d’avoir préparé et habitué le corps à l’effort requis avant d’arriver à Wimbledon.
“Le problème est que le calendrier ne permet pas de jouer beaucoup de tournois sur gazon avant Wimbledon. Mais l’essence même du tennis, c’est de gagner des matches, peu importe la surface. Donc si Roger arrive à Wimbledon avec un quart de finale à Roland-Garros, il sera d’autant plus fort. Et quand tu arrives à Wimbledon en venant de la terre battue, physiquement tu es fort, parce que tu as fait des matches avec des échanges longs, que tu avais aussi effectué une préparation avant la saison sur terre battue, donc tu arrives avec un volume physique important. Roger devait avoir très peur d’arriver sur gazon sans avoir joué un match pendant six mois. Son choix est cohérent.”
Et c’est exactement ce que Federer lui-même a reconnu avant et après son seul match disputé à Genève.
“J’espère que jouer sur terre battue sera une bonne chose pour Wimbledon. J’étais heureux de voir que mon genou se comportait de la même façon en passant du dur à la terre battue, alors je m’attends à la même chose en allant sur gazon ensuite. Depuis 1998, je n’ai jamais vraiment connu de soucis en changeant de surfaces. Les joueurs y sont habitués. Mais bien sûr en revenant de blessure, il y a un peu plus d’inquiétude, surtout quand l’absence a été aussi longue que la mienne. Pour le moment, la terre battue a été bénéfique pour moi et j’espère que ça m’aidera pour le gazon. Je suis convaincu que de devoir taper beaucoup de balles, devoir aussi vraiment les traverser parce que sinon sur terre battue on n’a pas d’impact, va vraiment me servir au moment de passer sur herbe.”
Murray a certes zappé la terre battue, mais pas par choix
Et là vous allez faire remarquer qu’Andy Murray vient de décider de zapper la saison sur ocre après deux matches de double et quelques semaines d’entraînement. Le tout pour se concentrer sur le gazon. C’est vrai, oui. Mais malheureusement pour Murray, c’est son corps qui a tranché : ses hanches et les muscles qui les entourent peuvent endurer un Roland-Garros ou un Wimbledon, pas les deux. Il a tout de même essayé. Simplement parce que, comme Roger et Serena, il manque tellement de compétition. Mais il va devoir faire sans match d’ici la saison sur herbe et ce n’est pas le scénario idéal. Si ça l’était, il l’aurait choisi dès le début.
Il est assez probable que si Federer avait pu jouer un nombre raisonnable de matches depuis son retour à la compétition à Doha, il ne serait pas en train de jouer sur terre battue. Mais son genou ne l’a pas laissé jouer suffisamment et a de fait choisi son programme pour lui. Il aurait été impossible pour Federer de passer de Doha à Halle puis Wimbledon sans avoir joué en tournoi. Impossible… En fait, si, il aurait pu : s’il avait simplement voulu jouer à Wimbledon. Mais Federer ne vient à Wimbledon que pour en repartir avec le trophée.
Et la terre battue est là pour l’y aider. Cette surface va lui donner le temps de jeu dont il a besoin pour son jeu et, surtout, pour sa condition physique. Peu importe l’âge, traverser la saison sur terre battue va permettre d’enchaîner sur herbe sans devoir se préoccuper de son endurance ou de sa capacité musculaire.
“Le gazon, c’est tellement court que tu ne peux pas vraiment te préparer spécifiquement pour ça”, explique Laffite. “Andy Murray choisit probablement le gazon parce que c’est plus clément du point de vue physique. Il aura tapé un peu plus tôt que les autres sur herbe, mais l’avantage n’est pas énorme parce qu’aujourd’hui les joueurs s’adaptent vite. Beaucoup de joueurs de terre battue ont bien joué sur herbe alors que le contraire est faux, ce qui prouve bien que la terre battue est une surface qui demande d’être très complet et qu’à aucun moment jouer sur terre battue ne pénalise sur herbe. Il y a tout à gagner en jouant sur terre battue. La seul chose chose qui peut être problématique, c’est le côté fraîcheur mentale, pas physique car ils ont le temps de récupérer. Physiquement, moi je n’y vois que des avantages.”
Florian Zitzelsberger, qui est le kiné de Petra Kvitova et co-gère une clinique à Regensburg, en Allemagne, où de nombreux joueurs et joueuses se rendent, confirme que le choix de Murray ne peut être dicté que par le niveau de risque que son corps peut accepter.
“Quand Andy joue sur terre battue, il doit se déplacer jusque dans les coins du court, changer les directions très souvent, car les échanges sont longs. Sur herbe, ses hanches doivent aussi travailler, mais il n’y aura pas autant de tension ni de surutilisation que sur ocre. Il faut tellement plus d’endurance sur terre battue, car les échanges sont plus longs. Vous devez en plus vous entraîner à glisser et ça a un impact totalement différent sur le corps, et surtout sur les hanches.
Sur gazon, on est plus sur la recherche de gagner en un coup de raquette, de trouver de la puissance et de l’explosivité, tout en devant rester bas sur les jambes car le rebond est bas. Une joueuse comme Petra Kvitova, qui est très puissante, elle arrive sur terre battue depuis le dur et doit soudain beaucoup plus travailler les points sous peine de prendre trop de risques et d’accumuler les fautes. Mais ça veut dire qu’au moment de passer sur herbe, elle est prête pour tout. Et en passant par des matches difficiles sur ocre, on n’a plus à se préoccuper de soucis d’endurance ou de respiration.”
Les stats sont formelles : briller à Roland-Garros, ça aide à aller loin à Wimbledon
Si on regarde nos Avengers des deux dernières décennies, les résultats parlent d’eux-mêmes. Lors de ses 8 titres et 4 finales à Wimbledon, Federer avait atteint 8 fois les demi-finales de Roland-Garros au minimum. Novak Djokovic a remporté 5 titres à Wimbledon et perdu 1 finale : dans le même temps, il avait disputé 2 finales, 3 demi-finales et 1 quart de finale à Roland-Garros. Sa première finale à Paris en 2012 avait été suivie d’une demi-finale à Londres, et son premier titre à Paris en 2016, d’une défaite au 3e tour à Londres. Rafael Nadal quant à lui a remporté 13 titres à Roland-Garros et il a enchaîné dans la foulée à Wimbledon avec 2 titres, 3 finales et 2 demi-finales.
Si on jette un oeil à Murray, on trouve qu’en parallèle de ses 2 titres, 1 finale et 4 demi-finales à Wimbledon, il avait aussi disputé 4 demi-finales, 2 quarts et 1 finale à Paris. En 2016, quand il avait joué la finale de Roland-Garros, il avait remporté le titre à Wimbledon dans la foulée. Serena Williams ? Sur ses 7 titres et 4 finales à Wimbledon, elle avait auparavant remporté 2 titres, atteint 1 finale, 1 demi-finale et 3 quarts à Paris.
“Roger Federer adore la terre battue. Il a beaucoup joué dessus quand il était jeune. Et je pense que la deuxième année où il avait choisi de ne pas s’aligner à Roland-Garros (2018, ndlr), il a senti ensuite que quelque chose manquait à son jeu”, estimait Guy Forget en marge d’une conférence de presse d’avant Roland-Garros 2021.
“Je pense honnêtement qu’il va jouer Roland-Garros parce que c’est ce qu’il y a de mieux pour lui en vue du reste de la saison, parce que la terre battue va lui permettre de hausser son niveau de jeu et qu’il aura des chances de mieux jouer à Wimbledon, justement grâce à ces matches sur ocre. La terre battue vous apprend la patience et la construction des points. Elle vous force à rester concentré pour plus de 2h30.”
L’ITF recense ainsi qu’entre 2000 et 2019, parmi les 133 joueurs du Top 10 ayant disputé au moins les huitièmes de finale à Roland-Garros, 40 d’entre eux (30%) ont atteint les demi-finales de Wimbledon dans la foulée. Voilà donc la théorie : quand un joueur est en forme, sa meilleure option pour bien jouer sur gazon est souvent de passer par la terre battue. Nous ne parlons évidemment pas de celles et ceux qui veulent briller dans les deux Majeurs. Parce que pour eux, il n’y a pas de débat : ils disputeront la saison sur ocre en entier avant de passer au gazon.
Il y a tellement d’émotions à gérer au tennis que c’est impossible à reproduire à l’entraînement à la maison en Suisse.
Florian Zitzelsberger, kiné de Petra Kvitova
Murray a dû se résoudre à un plan B qu’il avait déjà utilisé avec succès en 2013 quand, forfait à Paris suite à une blessure au dos à Rome, il avait remporté son premier titre à Wimbledon. Federer et Williams sont eux partis sur une version du plan A comportant une saison sur ocre allégée, tout en présumant qu’ils jouent sans blessures. La situation du Suisse apparaît ici un peu plus complexe, puisqu’il revient d’une double opération au genou gauche. Lui se trouve vraiment avec la migraine que tout cador souhaite éviter pour bâtir son programme. Il ne peut même pas se contenter de copier une stratégie gagnante du passé puisqu’il a tenté les deux options, avec succès !
En 2017, Federer avait choisi de faire l’impasse sur la saison sur terre battue et réussi à s’imposer à Wimbledon. La différence avec 2021 ? Il avait joué son début de saison habituel et même emporté l’Open d’Australie pour son retour de blessure. En 2016, il avait déjà zappé Roland-Garros, mais avait joué le reste de la saison sur terre battue avant de se blesser : il avait atteint les demi-finales de Wimbledon. En 2018, il avait repris la “méthode 2017” et zappé toute la saison sur ocre après avoir encore gagné à Melbourne, mais avait chuté en quarts à Wimbledon. Voilà peut-être aussi pourquoi il avait changé son fusil d’épaule en 2019 et fait son retour sur terre battue pour un résultat probant : quarts à Madrid, quarts à Rome, demi-finales à Roland-Garros et première finale à Wimbledon depuis le titre de 2017 – il passerait à un point de remporter son vingt-et-unième majeur.
“J’ai aussi déjà essayé de joué plusieurs tournois d’affilée sur herbe avant Wimbledon, mais j’ai trouvé que c’était vraiment dur d’enchaîner tout ça quand le vrai but de la saison pour moi est Wimbledon, a indiqué Federer. Je suis satisfait de mon programme, ça me va de jouer Genève, Paris, Halle et Wimbledon, je pense que c’est la bonne façon de revenir.
Quand je choisis Wimbledon comme priorité, alors c’est peut-être moins intéressant pour moi de jouer Roland-Garros… J’ai beaucoup réfléchi à ce que j’avais vraiment envie de faire et finalement j’ai dit à mon équipe que j’aimerais jouer Roland-Garros d’une manière ou d’une autre. Ils m’ont répondu que je devais aller là où se trouvait ma passion. Et puis il me manque des heures sur le court, je viens seulement de finir ma préparation physique et le but est d’aller chercher des matches qui seront comme des sessions d’entraînement privilégiées. Même si les résultats ne sont pas très importants, ce qui l’est, c’est de beaucoup jouer et d’oublier un peu la rééducation.”
Federer a besoin de matches. Alors la terre battue est appelée à la rescousse.
“Pourquoi Roger va jouer Genève et Roland-Garros en disant que les résultats ne comptent pas ? La seule réponse est : la condition physique en match, confirme Zitzelsberger. Le souci est qu’il y a tellement d’émotions à gérer au tennis que c’est impossible à reproduire à l’entraînement à la maison en Suisse. Il a besoin de renouer avec l’émotion de la compétition. C’est pareil pour Serena qui est allée jouer à Parme : elle sait que si elle ne joue pas en ce moment, elle n’en saura pas assez sur son jeu en match.”
Le passage de Roland à Wimbledon, c’est la spécialité de Djokovic
Cela confirme que la meilleure option des deux dernières décennies a été d’en passer par la saison sur terre battue. Un champion en bonne santé devrait préparer le gazon via l’ocre. En cas de blessure, l’impasse s’impose pour limiter les risques. “Si le joueur a besoin de matches et de confiance, alors sans aucun doute, je lui dis ‘allons sur terre battue et vite’, note Zitzelsberger. Mais si le joueur n’a pas totalement récupéré encore d’une blessure alors pourquoi aller sur terre battue, glisser de gauche à droite pendant des échanges à quinze coups au moins ? Non, on arrête ça et on pense au gazon.”
La zone grise reste : que faire pour un joueur qui manque de matches lors d’un retour de blessure, mais dont l’ambition principale est de gagner Wimbledon ? Les choix de Federer et Williams, ainsi que la tentative de Murray, donnent quand même une bonne partie de la réponse : il faut essayer de construire sa forme en forçant les gambettes à courir sur la terre battue.
Après tout, quel meilleur exemple que Djokovic pour démontrer les bienfaits de l’ocre en vue de Wimbledon ? Il ne joue quasiment pas sur gazon entre Roland-Garros et Wimbledon ! Dans le passé il a joué à Halle ou au Queen’s. Mais rarement. Car quand tout va bien, il décide toujours de faire une pause après Paris et d’arriver ensuite à Londres un peu avant Wimbledon pour quelques matches-exhibition et des entraînements. Depuis 2010, le Serbe a disputé 6 finales à Wimbledon, remportant 5 titres. Un succès bâti sur l’ocre.
Les courts en herbe ont ralenti, les balles aussi, alors il est beaucoup plus simple désormais de passer de la terre battue au gazon. Encore plus dans une ère du jeu dominé par des joueurs sans faiblesse, capables d’exceller sur chaque surface, chaque semaine de la saison. Le Big 4 puis le Big 3 ont effacé l’ancienne distinction entre les spécialistes de terre battue et de gazon, et ils ont poussé le reste de la concurrence à en faire de même pour avoir une chance de les contester.
Et voilà aussi pourquoi les meilleurs mondiaux ont hérité de nouveaux problèmes qui sont, soyons clairs, de ceux qu’il fait bon avoir. De vrais problèmes de riches ! Quelque chose comme, “Je suis génial partout alors comment m’assurer de gagner partout ?” Et tout ça au fil de carrières de plus en plus longues où on voit des joueurs et joueuses du top approchant la quarantaine. Beaucoup espèrent avoir à résoudre ce souci de surfaces pendant très longtemps.