Raonic : “Je ne pouvais plus avoir une vie normale”
Le Canadien, éloigné du circuit entre 2021 et 2023, peine à revenir à cause de blessures à répétition. Il se prépare à une fin de carrière proche.
Il n’apparaît sur le circuit que par intermittence pour claquer une flopée d’aces et déplacer sa grande carcasse (1m96), rouillée au fil des années. Absent du circuit entre juillet 2021 et 2023, Milos Raonic ne retrouvera probablement pas le niveau qui lui a permis d’être le premier Canadien à avoir atteint une finale en Grand Chelem (Wimbledon, 2016). Mais il semble s’être fait à cette idée.
Dans les colonnes de Tennis Magazine, le joueur de 33 ans raconte à quel point l’éloignement des courts pendant deux ans a été difficile (blessures au pied et au tendon d’Achille).
“Non seulement je n’ai pas pu frapper une seule balle pendant quasiment un an, mais je ne pouvais même pas faire de cardio. Du coup, j’ai pris du poids. J’étais beaucoup plus sédentaire que je ne l’avais jamais été dans ma vie. Quand j’ai commencé à faire des ajustements, j’ai perdu beaucoup de poids très rapidement, 18 kg en quatre ou cinq semaines. Je ne buvais que de l’eau et ne mangeais qu’un steak par jour, que je cuisinais moi-même ! Au début, c’était vraiment difficile, mais on s’habitue”, explique le principal intéressé, qui a joué son dernier match officiel aux Jeux Olympiques, battu au premier tour par l’Allemand Dominik Koepfer.
Raonic est toujours persuadé qu’il est en mesure de battre n’importe quel joueur sur un match. Difficile de lui donner tort : à Toronto, en 2023, il avait éliminé Frances Tiafoe, 10e mondial à l’époque. “Tout ça n’a jamais été une question de niveau. Les deux seules questions qui comptent, c’est : 1- Est-ce que je peux pousser le curseur physique pour me préparer comme je dois le faire, 2 – Est-ce que je peux maintenir cet effort physique match après match, semaine après semaine ?”
“J’ai accepté le fait que j’allais reconstruire ma vie”
Convaincu que sa carrière touche à sa fin, Raonic se rappelle ses batailles mentales et physiques pendant sa rééducation. L’ancien troisième joueur mondial raconte qu’il avait parfois du mal à marcher.
“Les progrès étaient tellement lents que parfois j’y arrivais, puis le lendemain je ne pouvais même plus sortir de mon lit. Ce n’est pas comme si je n’étais plus capable d’avoir une vie d’athlète, je ne pouvais tout simplement plus avoir une vie normale, avec de simples activités quotidiennes. C’est probablement ce qui a été le plus dur à vivre. Mentalement, ça vous épuise”, se remémore celui qui a battu le record d’aces au Queen’s (47) sur un match en deux sets gagnants depuis que l’ATP comptabilise les statistiques, en 1991.
“Il y a eu beaucoup de moments où j’étais à la maison dans mon canapé à regarder à la télé tous ces tournois que j’avais aimé jouer pendant tant d’années. Mais la plupart du temps, je ne prenais pas vraiment de plaisir car j’avais envie d’y être, j’avais envie d’avoir la chance de jouer, d’y participer.”
Le Canadien a surtout pris conscience de la deuxième vie qui l’attendait : “À côté de ça, pendant ces deux années, j’ai pu découvrir beaucoup de choses nouvelles, et les apprécier. Et j’ai réalisé une chose agréable : il y a une vie après le tennis. C’est quelque chose qui, quelque part, vous fait peur. J’ai accepté le fait que j’allais reconstruire ma vie et dépendre d’autre chose que du tennis.”
Avant de s’y plonger réellement, Raonic n’en a pas fini avec sa carrière de tennisman et envisage de continuer, au moins, jusqu’au au Masters 1000 de Toronto en 2025. Si son corps lui permet de le faire, comme toujours. “Ça a toujours été l’idée, mais c’est très loin”, temporise t-il.