Patrick Mouratoglou, sur la finale de Wimbledon : “Si c’était resté une bataille entre le service et le retour, Kyrgios aurait gagné”
Dans le dernier épisode de notre chronique “L’œil du coach”, Patrick Mouratoglou a analysé la finale de Wimbledon entre Novak Djokovic et Nick Kyrgios d’un point de vue tactique.
Observateur à l’œil aiguisé, Patrick Mouratoglou a regardé la finale de Wimbledon entre Nick Kyrgios et Novak Djokovic. Et, pour lui, l’Australien aurait remporté le match s’il s’était résumé à une bataille entre son service et le retour du Serbe, à l’image du premier set.
Dans le premier round, Kyrgios a fait mal à Djokovic avec son engagement pour l’emporter 6-4. Puis le Belgradois a su rebondir pour remporter les trois suivants 6-3, 6-4, 7-6 et soulever un 7e trophée à Wimbledon synonyme de 21e titre en Grand Chelem.
La capacité de Novak (Djokovic) à relancer a été très importante, parce que, dès lors, la clef du match a été les rallyes.
Patrick Mouratoglou
“Dans le premier set, Novak a vraiment eu du mal à retourner le service de Kyrgios”, a analysé le coach de Simona Halep dans notre format The Eye of the Coach. “Une fois qu’il est entré dans le match, il a commencé à mieux lire le service adverse. Il a beaucoup anticipé, en choisissant un côté, et l’a finalement breaké plusieurs fois (une fois dans le deuxième set, une deuxième fois dans le troisième). La plupart des jeux de service de Kyrgios sont devenus bien plus accrochés quand la première manche.”
“La capacité de Novak à relancer a été très importante, parce que, dès lors, la clef du match est venu des rallyes”, a ajouté l’ancien entraîneur de Serena Williams. “Au début de la rencontre, ce n’était pas le cas, la clef était le service. Si c’était resté comme ça, Nick aurait gagné, c’est certain. Mais comme nous le savons, Novak est probablement le meilleur relanceur du monde, voire de tous les temps.”
Poursuivant son analyse, Patrick Mouratoglou a estimé que Nick Kyrgios n’aurait pas dû accepter autant de faire durer les échanges face à Novak Djokovic.
Je crois que pendant la finale Nick (Kyrgios) a trop accepté les rallyes.
Patrick Mouratoglou
“Quand un joueur est capable de créer une incertitude constante, c’est extrêmement stressant pour l’adversaire qui se met à faire beaucoup plus de fautes”, a déclaré le Français. “Créer cette incertitude, c’est une des plus grandes forces de Kyrgios. Et Je crois que pendant la finale il a trop accepté les rallyes. Jouer de longs échanges, sans trop de cadence pour attendre la bonne balle à attaquer, ça a généralement du sens, mais pas contre Novak en finale de Grand Chelem.”
“Je pensais qu’il (Nick Kyrgios) prendrait beaucoup plus de risques pour créer plus d’incertitude (dans l’esprit de Novak Djokovic)”, a t-il continué. “Chaque fois que Kyrgios frappait plus fort, Novak essayait seulement, en quelque sorte, de remettre la balle. Mais quand Nick jouait à une vitesse normale, Novak le faisait bouger sans problème aux quatre coins du court pour le faire travailler.” Et c’est le Serbe qui a fini par récolter les fruits de ce travail, en soulevant le fameux trophée coiffé d’un ananas.