Nadal « proche de son meilleur niveau » dit De Minaur, « ne nous emballons pas », répond l’Espagnol
Rafael Nadal reconnaît que sa victoire contre Alex De Minaur était son test le plus important depuis son retour. Mais il demande à tout le monde de ne pas s’emballer sur son niveau réel, même si son adversaire l’a senti très fort.
C’est bien connu : le premier langage est celui du corps (le fameux body language). Samedi, la salle de presse de la Caja Magica l’a démontré en majesté. Alex de Minaur et Rafael Nadal en ont presque dit davantage sur les leçons qu’ils tirent de leur deuxième tour à Madrid par leur posture qu’en ouvrant la bouche au micro.
A ma gauche, De Minaur, presque affalé à cinquante centimètres du micro, vexé de n’avoir pas reproduit sa victoire de Barcelone contre Rafa après avoir senti qu’il était le favori du match le plus attendu du week-end, au Masters 1000 de Madrid.
A ma droite, Rafael Nadal, qui avait à peu près la même attitude avant son premier tour mercredi, à force de se bagarrer avec son physique depuis deux ans. Mais qui après avoir dominé le 11e mondial 7-6, 6-3 devant des fans surchauffés, a souri, ri, illuminé ses réponses avec son regard comme jamais depuis ses plus grandes levées en Grand Chelem – exception faite des réponses sur ce qu’a apporté son fils dans sa vie. « Le vase de la confiance se remplit petit à petit » a-t-il illustré.
Car au-delà de la forme, le fond valait vraiment que l’on tende de l’oreille, à quatre semaines de Roland-Garros, où l’Espagnol espère défendre ses chances une dernière fois. Ouvertement sceptique sur sa capacité à être compétitif au plus haut niveau, Nadal s’est rapproché samedi, au moins par moments, du monstre de la terre qui a terrorisé le circuit entre 2005 et 2022.
à Barcelone il n’était pas préparé. là, on l’a vu à un niveau proche de son passé.
Alex de Minaur sur Rafael Nadal
Pour De Minaur, les choses sont même plus claires : le monstre est en train de se réveiller. “J’aurais aimé mieux jouer, mais je considère que Rafa a évolué à un très haut niveau au cours de ce match. Autant à Barcelone il n’était pas préparé. Autant là, on l’a vu à un niveau proche de son passé. Son déplacement était bien meilleur. Son niveau et son intensité étaient élevés du début à la fin. »
Pas si vite, a répondu en substance Nadal, qui avait déjà recadré Stefanos Tsitsipas à Barcelone quand celui-ci l’avait désigné comme le favori du tournoi par sa simple présence. Le quatozuple vainqueur de Roland-Garros considère avoir « maintenu un niveau physique et tennistique correct », rien d’autre, débalonne-t-il.
« N’extrapolons pas sur ce qui est seulement la réalité d’un jour », a développé Nadal « J’ai encore beaucoup de frustrations dans mon jeu. J’ai la certitude d’avoir pu être compétitif à ce niveau aujourd’hui, mais pour parler de ‘meilleur niveau’, il faut se mettre d’accord sur l’objectif qui va avec. J’ai eu ces derniers temps beaucoup plus de problèmes physiques que je l’aurais aimé. Là je sors de trois journée positives oui, mais il reste beaucoup de gestes que je ne peux pas exécuter comme j’aimerais les faire. Je dois encore être prudent sur certaines courses. »
Je dois pratiquer un tennis probablement un peu plus lent et tactique
Rafael Nadal
« La façon dont je vois les choses est la suivante, a poursuivi Nadal. Si le physique répond comme je l’entends, alors je pourrai déployer le tennis que je veux déployer. Petit à petit, le lis mieux les matches, je lis mieux les balles. Mais je joue de façon plus tactique car je dois trouver des solutions aux problèmes que je viens d’évoquer. Parfois j’aimerais pouvoir orienter le jeu plus rapidement. Je dois pratiquer un tennis probablement un peu plus lent, me contenter d’attaquer les balles que je peux attaquer, faire en sorte que le rythme n’atteigne pas un certain niveau pour ne pas avoir à enchaîner les courses rapides. J’ai encore besoin de temps. Il y a eu de bons et de moins bon moments aujourd’hui. J’ai trouvé ma voie sans avoir une marge énorme. »
Si son physique est le principal barrage à son expression tennistique, Nadal a donné de bonnes raisons de parier sur un body language des grands jours ces prochaines semaines. Dernière question de la conférence de presse : « Avez-vous des douleurs consécutives à vos blessures récentes? ». « Non, pas aujourd’hui. Des bricoles ça et là, ces derniers jours, mais que je garde sous contrôle. » Si le physique de Nadal est sous contrôle, le reste du circuit ATP peut recommencer à se faire une image monstrueuse de son niveau. Cela semble avoir commencé.