Nadal : “Le but, actuellement, n’est pas de revenir et gagner Roland-Garros, mais je ne dis pas que c’est impossible”
Lors d’une interview accordée à la télévision espagnole, Rafael Nadal a répondu à de nombreuses questions au sujet de son avenir, sa santé ou encore de la course aux titres du Grand Chelem.
Neige est tombée, bourgeons ont fleuri, feuilles vont jaunir, neige va revenir… Et Rafael Nadal n’aura toujours pas refait son apparition. Mais après la pluie, vient le beau temps. Absent depuis le 18 janvier et une défaite au deuxième tour de l’Open d’Australie avec un psoas gauche usé par deux décennies de saisons sur le circuit, l’Espagnol se rapproche d’un retour à la compétition espéré pour début 2024.
Lundi soir, pour donner de ses nouvelles, l’homme aux 22 titres du Grand Chelem a accordé un entretien à la chaine de télévision espagnole Movistar+. “Oui, je veux rejouer et j’aimerais redevenir compétitif, mais le grand dessein (‘la ilusión‘, mot sans traduction française transcrivant parfaitement le sens) n’est pas de revenir et gagner Roland-Garros… ou l’Open d’Australie, que les gens ne se méprennent pas. J’ai parfaitement conscience qu’à ce moment de ma vie, tout ça est très loin. Mais je ne dis pas que c’est impossible, tout peut aller très vite dans le sport.”
Je maintiens que 2024 sera probablement ma dernière année, mais je ne peux pas le confirmer.
Rafael Nadal
Au point qu’il n’a pas encore de plan précis pour son futur. “Je maintiens que 2024 sera probablement ma dernière année, mais je ne peux pas le confirmer”, a-t-il répondu au journaliste Juanma Castaño. “Je vois l’état de mon corps actuellement, mais je ne sais pas comment il sera dans trois ou quatre mois. Peut-être que je ne pourrai pas jouer à haut niveau, peut-être que si mais sans être suffisamment bien pour être à 100%, ou alors il sera parfaitement remis et je me sentirai plein d’énergie pour continuer (au-delà de 2024).”
“Mais je n’ai même pas besoin de répondre à ces questions, mon corps le fera pour moi”, a-t-il poursuivi. “J’espère savoir plus précisément où j’en suis mi-novembre, pour pouvoir établir une feuille de route. L’idéal est de jouer en pouvant rivaliser au niveau maximum. Si c’est le cas, j’utiliserai cette possibilité pour disputer les tournois qui m’intéressent le plus. En attendant, je travaille, puis mon corps et ma tête m’apporteront les réponses.”
Si je pense que j’ai une chance de gagner Roland-Garros, j’adapterai mon calendrier. Sinon, je ferai une tournée d’adieux.
Rafael Nadal
Quant à la retraite, pas encore de réflexion précise. “Quitter le tennis aux Jeux olympiques (de Paris 2024) serait une belle touche finale, oui, si on est prêt à le faire”, s’est-il exprimé. “Si je pense que j’ai une chance de gagner Roland-Garros, j’adapterai mon calendrier pour choisir mes tournois de préparation. Sinon, j’aurai sans doute envie de jouer dans de nombreux endroits qui me tiennent à cœur pour faire une tournée d’adieux. (…) Je ne sais pas où et quand sera mon dernier match, je n’ai pas réfléchi à ça.”
Évidemment, le surnommé “Rafa” a eu droit à une question sur Novak Djokovic, qui, en son absence, lui est passé dans la course aux sacres en Grand Chelem, avec 24 trophées. “Si j’aurais aimé être le joueur avec le plus de titres en Majeurs ? Oui, mais ça n’a jamais été une obsession, et ça ne me frustre pas pour une raison simple : j’ai toujours fait le maximum, dans la mesure de mes moyens. On ne peut pas être frustré avec 22 titres du Grand Chelem.”
Pour Novak (Djokovic) ça aurait été plus frustrant de ne pas avoir le record de titres en Grand Chelem. Il a eu la capacité de pousser son ambition au maximum.
Rafael Nadal
“Novak le vit d’une façon différente”, a-t-il analysé. “Pour lui, ça aurait été plus frustrant de ne pas y arriver, et c’est sans doute pour ça qu’il l’a fait. Il a eu la capacité de pousser son ambition au maximum.” Castaño lui a alors rappelé ses 14 levées du Grand Chelem manquées pour blessure ; Djokovic en ayant raté une de la même façon, en plus des deux en raison de son statut de non-vacciné. “Novak a été meilleur, son style de jeu lui a permis de jouer plus que moi”, a réagi Nadal qui a pris part à 67 Majeurs au total, dont deux quittés sur forfait ; Djokovic 72.
“Peut-être que je vais revenir et gagner trois titres du Grand Chelem de plus, mais c’est peu probable”, a-t-il continué, en comparant la santé physique de Djokovic, traitant son corps comme un temple sacré, à la sienne. “Oui, si je pouvais, je changerais beaucoup de choses dans ma carrière. J’ai pris de mauvaises décisions aux moments de protéger mon physique, notamment quand j’étais plus jeune. J’ai fait des erreurs en pensant faire ce qui était le mieux pour moi.”
Mon psoas était dans un très mauvais état.
Rafael Nadal
Suite à sa blessure révélée à l’Open d’Australie, le gaucher des Baléares avait annoncé une absence de six à huit semaines. Finalement, près de cinq mois plus tard, il avait dû se résoudre à l’opération et la saison blanche. “J’ai été opéré de la hanche le 2 juin”, a-t-il expliqué. “Mon psoas était dans un très mauvais état. On m’a dit que sans opération, je ne guérirai pas même en m’arrêtant longtemps. L’intervention s’est bien passée, mais le temps de récupération est long.”
Pour se changer les idées, couper du monde du tennis, de ses infos et des résultats dans lesquels il ne pouvait plus s’ancrer, il a ensuite décidé de prendre la mer. “Je suis parti en vacances cinq semaines, et je n’ai fait que des exercices physiques en salle”, a-t-il révélé. “J’avais besoin de déconnecter. La mer me déconnecte, les horaires paraissent différents quand on est à terre. Ça a toujours été mon échappatoire. Avant, c’était pendant quelques jours. Là, pendant cinq semaines, je n’ai pratiquement pas touché mon téléphone, ni rien d’autre (de connecté à internet).”
Je vis avec une douleur contrôlée, même s’il m’est difficile d’être très heureux quand j’ai du mal à descendre mes escaliers.
Rafael Nadal, au sujet de son pied gauche
Malgré le repos et le traitement reçu l’an dernier, le syndrome de Müller-Weiss dont est frappé son pied gauche se fait toujours sentir. Et ce – à moins que la science progresse – pour toujours, c’est incurable. Néanmoins, le mal est atténué. “Vivre en ressentant pas mal de douleur a eu un impact sur mon humeur”, a-t-il confié. “Désormais, je vis avec une douleur contrôlée, qui ne me rend pas amer. Même s’il m’est difficile d’être très heureux quand j’ai du mal à descendre mes escaliers.” Faisant face à l’érosion due à l’alliance du temps et du poids de toutes ces années à haut niveau, le monument majorquin a toutefois repris la raquette.
À petite dose. “Je m’entraîne 40 minutes trois fois par semaine, et je fais pas mal de travail en salle”, a-t-il détaillé. “Actuellement, quand je m’entraîne, je m’ennuie alors que j’adore ça en temps normal. Je joue sans pouvoir bouger avec l’intensité dont j’avais l’habitude, même si je frappe bien la balle. Je dois me contenir malgré l’envie de courir. Je me suis toujours ennuyé pendant les périodes de remise en forme, mais ça ne m’a jamais empêché d’être concentré et motivé.” Au point d’avoir été vu, plusieurs fois dans sa carrière, à s’entraîner sous la pluie. En attendant le beau temps. Comme une allégorie de sa carrière.