Nadal, avant de retrouver Alcaraz : “A l’heure actuelle, il est meilleur que moi”
Tombeur de David Goffin après un duel épique et quatre balles de match sauvées, Rafael Nadal a rendez-vous avec Carlos Alcaraz en quarts de finale du Masters 1000 de Madrid.
Au bord du gouffre, mené six points à quatre dans le jeu décisif de la troisième manche Rafael Nadal a chaussé ses bottes de sept lieues pour faire un grand pas en avant. Un pas si grand qu’il a enjambé l’abysse pour sauver les deux balles de match, puis deux de plus quelques instants plus tard, pour s’imposer 6-3, 5-7, 7-6 en 3h10 face à David Goffin en huitièmes de finale du Masters 1000 de Madrid.
“J’ai souffert pendant ce match”, a-t-il répondu en conférence de presse. “Mais je l’ai toujours répété, vous devez apprendre comment vivre ces moments, et aussi apprendre à les apprécier. C’est pour ça que nous travaillons, pour ces moments de frissons. A ce stade de ma carrière et à mon âge, c’est un cadeau pour moi de continuer à jouer en compétition et d’être encore à ce niveau.”
Après un mois et demi d’absence en raison d’une côte fissurée l’ayant empêché de bien pouvoir se préparer physiquement avant le début du tournoi, le Majorquin a remporté son deuxième match de la saison sur terre battue. En alternant, comme mercredi contre Miomir Kecmanovic, le bon et le moins bon. “J’ai mieux joué hier (mercredi) qu’aujourd’hui”, a-t-il même analysé en conférence de presse. “Quand vous restez longtemps sans jouer, vous savez que vous allez avoir des hauts et des bas à votre retour.”
J’ai souffert, mais il faut savoir apprécier ces moments. C’est pour vivre ces frissons que nous travaillons.
Rafael Nadal
“Ce que j’ai mieux fait (face à Goffin que contre Kecmanovic), c’est le service”, a-t-il ajouté. “Notamment dans le troisième set. C’était mieux qu’hier (contre Kecmanovic) et que lors des deux premières manches (contre Goffin). J’en avais besoin parce que j’étais en difficulté en retour (dans la troisième manche contre Goffin). Je n’arrivais pas à trouver de la longueur de balle à la relance, et il en tirait profit dès la frappe suivante.”
Lors du dernier acte, l’Espagnol a claqué quatre aces (contre un dans la première manche, deux dans la deuxième), et a affiché 83% de points gagnés derrière son premier service (75% dans la première manche, 70 % dans la deuxième) et 73 % après le second (45% dans la première manche, 47% dans la seconde). En revanche, à la peine pour allonger les retours avec son revers depuis sa position reculée, il a souvent subi la loi de Goffin dès la frappe suivante.
Autre point de satisfaction pour le Majorquin : avoir été capable de tenir 3h10. “A moyen terme, la victoire d’aujourd’hui (jeudi) est une bonne chose”, a-t-il analysé. “J’ai été capable de rester plusieurs heures sur le court, c’est positif pour mon jeu. Evidemment, ça l’est moins pour la suite du tournoi. Nous verrons comment je me sens demain (vendredi) matin au réveil. Je dois être prêt à accepter que ce ne sera peut-être pas facile. Maintenant, nous devons penser à ce qu’il faut faire pour être dans les meilleures dispositions possibles.”
A l’heure actuelle, je pense qu’il (Carlos Alcaraz) est plus fort que moi. Mais le plus important, c’est d’être le plus fort dans trois semaines (à Roland-Garros).
Rafael Nadal
En quarts de finale, le tableau lui a dessiné un duel face à l’un des artistes du tennis les plus en forme du moment : Carlos Alcaraz, qui a fêté ses 19 ans ce 5 mai avec une victoire 6-4, 6-7, 6-3 contre Cameron Norrie. Vainqueur 6-1, 6-2 sur l’ocre madrilène l’an passé le jour des 18 printemps du prodige, Nadal a dû nettement plus s’employer pour en venir à bout à Indian Wells en mars. Un succès 6-4, 4-6, 6-3, au cours duquel il s’était d’ailleurs fissuré la côte en fin d’empoignade.
“Ce sera un match très, très difficile”, a déclaré l’homme aux 21 titres du Grand Chelem. “A l’heure actuelle, je pense qu’il est meilleur que moi. Il est dans une bonne dynamique, dans une meilleure forme physique que moi et plus en confiance. J’en suis conscient, je suis quelqu’un de très réaliste. Mais ça ne veut pas dire que je pense ne pas pouvoir gagner. Je vais essayer de faire tout mon possible pour être compétitif. Et peu importe le résultat, ce sera positif pour moi pour le futur. Au final, le plus important, c’est d’être le meilleur dans trois semaines (à Roland-Garros). C’est mon objectif.”
S’il atteignait ce but, Rafael Nadal pourrait remporter son 14e Roland-Garros. Avant, peut-être, que Carlos Alcaraz n’en glane quelques uns dans le futur. “En tant que fan de tennis et de sport, c’est super que nous ayons Carlos”, s’est enthousiasmé le Baléare. “Il est en capacité de maintenir le tennis à un niveau aussi élevé que possible pendant, espérons-le, de nombreuses années. Il va nous offrir beaucoup de très bons moments pendant les 10, 12, 14 prochaines saisons.” Car, comme tout le monde, le gaucher l’a bien vu : le gamin avance à pas de géants.