Madrid : Struff rejoint Alcaraz et devient le premier lucky loser en finale d’un Masters 1000 !
Battu par Aslan Karatsev au dernier tour des qualifications, Jan-Lennard Struff a pris sa revanche (4-6, 6-3, 6-4) en demi-finale du Masters 1000 de Madrid vendredi soir. Dimanche, il a rendez-vous avec Carlos Alcaraz.
Amateur, et pratiquant, de magie à ses heures perdues, Constant Lestienne a réussi un tour jamais vu auparavant : à Madrid, il a envoyé un lucky loser en finale d’un Masters 1000 pour la première fois de l’histoire. En quelque sorte, pour faire dans le “capilotracté”, car c’est suite au forfait du Français que Jan-Lennard Struff a été repêché dans le tableau final. Clin d’œil du destin, l’Allemand s’est imposé 4-6, 6-3, 6-4 en demi-finale face à Aslan Karatsev, son bourreau – 6-4, 6-2 – du dernier tour de qualification, le 25 avril.
“Après ma défaite, j’ai entendu qu’un gars, je crois que c’était Lestienne (dont le forfait a été annoncé la veille), puis Fognini s’étaient retirés”, s’est-il remémoré en conférence de presse. “Et en cas de forfait avant la fin des qualif’, les lucky losers sont tirés au sort (sinon, ce sont les mieux classés des éliminés du dernier tour qui sont repêchés). Il y avait deux places, et trois prétendants, j’ai fait parti des deux chanceux. Ensuite, il y a eu un nouveau désistement et Altmaier a été le troisième lucky loser (pour remplacer Pablo Carreño Busta).”
Ce vendredi, peut-être un peu émoussé par son duel de 2h30 face à Stéfanos Tsitsipás la veille, le protégé de Cartsen Arriens – son coach, ancien 109e mondial – a subi la puissance de frappe “facile” du Russe dans la manche d’ouverture. Semblant en-dessous de son adversaire sur le plan physique, le 65e mondial est parvenu à remonter la pente.
Loin d’accuser le coup après la perte de l’acte initial alors qu’il menait 3-1, Struff s’est montré nettement plus réactif sur les jambes dans le deuxième set, pour pouvoir répondre d’une meilleure façon aux retours agressifs de Karatsev. Tout en étant plus performant au service. Résultat : seulement quatre points lâchés sur son engagement, aucune balle de break concédée et une convertie, d’entrée, sur deux occasions pour pousser la partie au troisième round.
Karatsev, touché à la cuisse gauche
Dans le dénouement, “JLS” a su maintenir son niveau pour profiter d’une baisse physique de l’actuel 121e du classement ATP. À 2-2, 15-40, après l’attaque qui lui a permis de se procurer la balle de break ensuite gagnée, il a vu le demi-finaliste de l’Open d’Australie 2021 se tenir la cuisse gauche. Celle qui était déjà solidement arnachée dans un bandage épais.
Quelques minutes plus tard, à 4-6, 6-3, 4-3, Karatsev a fait appel au kiné, pour se faire masser la zone douloureuse, et au médecin pour prendre des cachets. Des anti-douleurs, probablement. Malgré l’interruption, Struff n’a pas flanché, contre un opposant qui, bien qu’affichant un faciès aussi illisible qu’une bûche, a montré de vrais difficultés sur certains appuis et déplacements.
À 4-6, 6-3, 5-4, sur le service de Karatsev, au cours d’un jeu dantesque d’une quinzaine de minutes, Struff a eu quatre balles de match. En vain. L’énergie du désespoir ou l’effet des anti-douleurs, il a vu son adversaire retrouver sa mobilité du premier set. Il lui a fallu passer par la pression de servir pour aller chercher sa première finale de Masters 1000.
Dans son bras, la tension a dû s’accentuer après la perte du premier point. Mais il a su la contrôler pour remporter les quatre échanges suivants et s’offrir sa deuxième finale sur le circuit principal, après celle perdue sur l’ocre de Munich contre Nikoloz Basilashvili 2021.
Struff n’a pas oublié ses deux matchs précédents contre Alcaraz
“j’ai vu qu’il (Aslan Karatsev) avait un souci avec sa jambe à la fin, je suis désolé pour lui et je lui souhaite le meilleur pour la suite”, a-t-il déclaré, fair-play, lors de l’interview sur le court. “Je n’ai joué qu’une seule finale dans ma carrière, et c’était sans public (en raison des restrictions dues au covid). Ici, le public est incroyable,, même si je sais qu’il ne sera pas derrière dimanche moi (sourire).”
Car, pour soulever le trophée, il a maintenant rendez-vous avec Carlos Alcaraz. La nouvelle idole du peuple espagnol, tenant du titre, qui reste sur dix victoires de suite grâce à son sacre à Barcelone avant d’arriver en Castille. Un “Carlitos” que “Jean-Léonard” a déjà croisé deux fois, pour un bilan d’une victoire partout.
“J’ai réussi à le battre, en 2021 je crois (6-4; 7-63, 6-2 au troisième tour de Roland-Garros)”, a rappelé Struff. “Mais il était encore très jeune à ce moment-là (18 ans). On s’est de nouveau rencontré en 2022, à Wimbledon, ça avait été très serré (4-6, 7-5, 4-6, 7-63 6-4 pour Alcaraz, au premier tour). Cette fois, c’est chez lui, sur terre battue où il a accumulé les victoires récemment, mais je vais donner mon maximum.”
Jan-Lennard Struff est déjà assuré d’atteindre son meilleur classement à l’issue du tournoi. Lundi, il sera au minimum – en cas de défaite en finale – 28e de la hiérarchie planétaire. Soit un rang de mieux que son record, atteint le 31 août 2021. De quoi montrer qu’à 33 ans, après une blessure au pied l’ayant en partie fait chuter jusqu’au 168e rang l’an passé, il a encore quelques atouts dans sa manche.
L’autre demi-finale à Madrid (Masters, terre battue, 7.705.780 EUR) :
- Carlos Alcaraz – Borna Coric (N.17) : 6-4, 6-3