Monfils : “Tout le monde me dit que je suis encore jeune”
Gaël Monfils aborde son seizième de finale contre Carlos Alcaraz dans une situation idéale : rassuré sur son niveau et plein d’ambition.
Samedi, avant qu’un orage grandeur nature douche Miami pendant 36 heures, le Stadium Court du tournoi floridien avait été prêté au footballeur brésilien Ronaldo, qui avait échangé quelques balles avec Patrick Mouratoglou. Les deux hommes, après un double épique, ont devisé sur les matches de la veille. « Monfils hier, c’était génial, il va tellement vite », s’extasiait Ronaldo qui, en termes de vitesse, en connaissait un rayon au carrefour des années 1990 et 2000.
Ce lundi soir contre Carlos Alcaraz, en seizième de finale à Miami, Gaël Monfils devrait pouvoir trouver à qui parler en termes de vitesse de déplacement. Mais avant cette rencontre programmée en night session (19 heures locales, minuit en France), la Monf’, à 37 ans, savoure ses progrès visibles et flaire la bonne odeur des gros matches dont il a été trop longtemps éloigné entre août 2022 et mai 2023 à cause d’une blessure au pied.
« Je bouge mieux, je tente davantage, affirmait-il cette semaine après avoir été intouchable au service au premier tour contre Dusan Lajovic (7-6, 6-4). Tout le monde autour de moi me dit que je suis encore jeune. Je me sens rapide sur le court. Alors pourquoi ne pas tenter des gros coups dans les gros tournois ? »
Monfils : “Mon niveau moyen progresse tous les jours”
Quand il a prononcé cette phrase, Monfils était encore loin de se projeter sur un troisième tour contre Alcaraz. Il préfère, dit-il, ne pas regarder son tableau et la tâche proposée au deuxième tour contre Jordan Thompson (6-7, 6-1, 6-2), lui semblait déjà une épreuve en soi. Il l’a franchie, comme la confirmation d’un état de forme qui croît à vue d’œil après le set pris à Sinner à Rotterdam, la demi-finale à Doha et le huitième de finale à Indian Wells (succès sur Hurkacz et Norrie).
« Je dis toujours que le vrai bon joueur, c’est celui dont le niveau quotidien ne descend pas en-dessous d’un certain niveau, dit l’actuel 47e mondial. Mon niveau moyen progresse tous les jours. Je tiens physiquement en jouant quasiment chaque semaine, et ça m’aide à me projeter. »
Pas besoin de chatouiller Monfils très longtemps pour comprendre où se situe son ambition : redevenir tête de série dans les tournois et se rapprocher de son classement d’avant blessure, à savoir 20e mondial. « Ça change la vie d’avoir ce classement, sourit-il. Tu es exempt de certains premiers tours, tu évites les gros d’entrée, du coup tu as moins de fatigue. » Même si sa victoire au tournoi de Stockholm fin 2023 lui a fait un bien fou, Monfils ne formule pas ses objectifs en termes de “trophées” ou de “tours” à passer. Plutôt en terme de sensations, de plaisir, d’attitude.
j’en avais surtout ras-le-bol d’entendre les gens parler. « Est-ce que n’est pas l’année de trop ? »
Gaël Monfils
« Il y a un an, j’arrivais à peine marcher, c’était horrible, se souvient-il. Je n’ai pas commencé à pouvoir tirer vraiment pendant les séances avant l’été. Mais au-delà de ça, j’en avais surtout ras-le-bol d’entendre les gens parler. “Est-ce que n’est pas l’année de trop ?” Andy Murray l’a dit : c’est chiant de se voir demander “Tu arrêtes quand ?”. J’ai réussi à en faire abstraction. Oui j’ai un certain âge. Mais j’ai le droit d’être moins fort, de l’accepter et de travailler pour provoquer la réussite et la confiance. »
Monfils confirme ce qu’il avait indiqué dans le programme vidéo « All on the Table » d’UTS : il espère jouer jusqu’à ses 40 ans, c’est-à-dire jusqu’en 2026. « Je suis super transparent parce que c’est la fin, lâche-t-il. Dans mon vlog (son journal vidéo sur YouTube, je montre que j’en chie. A Montpellier, je n’ai pas de sensation et à la fin de l’épisode je suis quasiment en finale d’un tournoi. J’y crois, je taffe. Il y a des hauts et des bas, mais plus que tout, j’y crois. » Même contre Alcaraz.