Monfils, sur Alcaraz : “Là, il n’y a plus d’âge, il est déjà le présent du tennis”
Éliminé en huitième de finale d’Indian Wells dans la nuit de mercredi à jeudi, Gaël Monfils, de son propre aveu, n’a rien pu faire face au prodige Carlos Alcaraz.
Indian Wells 2022 | Tableau | Programme
“Le jeu d’Alcaraz ne convient pas du tout à Gaël. Il t’empêche de respirer. Tu n’as jamais le temps de souffler avec lui. Du premier au dernier point, il te rentre dedans. Et il n’a peur de rien.”
L’analyse est signée Günter Bresnik , coach de Gaël Monfils, lors d’un entretien accordé à L’Équipe en amont du huitième de finale d’Indian Wells entre son joueur et Carlos Alcaraz. Bien vu. Après sa victoire de prestige face au numéro 1 Daniil Medvedev au tour précédent, le Français n’a jamais trouvé la solution contre le prodige de 18 ans, 19e mondial, dans la nuit de mercredi à jeudi. Défaite 7-5, 6-1 en 1h17.
Je ne peux que lui dire bravo. (…) Il m’a déchiré.
Gaël Monfils
S’il a résisté jusqu’à 5-5 en écartant deux balles de break, “la Monf'” a fini par imploser en ne remportant qu’un seul des huit jeux suivant. La faute, un peu, a une première balle en berne – 58 % dans la première manche, 50 % dans la seconde -, et, surtout, au niveau proposé par son adversaire. “Il a été beaucoup plus fort que moi”, a expliqué l’actuel 28e du classement ATP en conférence de presse. “Il a mis une intensité, une tactique en place et puis ‘merci, au revoir’. (…) Je ne peux que lui dire bravo, même si c’est dur, car ça signifie mettre son ego de côté. Parce que tu veux gagner quand même, et le mec te déchire.”
Pour son premier affrontement avec le protégé de Carlos Ferrero, le natif de Paris s’est senti impuissant. “À un moment j’ai senti qu’il me bloquait avec son plan de jeu et je n’arrivais pas à en sortir”,a-t-il analysé. “Il a commencé à jouer lourd, en combinant avec des amorties. Il a aussi changé deux, trois trucs ensuite. Il avait réponse à tout. À la fin, j’en étais même à en rigoler. C’est ma façon de réagir, pour me relâcher, parce que ça te tend de voir ce qu’il fait. Il me mettait des points gagnants, et moi je n’arrivais pas à le déborder. J’avais besoin de me relâcher, parce qu’il jouait très bien et je sentais que je n’arrivais plus à le gêner. Il a mis une, deux vitesses de plus… Il était trop fort sur ce match.”
Il fait tout très bien.
Gaël Monfils
Le Tricolore, 36 printemps en septembre, a eu beau chercher, il n’a trouvé aucune faille dans le jeu de son jeune bourreau. “Sa qualité de frappe est incroyable, c’est certain, mais son déplacement aussi”, a-t-il commenté. “Je ne le pensais pas aussi rapide, notamment latéralement. Il retourne très bien, je n’arrivais pas à le déstabiliser. Pourtant, dans le premier set, j’ai envoyé au service. Son service aussi est bon. Il a passé beaucoup de premières assez puissantes. Puis son deuxième coup est incroyable, c’est ce qui m’a le plus fait sourire.”
“Tu te dis ‘j’ai pu retourner’ ou ‘j’ai bien servi’ et là, tu te prends un deuxième coup incroyable”, a-t-il détaillé. “Physiquement, il m’a bouffé. Pas parce que j’étais fatigué, mais par l’intensité qu’il mettait. Il était partout et me marchait dessus. Il est très athlétique, avec un jeu plein de panache. Il tape, vient à la volée, place des amorties… Il fait tout très bien.” Alcaraz, 19 balais en mai, est devenu le plus jeune joueur à se qualifier pour les quarts de finale du BNP Paribas Open depuis Michael Chang et ses 17 ans en 1989.
Il va accomplir des choses exceptionnelles.
Gaël Monfils
“Là, il n’y a plus d’âge”, a répondu Monfils devant les journalistes. “Oui, il a toute la vie devant lui pour accomplir des choses exceptionnelles, et c’est ce qu’il va faire, mais il n’est pas que le futur du tennis, il est déjà le présent. Beaucoup sont dans le paraître, ils font semblant, mais, moi, j’apprécie sincèrement ce que fait ce gars. Ce qu’il m’a proposé aujourd’hui (mercredi), c’était trop dur moi. Mais je me réjouis de l’affronter à nouveau à l’avenir pour essayer de lui opposer quelque chose de différent.” Quant à Carlos Alcaraz, pour son premier quart de finale en Masters 1000, il a désormais rendez-vous avec Cameron Norrie.
Ce dernier a beau être mieux classé, 12e, et tenant du titre, c’est, paradoxalement, au natif d’El Palmar de supporter le poids du costume de favori. Et le plus impressionnant, c’est qu’il a déjà les épaules pour.