Medvedev fait de nouveau sauter le verrou Djokovic
Daniil Medvedev a réussi à mettre un terme à la domination de Novak Djokovic sur ce début de saison en le dominant (6-4, 6-4) à Dubaï.
Daniil Medvedev a brisé deux séries en une seule victoire (6-4, 6-4), ce vendredi à Dubaï. Le plus important pour lui, celle de quatre défaites de rang face à Novak Djokovic depuis sa victoire face au Serbe en finale de l’US Open 2021.
Toujours mené dans leurs duels (9-5), il réduit la marque et surtout se défait un peu de l’emprise psychologique que le n°1 mondial avait sur lui. Quand on vise les plus grands titres, il n’est jamais bon qu’un de vos plus grands rivaux devienne votre bête noire…
“A chaque fois que je bats Novak, c’est un sentiment incroyable”, a indiqué Medvedev après la rencontre. “C’est probablement le plus grand joueur de tous les temps, ou l’un des tout plus grands joueurs de tous les temps, alors à chaque fois que je réussis à le battre c’est extraordinaire.”
Si je suis capable de battre Novak, alors je peux battre n’importe qui.
Daniil Medvedev
“Cette fois c’est peut-être juste un peu moins fort car ce n’est pas une finale. Mais battre Djokovic, ça booste toujours la confiance : si je suis capable de battre Novak, alors je peux battre n’importe qui.”
L’autre série que Medvedev a détruite – ce qui fera sans aucun doute un peu de bien dans les vestiaires où le spectre de passer encore une saison à récupérer les miettes laissées par Djokovic se profilait – c’est celle des 20 victoires consécutives du Serbe depuis son triomphe en Novembre au Masters.
Invaincu en ce début de saison après ses victoires à Adélaïde et l’Open d’Australie, Djokovic commençait forcément à engranger une confiance dangereuse pour le reste de la meute. Non que la défaite du jour soit vouée à casser sa dynamique, mais elle va au moins mettre un peu d’eau froide sur la raquette du patron.
Mais quel niveau de jeu il faut quand même pour se défaire du Djoker ! Daniil Medvedev dans cette forme-là est peut-être en ce moment le seul capable de trouver la parade : en se transformant en véritable mur, il a usé tous les plans de “Nole”.
En fait, Medvedev a tout fait un peu mieux que Djokovic ce vendredi : il a mieux servi (78% de points gagnés sur son premier service contre 67% pour le Serbe, une seule balle de break concédée), mieux négocié les points cruciaux et a commis moitié moins de fautes (14 contre 7, pour 27 points gagnants à 30). Il a également mieux retourné que Djokovic (35% contre 34%, fait suffisamment rarissime pour être noté.
Medvedev, arrivant sur la lancée de son doublé Rotterdam – Doha, a pris l’ascendant d’entrée sur Djokovic en menant rapidement 5-2. Il n’a pas payé les deux jeux encaissés à ce moment-là car il a parfaitement su fermer la porte sur son service. Le sang-froid malgré la pression imposée par le Serbe, voilà ce qui a sauvé la peau de Medvedev lors de cette demi-finale. Il s’est également montré bien plus pragmatique que Djokovic et a moins donné à l’échange.
Difficile pour autant de tirer tous les enseignements possibles sur le futur de cette rivalité en 2023 car Djokovic, il ne faut pas l’oublier, n’avait plus joué depuis Melbourne et revenait de blessure. Ce manque de temps de jeu explique peut-être aussi pourquoi on l’a parfois trouvé impatient à l’échange.
Pour défoncer la muraille Medvedev, il faut y aller brique par brique car elle ne tombera pas en trois coups de raquette. Or, pas sûr que Djokovic avait ce type de combat dans les jambes et la tête pour sa reprise.
Son deuxième set était bien meilleur que le premier, notamment dans ce jeu au filet qui fait partie de l’arsenal à développer contre un Medvedev tranquillement planté loin de sa ligne de fond pour contrer et distribuer.
Côté Medvedev, on a pris ses tentatives de montée comme un aveu : celui de ne pas avoir ce qu’il fallait ce jour-là pour le battre. “Je crois qu’il tentait surtout de trouver quelque chose pour s’en sortir alors qu’il ne se sentait pas à son meilleur niveau. Au moins ça prouve que ça lui arrive à lui aussi, parce que parfois on commence à douter !”
Mais ce diable de Daniil a vraiment retrouvé tout son mordant depuis Rotterdam. On le lit quasiment sur son visage : très peu de doute, très peu de tension. Et en jouant relâché, il retrouve tout ce qui fait de son jeu un poison pour la concurrence : un service très difficile à lire, des coups de contre qui peuvent partir de nulle part et un jeu de jambes toujours aussi incroyable pour sa taille qui, allié à son coup d’oeil d’orfèvre, lui permet de venir casser la tête adverse en ramenant toujours une balle de plus.
“Je sens que je suis en confiance : je trouve les bons coups aux bons moments, je prends très souvent les bonnes décisions. Ce n’est pas la première fois dans ma carrière que je me retrouve à surfer sur la bonne vague, alors je sais comment faire durer ce sentiment.”
Djokovic n’a ainsi pas réussi à suffisamment tenir le mano a mano pour travailler Medvedev, le faire tomber de son nuage, et finir par se créer quelques petites brèches, alors que Medvedev a lui parfaitement su bondir sur la moindre ouverture dans le jeu adverse. Il n’a pas gâché et a su tenir son avance à chaque fois jusqu’au bout, imperturbable.
“C’est un champion, alors forcément il allait tout essayer. Et c’est un joueur tellement extraordinaire que je savais qu’il fallait rester concentré jusqu’aux derniers points pour gagner ce match.”
Cette 13e victoire de suite vaut pour Medvedev sans doute autant qu’un titre. Quant à Djokovic, il a trouvé en Medvedev le baromètre parfait pour juger son jeu au moment d’aborder les Masters 1000 d’Indian Wells et Miami : il revient à peine mais il est déjà parfaitement dans les clous. On a hâte de retrouver ces deux-là dans les semaines à venir quand les choses très sérieuses se profileront. En attendant, Medvedev va désormais avoir l’occasion de conquérir un troisième titre de suite, ce samedi face à Andrey Rublev.