Medvedev donne une leçon de réalisme à Rune et triomphe à Rome
Daniil Medvedev a remporté le Masters 1000 de Rome dimanche aux dépens de Holger Rune (7-5, 7-5). Son premier titre sur terre battue.
Et maintenant, il glisse. Daniil Medvedev a fini par convaincre son cerveau qu’il pouvait dompter la terre battue et ses efforts ont été récompensés dimanche par un premier titre. Pas n’importe lequel ! Medvedev, finaliste à Barcelone en 2019, ouvre ainsi son palmarès sur l’ocre avec le Masters 1000 de Rome, infligeant à Holger Rune (7-5, 7-5), déjà finaliste malheureux à Monte-Carlo, un deuxième crève-coeur.
Ou plutôt, un deuxième casse-tête. Car le Danois de 20 ans a encore montré dans la toute dernière ligne droite qu’il était toujours un peu trop tendre sous très haute pression. Medvedev, lui, est devenu le premier joueur à s’imposer à Miami et Rome dans la même saison depuis Novak Djokovic (2011, 2014, 2015) et Andre Agassi (2002).
Le n°3 mondial de 27 ans a joué de tout son pragmatisme dimanche dans le Foro Italico afin de laisser le jeune loup se casser les dents dessus. C’est donc la glace qui l’a emporté sur le feu. Au jeu du chat et de la souris, Rune a tenu la dragée haute à Medvedev du début à la fin, seulement en face c’est un peu le maître chat.
Alors on ne reste pas forcément convaincu qu’accepter cette bataille est la meilleure solution face à Medvedev, même sur une terre battue rendue lente par toute cette pluie qui s’est encore abattue sur Rome et a retardé le début de la finale d’1h30.
Medvedev fut le plus en danger des deux dans le premier set, ayant deux balles de break à sauver à 2-2 et semblant un tout petit peu en-dessous à l’échange. Mais il a diablement bien servi dans cette manche et ça a fini par porter le reste de son jeu. Entre les deux, ça allait se jouer à rien et, dans le money time, c’est Rune qui a lâché face à sa première balle de break sur un choix d’amortie qu’il avait de quoi rageusement regretter.
Et par la suite, c’est tout autant le réalisme de Medvedev qui a payé que le manque de sang-froid adverse face à des opportunités qui se sont pourtant enchaînées.
Rune, qui n’a déjà plus à prouver quel sacré combattant il est, a ainsi fait le break d’entrée de deuxième set (2-0) puis encore une fois pour mener 5-3. Le souci, c’est qu’il n’ jamais réussi à enfoncer le clou et ce malgré quelques échanges à couper le souffle !
Face à Medvedev, il faut de la patience pour le travailler au corps et forcer son destin au travers de la muraille, et il faut la caisse qui va avec. Il faut aussi trouver la parade face à ce revers à plat d’une précision chirurgicale et qui peut partir de n’importe quel coin du court et trouver les angles les plus improbables. Rune y était parvenu à Monte-Carlo et a encore prouvé cette semaine qu’il pouvait être candidat à tous les titres face à n’importe qui, mais il lui a manqué un tout petit supplément d’âme pour refaire le coup ce dimanche.
Medvedev, bien installé en fond de court et dont les jambes tournent désormais vraiment bien sur ocre, n’a jamais offert à Rune la moindre notion de doute. Il est resté solide et a attendu que la brèche s’ouvre. Rune, tout feu tout flamme, s’est finalement cassé dent après dent sur un joueur qui avait réponse à tout et qui construisait aussi sur le moindre signe de fébrilité
Medvedev a aussi fait la différence physiquement face à un Rune qui avait encore bien donné dans la semaine et qui, dans ce mano a mano palpitant, a semblé manquer encore un peu de jus quand il aurait fallu placer l’estocade finale. On aurait pourtant bien pris un troisième set de cette bataille entre la génération qui entend continuer de s’installer au pouvoir et celle qui, impatiente, meurt d’envie de griller la politesse.
Mais Medvedev a claqué la porte et assumé le rôle du patron, comme il assumera sans aucun doute d’arriver à Paris dans la peau de celui qui peut faire le hold up et achever d’enterrer la notion de spécialiste de terre battue. Débarrassé de ses démons terriens, Medvedev n’a plus du tout la même allure.