Matteo Berrettini en 2021 : incontestable leader du tennis italien, (toujours) sur une pente ascendante
Depuis trois ans, Berrettini ne s’arrête plus. 100e au classement en 2018, 50e en 2019, il confirme cette année sa place dans le Top 10. L’Italien est 7e à la fin de cette saison. Surtout, il a passé un cap en Grand Chelem, avec sa première finale, à Wimbledon.
Matteo Berrettini est meilleur chaque année. Un peu plus puissant. Un peu plus précis. Cette année, il aura surtout gagné en maturité. Berrettini n’a pas atteint sa première finale de Grand Chelem, à Wimbledon, par hasard. Le n°7 mondial à l’ATP tient ses promesses : début 2019, il était encore 52e mondial. Ses deux dernières années, il a fait une percée dans le Top 10. Ce n’était pas un coup d’un match ou d’une année. Berrettini, désormais âgé de 25 ans, est bien à sa place. A la septième, le meilleur rang de sa carrière.
- Classement fin 2020 : 10
- Classement fin 2021 : 7
- Bilan de l’année : 41 victoires, 12 défaites
- Titres : 2
La meilleure performance de Berrettini : deux semaines de haut niveau à Wimbledon
Sa meilleure performance en Grand Chelem, une demi-finale à l’US Open 2019, cachait un peu des résultats mitigés en Majeur. A part cette demie, Berrettini n’avait jamais fait mieux qu’un huitième de finale. Il a passé un vrai cap cette année. D’abord, en atteignant les quarts de finales de Roland-Garros (défaite contre Djokovic), puis lors d’une quinzaine en or à Wimbledon, au cœur de l’été. Impassible, beaucoup moins lourd sur le gazon, il a éliminé coup sur coup, en quatre sets, Felix Auger-Aliassime et Hubert Hurkacz. A 25 ans, il a ensuite été l’un des trois à butter sur Novak Djokovic en finale d’un Grand Chelem cette saison.
Meilleur résultat en Grand Chelem : sa finale à Wimbledon
Comme beaucoup cette saison en Grand Chelem, Berrettini a remporté le premier set d’un match face à Djokovic. Comme beaucoup ensuite, il a perdu (6-7, 6-4, 6-4, 6-3). A Wimbledon, l’Italien avait pourtant l’appui du public du Centre Court. Mais dès la deuxième manche, Djokovic s’est envolé à 4-0. Sous les « Matteo ! », « Matteo ! » qui tombaient des tribunes, le numéro un mondial s’est enfermé dans une bulle qui n’a éclaté qu’au moment de son sacre, son vingtième, autant que Nadal et Federer.
Berrettini a eu l’occasion de revenir, à 3-2 dans le troisième set. Mais il a manqué ses deux balles de débreak. Djokovic, lui, a porté sa main derrière l’oreille : « je ne vous entends plus », sous les cris du public londonien. « Il est l’un des meilleurs de tous les temps, a reconnu Berrettini après sa défaite. Mais je sais que je peux gagner un Grand Chelem. »
Le meilleur moment de sa saison : sa saison sur herbe
Après une année vierge sur le circuit ATP en 2020 à cause du Covid (il avait quand même remporté le premier UTS), Berrettini a survolé la saison sur pelouse cette année. Le Romain possède le meilleur bilan du plateau sur cette surface, avec 11 victoires. Surtout, il a enchaîné une victoire au Queen’s contre Cameron Norrie (6-4, 6-7, 6-3), et cette première finale de Grand Chelem à Wimbledon.
Berrettini impressionne par sa capacité à faire avancer la balle sur cette surface. Il n’a pas perdu sa puissance non plus. L’Italien a frappé 101 aces et gagné 82 % des points derrière sa première balle. « Ce fut un mois sur gazon vraiment, vraiment exceptionnel », a-t-il expliqué. Il compte désormais deux titres sur cette surface, après son sacre à Stuttgart, en 2019.
Le « pire » moment de sa saison : son abandon, en larmes, au Masters de fin d’année, chez lui en Italie
Il avait prévu de conclure son année en beauté. Chez lui, en Italie, devant son public. Son Masters de fin d’année à Turin s’est pourtant arrêté dès le premier match, contre Alexander Zverev. Un petit set perdu au tie-break (7-6), une dernière mise en jeu dans la seconde manche, et Berrettini s’est effondré. Il est resté accroupi de longues secondes sur le court, une main sur ses yeux pour essayer de cacher ses larmes, sans succès, martyrisé par des douleurs abdominales qui l’ont fait abandonner. Le Masters de fin d’année s’est arrêté là pour lui. Sous une trombe d’applaudissements venue de « son » public. Zverev, lui, a passé le filet pour le réconforter.
« C’est le pire moment de ma vie sur un court de tennis »
Matteo Berrettini
« C’était l’une des atmosphères les plus incroyables que j’aie jamais vécues, a-t-il soufflé en conférence de presse. Ne pas pouvoir finir le match est quelque chose qui me tue intérieurement. C’est le pire jour de ma vie sur un court de tennis. »
Hors-court : Berrettini « toujours aussi discret »
Berrettini n’est pas grandiloquent. Ce n’est pas une nouveauté. L’Italien se place toujours aussi loin des petites phrases, des turbulences qui ont affecté le monde du tennis cette année, notamment sur la situation vaccinale et sanitaire. « Je suis toujours aussi discret », a-t-il expliqué à l’AFP. Avant d’avouer : « Je vous admets juste que je suis plus stressé quand ma petite-amie (Ajla Tomljanovic) joue, que lors de mes propres matchs. » « Avec Ajla, nous sommes deux personnes très calmes, a-t-il souligné. Nous aimons les chiens, et les films ! » Il n’en dira pas plus.
Son auto-évaluation : « Une année fantastique »
Interrogé après sa blessure au Masters de fin d’année, Berrettini a affirmé « être en phase de récupération », dans des propos rapportés par le Corriere dello Sport. L’Italien avait dû déclarer forfait pour la Coupe Davis, dernier tournoi de l’année.
« J’ai repris l’entraînement, a-t-il expliqué. Je vais disputer l’ATP Cup (1-9 janvier 2022), et je reprendrai ensuite à l’Open d’Australie. Je partirai en Australie après Noël. L’important est que j’aille bien. La fin d’année n’a pas été facile émotionnellement. Mais je suis toujours revenu plus fort après une blessure. Et j’en ai eue beaucoup. ».
« Mon année 2021 se termine avec de nombreux regrets. Mais avec le recul, je ne peux qu’être fier du chemin que j’ai fait »
Matteo Berrettini
“Ce fut une année fantastique, pleine d’émotions, de victoires, de défaites douloureuses et malheureusement de blessures”, a-t-il écrit sur Instagram, après son retrait du Masters de Turin. Cette année, il a également atteint la finale du Masters 1000 de Madrid, perdue contre Zverev. « Mon 2021 se termine avec de nombreux regrets, a-t-il conclu. Mais avec le recul, je ne peux qu’être fier du chemin que j’ai fait. »
L’avis de Tennis Majors
Metteo Berretini reste fidèle à lui-même. Un personnage discret, dans l’ombre de la Next-Gen, de Tsitsipas, Zverev ou Medvedev. « Ce n’est pas injuste, nous déclarait son entraîneur de toujours, Vincenzo Santopadre, à l’été 2020. Quand Matteo était jeune, personne ne le voyait devenir un grand joueur. » Son caractère n’a pas changé. Son niveau, lui, a bien évolué. Il sait gérer les moments décisifs, privilégier la frappe précise plutôt que celle puissante qui sort hors du court. Il aurait même pu remporter un Grand Chelem avant Medvedev, à Wimbledon.
Berrettini n’a d’ailleurs jamais fait mieux qu’en 2021. L’Italien est devenu un joueur réfléchi, précis, et toujours aussi puissant. Cela ne peut lui apporter que du bonheur en 2022.