Malgré ses doutes, Nadal expédie le jeune Blanch au premier tour à Madrid
L’Américain Darwin Blanch, 16 ans, n’a pas pu réellement opposer de résistance à Rafael Nadal au premier tour de Madrid (6-1, 6-0), malgré quelques rares aperçus de son potentiel.
Rafael Nadal n’est pas au top, mais il n’est pas si vulnérable que cela. L’Espagnol, qui dispute seulement son troisième tournoi de la saison 2024 au Masters 1000 de Madrid, n’a eu aucune difficulté à écarter l’Américain gaucher Darwin Blanch (6-1, 6-0 en 1h04) au premier tour devant le central bondé d’une Caja Magica prête à surgir avec un hommage de tous les diables quand l’heure sera venue.
Au prochain tour, le suspense durera assurément beaucoup plus longtemps puisque le niveau va monter de trois crans avec Alex De Minaur, tête de série n°10, qui a éliminé Nadal en deux sets à Barcelone la semaine dernière.
Blanch n’a pas été parfaitement ridicule, comme le score pourrait le laisser penser. Tel un parrain de la terre, Nadal l’a ouvertement applaudi avec son tamis les quatre fois où le jeune Américain a pu le mettre à quatre mètres de la balle. Celui que Ben Shelton a présenté comme une version de lui-même 2.0 a aussi eu le cran d’ouvrir son premier jeu de service par deux aces.
Oui mais voilà, le tennis est beaucoup plus qu’une affaire de service ou de service +1, surtout sur terre battue, surtout cotre Nadal, et Blanch n’avait tout simplement pas le bagage technique pour soutenir plus de deux ou trois frappes la comparaison avec une version légèrement dégradée d’un quatorzupe vainqueur de Roland-Garros et triple vainqueur de Madrid sur terre.
Trop de fautes directes pour Blanch, sans expérience à ce niveau
Blanch avait envie de jouer long pour ne pas s’exposer, mais il a souvent joué trop long. Blanch voulait faire courir Nadal pour tester les fameuses limites physiques que le Majorquin décrit depuis la reprise de la saison sur terre. Mais il a trop souvent trouvé le couloir ou le filet par excès de précipitation. Blanch n’avait par définition jamais eu à contrer le mythique poids de la balle de Rafa sur terre. Il l’a découvert et l’a payé de fautes directes devenues quasi innombrables au fil du match.
Quatre fautes directes pour offrir le premier jeu blanc à Nadal. Quatre autres pour offrir le premier break après avoir mené 30-0 sur le jeu suivant. Cinq autres dans le troisième jeu… Nadal n’eut finalement qu’à contrôler ce match. Il lui a suffi de ne pas trop s’exposer, sans nécessairement jouer trop vite ou long, pour faire prévaloir la marge considérable qu’il conserve contre un 10e mondial junior encore loin de disposer d’un physique de joueur pro, malgré ses promesses.
En pressant le pas après la poignée de main, comme pour refuser le mot sympathique que Nadal allait développer, Blanch a cependant montré qu’il s’était beaucoup déçu.
Une émotion palpable dans le public
Sur l’essentiel, Nadal est resté Nadal : malgré le score, malgré la marge, malgré les doutes sur son corps, il n’a pas fait le moindre début de cadeau à Blanch, jamais, appliquant ce que certains sportifs considèrent comme la marque extrême supérieure du respect à un adversaire dépassé : donner le maximum et faire payer l’addition au réel.
Sous apparences de formalité ou de match d’entraînement en public, ce Nadal – Blanch avait cependant quelque chose de spécial que nos oreilles ont bien perçu. La standing ovation à l’entrée sur le court de Nadal était de celle qu’on réserve aux derniers tours de piste. Et le silence de cathédrale qui a prévalu au début de chaque jeu de service était de ceux que l’on réserve aux vénérées idoles.
On n’a encore aucune idée de jusque où Nadal pourra aller à Madrid pour dissiper les doutes sur ses capacités à jouer Roland-Garros. Mais on sait très bien comment tout ça va se finir : par un torrent d’émotion pour le monde du sport espagnol et probablement Nadal lui-même.