Monfils est enfin arrivé au bout du tunnel
Gaël Monfils a mis fin à une série de sept défaites de rang et de 446 jours sans gagner sur le circuit ATP en battant Thiago Seyboth Wild au premier tour à Lyon mardi. Avec l’espoir que ce soit le début de la fin de son long chemin de croix.
Le soulagement est à la hauteur de l’attente. Elle aura duré 446 jours, pour être précis. Près de 15 mois après sa dernière victoire sur le circuit ATP, en quart de finale à Dubaï contre Richard Gasquet en février 2020, Gaël Monfils a goûté à nouveau au bonheur simple de gagner.
Le 14e joueur mondial a dominé mardi Thiago Seyboth Wild au premier tour du tournoi de Lyon (7-5, 6-4), pour mettre fin à une série de sept défaites de rang. C’est loin d’être le plus bel exploit de la carrière de “La Monf'”, qui affiche 10 titres ATP au palmarès et près de 500 victoires au compteur (celle de mardi est sa 494e). Et pourtant, ce succès a forcément une saveur particulière, pour un joueur qui a traversé tant de turbulences ces derniers mois.
Seyboth Wild, un piège dans lequel Monfils n’est pas tombé
Monfils a d’abord résisté en début de match. 122e mondial, Seyboth Wild est bien plus dangereux sur terre battue que son classement ne l’indique. Pour preuve, il avait remporté le tournoi de Santiago la saison passée, en battant Casper Ruud en finale.
Intouchable sur ses trois premiers jeux de service (100% de points gagnés), le Brésilien s’est aussi procuré les premières balles de break du match. Sans succès, Monfils en écartant deux à 2-1.
Mais une fois que le Parisien a trouvé la bonne cadence en retour, il a imposé une pression constante sur les mises en jeu de Seyboth Wild, lucky loser intégré au tableau principal suite au forfait de Lloyd Harris ce mardi matin. La tête de série numéro 5 a trouvé de la longueur de balle et a pris le contrôle des échanges, en s’installant dans le court pour distribuer le jeu. Après quatre premières occasions à 4-4, Monfils a fait le break au meilleur moment à 5-5, pour boucler le set dans la foulée.
Le Français, rasséréné par ce shoot de confiance, a entamé la deuxième manche sur la même lancée. Monfils a breaké d’entrée pour mener 2-0 et faire la course en tête. Rattrapé par une tension bien légitime après tant de mois de doutes, il a concédé deux balles de débreak à 3-2, puis trois autres à 5-4.
J’ai très bien joué dans les moments importants, de manière surprenante.
Gaël Monfils
Mais il a pu compter sur un service bien réglé (7 aces, 74% de première balle et 76% de points gagnés derrière la première) pour se tirer de chaque situation compliquée et conclure la rencontre en 1h42. Sans avoir concédé le moindre break de tout le match.
“J’ai très bien joué dans les moments importants, de manière surprenante, en frappant de supers coups”, s’est félicité Monfils dans la foulée de sa victoire, au micro de Tennis TV.
Monfils affrontera au prochain tour Yoshihito Nishioka, tombeur lundi d’Ugo Humbert (3-6, 6-3, 6-4). Le Japonais, 60e mondial, a remporté la seule confrontation entre les deux hommes, lors de la Coupe Davis 2019 (7-5, 6-2).
Mais Monfils a probablement fait le plus dur en décrochant ce succès tant attendu, à moins de deux semaines de Roland-Garros, le rendez-vous du Grand Chelem qu’il affectionne le plus. Il y a déjà disputé une demi-finale et quatre quarts de finale. Sa victoire de mardi contre Seyboth Wild n’en fait pas de suite un réel candidat à une place en deuxième semaine. Elle a néanmoins enlevé la chape de plomb qui pesait sur lui et que chacun pouvait mesurer.
Une défaite déjà encourageante contre Sonego à Rome
Parce que Monfils s’ouvre sur sa vie, professionnelle et personnelle, comme peu de sportifs de sa trempe. Le break dans sa relation avec Elina Svitolina, au milieu de sa série noire, s’ajoutait à ses difficultés à composer avec les stades vides et à retrouver le niveau qui était le sien avant la pandémie, quand il avait décroché deux titres (Montpellier et Rotterdam) et poussé Novak Djokovic dans ses derniers retranchements à Dubaï.
Le moral était au plus bas et Monfils avait fondu en larmes, en conférence de presse, dans la foulée de son élimination dès le premier tour de l’Open d’Australie, contre Emil Ruusuvuori (3-6, 6-4, 7-5, 3-6, 6-3).
“J’ai beaucoup perdu, et ça me fait mal parce que je taffe. Car le pire c’est que je taffe. Je m’entraîne, j’essaye de croire en ce que je fais à l’entraînement. Mais c’est dur. J’aimerais bien me relever et vous dire que ce cauchemar est fini, mais là je suis dedans. Je (me raccroche à) la phrase simple de ma mère : il faut continuer à s’entraîner et ça reviendra. C’est le seul truc.”
Son match à Rome la semaine passée contre Lorenzo Sonego, futur demi-finaliste du tournoi, avait déjà envoyé des signaux encourageants, malgré la défaite. Et voir Svitolina, avec qui il s’est récemment fiancé, l’encourageait de toutes ses forces dans les tribunes n’y était certainement pas étranger. Cette fois, le sourire semble être revenu pour de bon sur le visage de Monfils. Avec l’espoir de le garder jusqu’à Roland. Pour quitter ce tournoi du Grand Chelem sur autre chose que des sanglots.