L’émotion et le fatalisme de Gasquet : “La fin arrive, ce n’est peut-être pas si mal”

Après avoir perdu son dernier match au Rolex Paris Masters, ce mardi face à Zizou Bergs, Richard Gasquet, 38 ans, a reconnu qu’il n’était physiquement plus en mesure de rivaliser avec la jeunesse montante du circuit.

Richard Gasquet Cédric Pioline Gilles Moretton Rolex Paris Masters 2024 (1) © Federico Pestellini / Panoramic

Ceux qui aiment les symboles et les signes du destin ont dû apprécier cette journée du mardi au Rolex Paris Masters où tour à tour – et dans cet ordre -, Arthur Fils (20 ans) et Giovanni Mpetshi Perricard (21 ans) ont gagné leur premier match dans le tableau principal de Bercy, face à respectivement Marin Cilic et Frances Tiafoe, avant que Richard Gasquet (38 ans) ne perde pour sa part son tout dernier, contre le lucky loser belge Zizou Bergs. Trois hommes pour deux générations du tennis français, l’une montante et pétaradante de santé, l’autre finissante et de plus en plus dans le dur physiquement.

Pour cet Der sur la scène mythique de Bercy, laquelle s’effacera à son tour l’année prochaine pour laisser place à la “Paris La Défense Arena”, Gasquet, qui a récemment annoncé sa retraite pour Roland-Garros 2025, n’a jamais été en mesure d’enflammer le public, ni le match. Très vite, malgré quelques jolis (mais trop sporadiques) coups de patte de sa confection, il est apparu trop loin du compte. “La surface m’a semblé très rapide et il faut reconnaître que j’étais parfois dépassé”, a expliqué le Biterrois. “En plus, je n’ai pas très bien joué, j’étais un peu crispé. Savoir que c’est la dernière fois, ça fait quand même quelque chose.”

L’émotion, pour Richard, est surtout venue après. Lors de la cérémonie d’hommage organisée en son honneur sur le court – “ça fait bizarre aussi de prendre le micro devant le public, je n’étais pas prêt du tout !” – puis en conférence de presse, où il est apparu sous un jour à la fois drolatique et nostalgique. Et où il a convenu que le temps était certainement venu, pour lui, de tourner la page.

Juncheng Shang m’a fait remarquer qu’il avait exactement la moitié de mon âge. Quand un mec te dit ça, ça fait bizarre ! Dans les vestiaires, je manque un peu de repères.

Richard Gasquet

“Je finis la saison 130è mondial, ça veut dire quelque chose C’est pour cela que j’arrête, d’ailleurs”, a-t-il déclaré. “Les jeunes jouent très, très vite. Le tennis est de plus en plus physique. Aujourd’hui, cela m’a fait fait bizarre de me retrouver sur le court après Arthur et Giovanni, que j’ai connus tout petits. Quand j’ai joué mon premier Roland-Garros en 2002, je me souviens m’être échauffé avec Cédric Pioline et maintenant, c’est moi l’ancien. De temps en temps, je manque un peu de repères. Quand tu croises des mecs aussi jeunes dans les vestiaires, ça fait un petit truc. Tu te dis “merde”, quand même…”

Dans les vestiaires de Bercy, “Ritchie” a justement eu le “malheur” de croiser le jeune Chinois de 19 ans Juncheng Shang (battu au premier tour par Marcus Giron), qui l’a gentiment chambré sur leur différence d’âge. “Il m’a fait remarquer qu’il avait exactement la moitié de mon âge. Quand un mec te dit ça, ça fait bizarre ! Je ne dirais pas qu’il m’a mis une droite, mais j’ai mis cinq minutes à réaliser qu’il avait raison. Dans ces moments-là, tu te dis que la fin arrive, et que ce n’est peut-être pas si mal. Physiquement, par rapport à des mecs de 20, 21 ans, j’ai du mal à rivaliser. Mais c’est vrai que les fins de vie, en tout cas les fins de vie sportive, ce n’est jamais évident.”

Une fin dont il avait peut-être mésestimé le poids émotionnel – qui peut vraiment anticiper psychologiquement une telle déflagration ? – mais qu’il a malgré tout commencé à baliser, jusqu’au prochain Roland-Garros. “Je vais me préparer à fond et j’irai jouer les qualifications de l’Open d’Australie, ça c’est sûr”, a-t-il confirmé. “Ensuite, j’aimerais jouer une dernière fois à Montpellier, chez moi, et à Marseille. J’aimerais aussi pouvoir disputer les qualifications de Monte Carlo, plus quelques Challengers en France. Mais, surtout, Roland-Garros, où j’espère arriver en bonne forme…”

People in this post

Your comments

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *