Le nouveau chapitre de Miomir Kecmanovic : travail acharné, résilience et nouvelle perspective
Le Serbe a remporté l’Open de Delray Beach pour décrocher son deuxième titre sur le circuit à l’âge de 25 ans.
« Les gars, je continue jusqu’à Wimbledon, et si ça ne paie pas, je suis fini ! », plaisantait-il Miomir Kecmanovic avec la presse serbe lors de l’Open d’Australie, en faisant référence à son nouveau régime alimentaire et de remise en forme.
C’était l’un des principaux changements qu’il avait mis en œuvre pendant l’intersaison dans le but de réaliser son potentiel et de se rapprocher du Top 20. Trois mois plus tard, il remporte le deuxième titre de sa carrière à Delray Beach en battant Borna Gojo, Yoshihito Nishioka (par abandon), Marcos Giron, Alex Michelsen et Alejandro Davidovich Fokina.
À la fin de la saison 2024, Kecmanovic a fait appel à un nouvel entraîneur – Viktor Troicki, capitaine de la Coupe Davis de la Serbie et ancien entraîneur de son compatriote Hamad Medjedovic. Selon des proches de Kecmanovic, Troicki et lui ont tout de suite sympathisé, en partie parce qu’ils se connaissaient depuis des années.
Les bases de sa transformation ont été posées à Dubaï, où l’expérimenté préparateur physique Vlade Kaplarevic s’est à nouveau chargé de sa condition physique. La condition physique a été un défi récurrent pour Kecmanovic, mais cette fois, il s’est pleinement engagé dans le processus.
« Il a fait absolument tout ce que nous avions prévu de faire, il a été extrêmement dévoué » a expliqué Troicki en janvier. Ceux qui suivent Kecmanovic de près ont immédiatement remarqué l’amélioration de son physique, mais il y a eu un autre changement significatif : un mouvement de service revu et corrigé.
« Je n’aimais pas du tout son mouvement précédent. Il penchait la tête en arrière et manquait d’une chaîne cinétique fluide, ce qui signifiait qu’il n’optimisait pas le potentiel de son service », a admis Troicki, qui a détaillé les ajustements. « Maintenant, avant de servir, il ramène une jambe vers l’autre, et son lancer de balle et son corps sont plus orientés vers l’intérieur, comme le font les grands serveurs. »
C’est encore un travail en cours, mais deux mois après le début de la saison, les changements ont déjà porté leurs fruits. Kecmanovic a augmenté sa vitesse au premier service et utilise les angles avec plus de précision.
Redécouvrir l’agressivité
L’approche de Kecmanovic dans les rallyes est un autre élément clé. Il est à son meilleur lorsqu’il joue avec intention en restant près de la ligne de fond et en dictant le jeu depuis l’intérieur du court. Il a particulièrement bien démontré cet état d’esprit agressif en 2022 sous la direction de David Nalbandian, lorsqu’il a atteint deux quarts de finale consécutifs à Indian Wells et Miami, poussant Carlos Alcaraz au bord du gouffre dans une défaite palpitante 6-7(5), 6-3, 7-6(5).
Kecmanovic atteint son meilleur classement en carrière, à savoir la 27e place, en janvier 2023, mais peine à maintenir son jeu agressif. Trop souvent, il a opté pour un style passif, se contentant de garder la balle en jeu, une stratégie qui rendait les matches inutilement difficiles.
« Oui, lorsqu’il s’installe, on a l’impression qu’il se contente d’être là où il est et qu’il commence à jouer la sécurité », a observé Troicki.
« Malheureusement, cela ne suffit pas. Contre les meilleurs joueurs du monde, il faut leur enlever leurs armes et les achever. Je suis convaincu que Misha (le surnom de Kecmanovic) peut le faire. Son retour, par exemple, est exceptionnel – l’un des meilleurs du circuit. »
Signes de progrès
La saison de Kecmanović a commencé par une défaite au premier tour contre le futur lauréat Alexandre Muller à Hong Kong. À Adélaïde, il a battu Alexander Bublik, Christopher O’Connell et Benjamin Bonzi avant de s’incliner dans une demi-finale de grande qualité contre Sebastian Korda, 6-3, 7-6(4). Malgré cette défaite, l’optimisme a grandi au sein de son équipe.
À l’Open d’Australie, il a commencé fort en battant Dušan Lajović avant de réaliser un quasi sans-faute face à Hubert Hurkacz, 18e tête de série, en s’imposant 6-4, 6-4, 6-2. Au troisième tour, il a mis Holger Rune dans les cordes, menant deux sets à un et 4-2, 30-0 dans le quatrième. Mais le Danois a monté une improbable remontée, laissant Kecmanovic dévasté.
« À un moment donné, il a fait un semi-tanking, il a commencé à frapper en désespoir de cause, et tout est rentré », a déclaré un Kecmanovic ému aux médias serbes, dix minutes après le match.
j’ai l’impression que ma boite à outils est plus complète
On pouvait craindre que la déception ne le pousse à reprendre ses mauvaises habitudes alimentaires, mais au lieu de cela, il a redoublé d’efforts. Après tout, il y avait beaucoup de points positifs à retenir de sa campagne australienne.
« Une chose est sûre, j’ai plus confiance en moi. Les choses sur lesquelles nous avons travaillé sont vraiment en train de s’enclencher pour moi, » s’est félicité le principal intéressé.
« J’ai l’impression que ma boîte à outils est plus complète. Si quelque chose ne fonctionne pas, j’ai un plan de secours. Par le passé, il m’arrivait de ne pas savoir quoi faire lorsque le plan A ne fonctionnait pas. »
En Coupe Davis, Kecmanovic n’était pas au mieux de sa forme, il a battu Elmer Møller mais a perdu de manière convaincante contre Rune. À Dallas, il a joué un excellent match contre Denis Shapovalov au premier tour mais s’est incliné en trois sets. Shapovalov a remporté le titre quelques jours plus tard.
La clé du succès : la régularité
L’un des principaux messages de Troicki à Kecmanovic a été l’importance de la régularité, non seulement en match, mais dans tous les aspects de sa carrière.
« Il doit continuer à croire en son travail et rester constant – pas pour un mois, pas pour six mois, mais pour le reste de sa carrière. C’est la clé du succès – ne pas se relâcher juste parce que les choses vont bien », a souligné Troicki.
« S’il garde cette faim et cet état d’esprit, il peut battre n’importe qui. Je ne travaillerais pas avec lui si je ne pensais pas qu’il pouvait être encore meilleur que lorsqu’il a atteint le meilleur classement de sa carrière. »
Témoignant de sa résilience et de l’amélioration de sa condition physique, Kecmanović s’est battu après avoir été mené 2-5, sauvant deux balles de match pour dominer Davidovich Fokina lors de la finale de Delray Beach. Quelques heures plus tard, il remportait également le titre en double. Les prochains rendez-vous de Kecmanovic sont l’Open du Mexique à Acapulco et le Sunshine Double (Indian Wells et Miami).
« Nous avons eu quelques conversations avant qu’il n’aille aux Etats-Unis, principalement à propos de son approche et de son attitude. L’année dernière, il a perdu le fil après la défaite en Coupe Davis contre la Slovaquie et il lui a fallu beaucoup de temps pour retrouver son rythme. Je lui ai dit qu’il jouait bien et que les résultats viendraient, qu’il devait continuer à y croire. La prochaine étape est de continuer à être fort et que Miomir progresse encore », a expliqué Troicki
Depuis lundi, Kecmanovic est classé 42e, mais ce n’est qu’un début. Le jeune homme de 25 ans, originaire de Belgrade, semble plus déterminé que jamais à s’engager sur la voie qui s’ouvre à lui. Voyons où cela le mènera.