10 mars 1991: Le jour où Jim Courier a remporté Indian Wells, première étape de son ascension vers la première place mondiale
Aujourd’hui, Tennis Majors retourne en 1991 pour voir comment Jim Courier est venu à bout du Français Guy Forget à l’issue d’une finale en cinq sets haletante pour s’adjuger le titre à Indian Wells, quelques mois avant son premier triomphe à Roland-Garros.
Ce qui s’est passé ce jour-là et pourquoi c’est historique : Courier glane le deuxième titre de sa carrière
Ce jour-là, le 10 mars 1991, Jim Courier, 20 ans, alors 26e mondial, remporte son deuxième titre, le plus important de sa jeune carrière, en battant Guy Forget en finale d’Indian Wells (4-6, 6-3, 4-6, 6-3, 7-6). Mené deux sets à un et un break, l’Américain démontre l’impressionnante combativité qui lui permettra de remporter quatre titres du Grand Chelem au cours des deux années suivantes et d’être numéro un mondial 58 semaines durant.
Les acteurs : Jim Courier et Guy Forget
- Jim Courier, une force de travail impressionnante
Né en 1970, Jim Courier est l’un des nombreux joueurs formés à l’académie de Nick Bollettieri dans les années 1980. Il a développé un jeu atypique, avec des prises fermées et des préparations courtes semblables à celles d’un joueur de base-ball, dont il porte d’ailleurs toujours la casquette. S’appuyant principalement sur son service et son coup droit de décalage, il est connu pour son ardeur au travail, son engagement et sa forme physique. Il fait partie d’un « big four » de jeunes américains faisant forte impression sur le circuit. . Cependant, à la fin de l’année 1990, Courier est distancé par ses rivaux : Michael Chang et Pete Sampras ont déjà remporté des tournois du Grand Chelem, tandis qu’Andre Agassi a gagné le Masters et est une véritable superstar. De son côté, Courier n’a remporté qu’un seul titre, à Bâle, en 1989 (en battant Stefan Edberg en finale, 7-6, 3-6, 2-6, 6-0, 7-5), et il n’a encore jamais dépassé les huitièmes de finale d’un tournoi majeur. En mars 1991, il est numéro 26 mondial.
- Guy Forget, adepte du service-volée
Guy Forget est né en 1965 à Casablanca. Le gaucher français, adepte du service-volée, gagne le tournoi junior de Roland-Garros en 1982, l’année où il devient professionnel. Jusqu’à la fin de l’année 1990, il est un bon joueur du top 50, mais il obtient surtout de bons résultats en double, où il se classe 3e mondial en 1986, l’année où, associé à Yannick Noah, il dispute la finale de Roland-Garros. En 1990, faisaint équipe avec Jakob Hlasek, il remporte même le Masters. En simple, sa carrière décolle en septembre 1990, lorsqu’il remporte son troisième titre, de loin le plus important, à Bordeaux, aux dépens de Goran Ivanisevic (6-4, 6-3). En 1991, il change complètement de dimension : après avoir remporté le tournoi de Sydney (en battant Michael Stich en finale, 6-3, 6-4), il atteint les quarts de finale de l’Open d’Australie (éliminé par le futur vainqueur de l’épreuve, Boris Becker, 6-2, 7-6, 6-3), avant de remporter un autre tournoi à Bruxelles. Finaliste à Stuttgart, il arrive à Indian Wells avec un bilan de 17 victoires pour 2 défaites depuis le début de l’année, et occupe désormais la 5e place du classement ATP.
Le lieu : Indian Wells (États-Unis)
L’histoire du tournoi de tennis d’Indian Wells a commencé en 1987, lorsque le tournoi de La Quinta, sous l’impulsion de Charlie Pasarell, est devenu si important qu’il a dû déménager dans des locaux plus grands, sans quitter la Californie : l’Indian Wells Tennis Garden. Le tournoi était déjà prestigieux à La Quinta, mais en s’installant à Indian Wells, il intègre le circuit du Grand Prix et la finale de sa première édition, connue sous le nom de Pilot Pen Classic, a vu Boris Becker dominer son rival, Stefan Ebderg (6-4, 6-4, 7-5).
L’histoire : Courier renverse Forget et écrit son histoire
En mars 1991, Guy Forget, numéro 5 mondial, est probablement l’un des joueurs les plus redoutables du circuit. Vainqueur de deux tournois depuis le début de l’année, il n’a subi que deux défaites et à Indian Wells, il est en pleine confiance : le gaucher français se hisse en finale sans perdre un seul set, pas même contre Stefan Edberg, qu’il élimine 6-4, 6-4 en demi-finale.
De l’autre côté du filet, le public est presque surpris de retrouver Jim Courier, un jeune homme de 20 ans originaire de Floride qui ne compte qu’un seul titre à son palmarès. Mais depuis qu’il a engagé un nouvel entraîneur, José Higueras, à la fin de l’année 1990, l’Américain est un nouveau joueur. En Californie, pour parvenir en finale, Courier a battu deux joueurs du top 10 : Andre Agassi, numéro 4 mondial, en huitième de finale (2-6, 6-3, 6-4), et Emilio Sanchez, numéro 8 mondial, en quart de finale (6-2, 6-2).
Au début, malgré la détermination de Courier, Forget semble prendre les commandes du match. Bien qu’il ait arraché la deuxième manche, l’Américain se trouve mené deux manches à une et 3-1 dans la quatrième manche. Dans cette situation désespérée, il fait preuve de la grande résilience et de la combativité hors-normes qui allaient devenir sa marque de fabrique pour renverser la vapeur. Courier aligne cinq jeux consécutifs pour emmener son adversaire au cinquième set. La confiance a désormais changé de camp, le 26e jouur mondial ne perdant que trois points sur son service avant que l’on arrive au tie-break final. Là, alors que Forget perd sa concentration suit à une erreur d’arbitrage, Courier s’impose sans trembler, 7-4, pour remporter le deuxième titre de sa carrière, de loin le plus important (4-6, 6-3, 4-6, 6-3, 7-6).
“Les gens me disent que c’était un grand match”, déclare Forget, selon le L.A Times. “Je ne pense pas que c’était un grand match. Si j’avais fait un grand match, j’aurais gagné. Lorsque je mène deux sets à un et break, quand je sers bien, je gagne environ huit fois sur dix. »
Courier, qui avait fait l’éloge de son nouvel entraîneur dans une interview au New York Times avant la finale : “Jose m’a aidé à voir le jeu différemment. Il m’a un peu calmé.” – est heureux de la façon dont il est revenu dans le quatrième set.
“J’étais juste en train de réfléchir un peu”, explique-t-il. “J’essayais de revenir dans le match intelligemment, en non en frappant de plus en plus fort.”
Le monde du tennis l’ignore encore, mais une nouvelle ère vient de commencer.
La postérité du moment : Courier numéro un mondial en février 1992
Quelques semaines après son succès à Indian Wells, Jim Courier triomphera également à Key Biscayne – qui deviendra plus tard le Masters 1000 de Miami – devenant ainsi le premier joueur à réaliser l’exploit connu sous le nom de “Sunshine Double”. Moins de douze mois plus tard, en février 1992, après avoir triomphé à Roland-Garros et à l’Open d’Australie, Courier deviendra No 1 mondial, une place qu’il conservera pendant 58 semaines. Accumulant quatre titres majeurs en deux ans, il deviendra, en 1993, le plus jeune joueur à avoir atteint la finale de tous les Grands Chelems. La carrière de Courier déclinera après sa défaite en finale de Roland-Garros en 1993 (battu par Sergi Bruguera, 6-4, 2-6, 6-2, 3-6, 6-3), suivie d’une autre finale de Grand Chelem perdue contre Pete Sampras à Wimbledon (7-6, 7-6, 3-6, 6-3). Au cours des cinq dernières années de sa carrière, il ne remportera que cinq de ses vingt-trois titres. En 2000, son retombé au 67e rang, sa motivation étant au plus bas, il prendra sa retraite du circuit.
L’année 1991 restera la plus grande saison de Guy Forget. Le Français remportera les deux titres les plus importants de sa carrière, à Cincinnati et à Paris-Bercy, en battant à chaque fois Pete Sampras en finale, mais sa saison culminera en décembre, lorsqu’il battra une nouvelle fois Sampras pour offrir à la France son premier titre de Coupe Davis depuis 59 ans.