La PTPA de Djokovic et Pospisil accuse l’ATP d’un plan secret à 30 ans dans le dos des joueurs
Trois jours après avoir fait savoir qu’elle était opérationnelle, l’association de défense des joueurs de Novak Djokovic et Vasek Pospisil s’en prend aux projets en cours de l’ATP et regrette un manque de transparence.
La guérilla de communiqués se poursuit entre la PTPA et l’ATP mais celle-ci s’engage désormais sur le fond des dossiers. Jeudi, trois jours après avoir annoncé s’être structurée, l’association des défense des intérêts des joueurs créée par Novak Djokovic et Vasek Pospisil (la Professional Tennis Players Association) a lancé deux communiqués reliés par le hashtag #DelayTheVote (« reportez le vote »).
Dans ses prises de paroles, signées « l’équipe de la PTPA », l’association affirme que l’ATP s’apprête à faire valider un plan de développement à trente ans qui affectera de façon décisive la capacité des joueurs à être propriétaires de leurs données et de l’usage qui peut être fait sur leurs attributs de personnalité, au bénéfice exclusif des Masters 1000 et de la structure ATP Média, qui administre les droits de diffusion du Tour. Novak Djokovic a lui-même réalisé son propre communiqué, au ton plus constructif, mais dans lequel il indique que ce vote doit avoir lieu la semaine prochaine.
Le conseil d’administration est en train de précipiter un vote visant à faire entrer en vigueur un plan à trente ans avec les Masters 1000 confiant aux tournois un nombre croissant de droits, y compris les données des joueurs, sous l’égide d’ATP Media.
Un communique de la PTPA
« Le conseil d’administration (ATP Tour Board of Directors, ndlr) est en train de précipiter un vote visant à faire entrer en vigueur un plan à trente ans avec les Masters 1000 confiant aux tournois un nombre croissant de droits, y compris les données des joueurs, sous l’égide d’ATP Media. »
Les chiffres de l’ATP renversés par la PTPA
Rappelant aussi que CVC Capital Partners serait, selon une information de presse, prêt à entrer dans le capital de l’ATP dans la perspective d’une fusion avec la WTA, la PTPA interroge : « Quel impact sur les joueurs ? Personne ne le sait en dehors de l’ATP, qui ne laisse filtrer aucun détail. L’ATP négocie des contrats dans ses arrières-cuisines (“backroom deal“), en secret, à son propre avantage. »
Dans son communiqué, la PTPA renverse à son profit quelques chiffres-clefs du plan de développement de l’ATP réalisé en 2020, Building our Future – Strategic Plan. Ce plan, jamais rendu public, a pu être consulté par Tennis Majors. Il rappelle que le tennis est le quatrième sport le plus populaire du monde mais qu’il représente 1,3% des droits télé du sport.
La PTPA rappelle aussi que le cœur de son combat est de rapprocher le tennis des autres sports majeurs en termes de redistribution des revenus. « En 2019, le tennis a généré 2,2 milliards de dollars de revenus, les joueurs n’en ont reçu que 17,5%. » Le communiqué indique que le soccer, le football américain, la NBA, le baseball ou la NHL ont des chiffres compris entre 47% et 50%.
“L’ATP ne veut pas répondre aux questions de la PTPA”
« La réalité, c’est que l’ATP ne veut pas répondre aux questions de la PTPA sur cet accord à trente ans. Savez-vous que ce plan, est susceptible d’endommager la capacité des joueurs à construire leur propre marque ? Accélérer un vote sur un sujet si structurant (« important and lasting ») n’est pas une nécessité et c’est déloyal vis-à-vis des joueurs. »
« Le plan de l’ATP est clair sur les perspectives d’enrichissement des tournois mais trop peu d’information est disponible sur les conséquences sur les joueurs et leurs outils pour protéger leur nom, leur image et ce qui s’y rattache. »
La PTPA demande « une vraie part dans les discussions » (« a true seat at the table »). Cette formule est une façon de nier la réalité du fonctionnement de l’ATP Tour actuellement, basée sur un partage des responsabilités entre les tournois et les joueurs.
Tennis Majors a sollicité une réaction et des précisions de l’ATP, qui n’a pas encore été en mesure de répondre à cette demande.