Jannik Sinner en 2021 : toujours plus de titres, toujours plus de promesses
Vainqueur de quatre titres, qualifié pour sa première finale en Masters 1000, Jannik Sinner a réalisé une formidable saison qui lui a permis de casser la barre du top 10 à 20 ans. L’Italien progresse à toute vitesse et son avenir s’annonce brillant.
En 2021, Jannik Sinner a confirmé son énorme potentiel. L’Italien a remporté quatre tournois dont un premier ATP 500 à Washington en plus de Melbourne 1, Sofia où il a conservé son titre, et Anvers. Il a aussi disputé sa première finale de Masters 1000 à Miami et s’est illustré en fin d’année en remportant le premier match de sa carrière au Masters en tant que remplaçant.
Son efficacité sur dur (39 victoires et 14 défaites) fait de lui le quatrième meilleur joueur de l’année sur cette surface, derrière Djokovic, Medvedev et Zverev. Malgré un zéro pointé sur gazon, Sinner a réalisé une fin de saison éblouissante en indoor qui lui permet de terminer dans le top 10 l’année de ses 20 ans.
Sinner, dixième mondial en fin de saison, confirme sa percée vers le très haut niveau mais, à l’entendre, cela ne va pas finalement assez vite. En Grand Chelem notamment, il manque de résultat-référence.
- Le classement de Sinner fin 2020 : 37
- Le classement de Sinner fin 2021 : 10
- Le bilan de l’année de Sinner : 49 – 22
- Titres : 4 (sur 5 en carrière)
La meilleure performance de Sinner : Une victoire au Masters en tant que remplaçant
Jannik Sinner a bataillé en fin de saison pour la dernière place qualificative au Masters. Finalement, c’est Hubert Hurkacz qui a validé billet pour Turin grâce à sa victoire en quarts de finale du Rolex Paris Masters.
L’Italien s’est donc rendu au tournoi des maîtres en tant que remplaçant. Le forfait de Matteo Berrettini, blessé aux abdominaux lors de son premier match contre Alexander Zverev a changé la donne. Quelques heures avant le deuxième match de poules, l’Italien a appris qu’il remplaçait son compatriote contre Hubert Hurkacz.
A 20 ans, il est devenu le plus jeune joueur à participer au Masters depuis Juan Martin Del Potro en 2008. Mais le natif du Sud-Tyrol ne s’est pas contenté de faire de la figuration. Devant un public italien bouillant, il a obtenu sa revanche face au Polonais qui l’avait privé d’un premier titre en Masters 1000 à Miami en avril. Il est ainsi devenu le plus jeune joueur à remporter son premier match au Masters depuis Lleyton Hewitt en 2000.
Il était proche de l’exploit lors du match suivant contre Daniil Medvedev. Malgré deux balles de match dans la raquette, il n’a pas réussi à transformer l’essai et à dominer le premier top 5 de sa carrière.
Le meilleur résultat de Sinner en Grand Chelem : Deux huitièmes de finale à Roland-Garros et à l’US Open
En 2020, Jannik Sinner avait créé la surprise se hissant en quart de finale de Roland-Garros. Il n’a pas réussi à égaler cette performance en Grand Chelem cette année.
Sur la terre battue parisienne, il a décroché la première victoire de sa carrière dans un match en cinq sets contre Pierre-Hugues Herbert après deux échecs face à Karen Khachanov au premier tour de l’US Open 2020 et contre Denis Shapovalov au même stade à l’Open d’Australie cette année. Il a même sauvé une balle de match face au français au premier tour.
Comme l’an dernier, c’est Rafael Nadal qui l’a stoppé en huitième de finale. Mais, alors qu’il avait été le seul joueur à bousculer le roi de la terre battue sur son chemin vers un 20e titre en Grand Chelem, le rouquin ne s’est pas montré aussi dangereux lors de cette édition. Rattrapé par la pression au moment où il servait pour le gain du premier set à 5-4, il a complètement coulé ensuite (7-5, 6-3, 6-0).
Ne pas avoir opposé plus de résistance à Nadal qu’en 2020 l’a cependant profondément touché. Sinner est entend atteindre le niveau des plus grands le plus vite possible.
Pour sa troisième participation à l’US Open à seulement 20 ans, Sinner s’est offert un match de gala face à Gaël Monfils et sa deuxième victoire de la saison en cinq sets. Il est maintenant à deux matchs remportés sur quatre dans cet exercice.
En résistant au retour de l’imprévisible Français qui était mené deux sets à zéro et bénéficiait du soutien du public du Court Louis-Armstrong, Sinner a fait preuve d’un sang-froid impressionnant. Malgré un duel accroché avec Alexander Zverev au tour suivant, il s’est incliné 6-4, 6-4, 7-6(7).
Le meilleur moment de sa saison : sa finale à Miami et sa série d’invincibilité en indoor
A Miami, pour sa première apparition en Masters 1000 sans invitation (wild-cards à Rome en 2019 et 2020), Sinner s’est frayé un chemin jusqu’en finale. Professionnel dans toutes ses routines, le natif du Sud-Tyrol qui a grandi sur les pistes de ski a résisté à la chaleur et à l’humidité étouffante de Floride.
Sa défaite en finale contre son ami Hubert Hurkacz au terme d’un match très disputé (7-6[4], 6-4) était sans-doute la première d’une longue série. Karen Khachanov, Alexander Bublik et Roberto Bautista Agut, éliminés sur sa route, se sont aperçus de la qualité de balle du jeune homme. « Tu n’es pas humain mec ! », lui a glissé le Kazakh au filet après sa défaite en quart de finale. « Tu as 15 ans et tu joues comme ça ? Bravo ! »
Parmi les meilleurs moments de sa saison, il faut ajouter sa série de 11 matchs consécutifs remportés en indoor sans perdre un set. Sinner a réussi à conserver son titre à Sofia, avant de s’imposer à Anvers et d’atteindre le dernier carré à Vienne, stoppé par un Frances Tiafoe des grands jours (3-6, 7-5, 6-2).
Notons également sa performance avec l’équipe nationale italienne à l’occasion de sa première sélection en Coupe Davis. Malgré la défaite en quarts de finale contre la Croatie, le numéro 1 “azzurro” a assuré en remportant ses trois matchs (John Isner, Daniel Elahi Galan, Marin Cilic).
Le “pire” moment de la saison de Sinner : Le bref passage sur gazon
Après Roland-Garros, le passage de la terre battue au gazon anglais n’a pas été un succès. Au premier tour du Queen’s, Sinner est tombé de haut face au 309e joueur mondial Jack Draper, (7-6[6], 7-6[2]), puis pour son premier match en carrière à Wimbledon, il a encaissé une défaite en quatre sets contre Marton Fuscovics. Le prodige italien n’a pas encore apprivoisé le gazon où il n’a pas remporté le moindre match dans sa carrière, en seulement trois matchs.
En retrouvant la surface dure, il a eu besoin d’un autre tournoi pour retrouver ses repères. A Atlanta, il a enregistré une troisième défaite de rang en tombant dès son entrée en lice face à l’Australien Christopher O’Connell, 132e mondial.
Sinner : Un prodige chouchouté par les marques… qui a sa propre marque
La liste de sponsors qui l’accompagnent s’allonge. Après Rolex, Alfa Romeo, Lavazza, Parmiggiano Reggiano, ou encore Gucci, c’est la banque italienne Intesa San Paolo qui a signé un contrat avec le plus jeune pensionnaire du top 30. La marque Sinner est née. En avril, il a même présenté son logo, un J et un S entremêlés.
« What’s kept you moving », littéralement « Qu’est-ce qui t’a fait bouger » en français, est une série d’interviews menées par Sinner de personnalités ou de jeunes sportifs prometteurs postées sur ses réseaux sociaux. Dans le rôle de l’interviewer, le membre de la Génération Z les interroge sur les ressources qu’ils ont trouvées pour affronter la période de la pandémie.
« J’ai parlé à un échantillon de personnes de différents environnements, avec l’idée de donner du courage, de la joie et du soutien aux gens qui souffrent pendant cette période difficile », a-t-il écrit sur son compte Instagram en guise de présentation du projet.
A la fin de la saison, Sinner s’est ressourcé en skiant chez lui dans les Dolomites à proximité de la frontière autrichienne. Le ski était le premier sport de l’Italien qui a grandi dans la montagne, avant qu’il ne décide de se consacrer entièrement au tennis à l’âge de 13 ans.
Sinner par Sinner : « Une excellente année »
« C’était une excellente année c’est sûr, a-t-il déclaré à atptour.com à la fin de son parcours au Masters. Il y a eu beaucoup de moments forts et jouer ici en particulier, c’était une sensation incroyable. J’ai grandi en tant que joueur , mais aussi en tant que personne, ce qui est très important pour moi. »
« Je pense que j’ai commencé l’année 37e et je termine 10e, c’est génial. Pour moi c’est un grand plaisir d’être l’un de ces joueurs incroyables. »
10e, c’est génial, pour moi c’est un grand plaisir d’être l’un de ces joueurs incroyables.
Jannik Sinner
« D’un autre côté je sais ce que je dois améliorer, mon équipe le sait aussi, donc ça va être intéressant l’année prochaine. Donc je ne veux pas me précipiter, c’est pour moi l’objectif principal. J’ai 20 ans, j’en aurai 21 l’année prochaine, j’ai encore beaucoup d’années devant moi pour jouer sur le circuit. »
L’avis de Tennis Majors : Une progression fulgurante
Jannik Sinner est un phénomène de précocité. En 2019, il remportait le Masters Next Gen alors qu’il n’était même pas un joueur régulier sur le Tour. Il est toujours qualifiable pour ce tournoi réservé aux moins de 21ans, mais l’Italien a décliné l’invitation pour viser plus haut et s’inviter au tournoi des maîtres à Turin comme remplaçant.
Ses temps de passage sont comparables aux grands champions, et il dispose de champs de progression intéressants. Sa maturité, sa passion pour le tennis et l’expertise de son équipe de l’académie de Riccardo Piatti lui permettront de s’étoffer encore la saison prochaine.
Déjà parmi le top 5 sur dur, il devra poursuivre ses efforts sur terre battue et appréhender la spécificité du jeu sur gazon qu’il connaît très peu. Plus jeune joueur à boucler l’année dans le top 10 depuis Juan Martin Del Potro en 2008, Sinner est solidement installé dans l’élite et on le voit mal s’arrêter en si bon chemin.